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Dissertation sur Manon Lescaut

Publié le 23/02/2024

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« Manon Lescaut, Abbé Prévost Exemple de dissertation Sujet : La marginalité du roman Manon Lescaut et de ses personnages permettent-ils le plaisir romanesque ? Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur Manon Lescaut, sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé, et sur votre culture personnelle. « Ce qu’il y a de fort dans Manon Lescaut, c’est le souffle sentimental, la naïveté de la passion qui rend les deux héros si vrais si sympathiques, si honorables, quoiqu’ils soient fripons ? C’est un grand cri du cœur, ce livre ; la composition en est fort habile ; quel ton d’excellente compagnie ! » écrit Gustave Flaubert plus d’un siècle après la parution de l'œuvre éponyme.

En effet, dépeignant l’histoire tragique de deux jeunes amants, le roman de l’abbé Prévost touche le lecteur par les émotions et les leçons que lui inspire Manon Lescaut.

Il s’agira donc d’étudier en quoi les personnages et l'œuvre de Manon Lescaut révèlent un roman du XVIIIe siècle entre marginalité et plaisirs ? Après avoir étudié les personnages marginaux de ce roman en marge, nous nous intéresserons aux plaisirs comme moteur du plaisir romanesque, pour enfin montrer en quoi ce roman du XVIIIe siècle se situe entre héritage et modernité. Ce roman en marge met en scène des personnages marginaux.

Premièrement, Manon Lescaut est un roman mélangeant les genres et les tonalités.

Tout d’abord, la chute des personnages s’inspire de la tragédie classique.

Aussi, toujours dans un registre classique, le lyrisme est omniprésent : « Son esprit, son cœur, sa douceur et sa beauté formaient une chaîne si forte et si charmante, que j’aurais mis tout mon bonheur à n’en sortir jamais.

» Manon Lescaut expose les sentiments de ses personnages, confrontés successivement au bonheur puis au désespoir. Inspiré également du siècle précédent et de ses moralistes, la morale a de l’importance.

Après Pascal, Montaigne, La Rochefoucauld, ou encore La Bruyère, l’abbé Prévost perpétue la tradition « d’instruire » son lecteur par un enseignement moral. Ensuite, la « vie obscure et vagabonde » choisie par des Grieux fait de ce livre un véritable roman d’aventures.

D’ailleurs, le héros de l’histoire est avant tout un noble chevalier destiné à rejoindre l’ordre de Malte.

Mais le récit de ses aventures est lui-même 1 imbriqué dans une autre intrigue, puisqu’il s’agit d’un roman-mémoires, dont le personnage principal est auditeur principal de l’histoire du chevalier : le marquis de Renoncour.

Moins classique, l’histoire du couple se présente dans un récit enchâssé, produisant un entremêlement des intrigues dans une esthétique baroque inspirée du XVIIe siècle. Enfin, l’analyse des comportements fait de Manon Lescaut un roman psychologique. Des Grieux s’interroge lui-même sur ses passions et, plus généralement, sur le fonctionnement humain : « que les résolutions humaines soient sujettes à changer, c'est ce qui ne m'a jamais causé d'étonnement ; une passion les fait naître, une autre passion peut les détruire.

» Le chevalier est aveuglé par sa passion, mais il en est conscient.

Il est capable d’être sous l’emprise d’une force qui lui échappe, tout en étant capable d’analyser son propre comportement.

« Il [le lecteur] verra dans la conduite de M.

des Grieux un exemple terrible de la force des passions » écrit l’abbé.

Les personnages sont des exemples montrant les ravages que peuvent causer les passions sur la psyché humaine, et, plus largement, sur la vie (rappelons la mort de Manon à la fin de l'œuvre). Le roman semble inspiré de la vie de l’auteur, faite de rebondissements.

Les paradoxes de l’âme humaine sont à l’image de la vie à la fois aventurière et religieuse de l’abbé Prévost.

Concernant le thème central - la passion - l’écriture coïncide avec l’histoire amoureuse entre l’abbé et l’aventurière Hélène Eckhard.

Son propre spectacle d’homme passionné lui a sans doute donné matière à exploiter littérairement.

Ainsi, c’est peut-être son exemple qui inspira la figure du chevalier des Grieux à l’auteur. En outre, l'œuvre s’est vue censurée puis rééditée dans une version allégée.

La censure montre bien la distance que le public entretenait avec les thèmes traités… Distance qui ne fait que mettre en lumière les dysfonctionnements de l’époque, puisque c’est souvent ce qui dérange qu’il est difficile de voir.

L’abbé peint une société fidèle à son époque et c’est bien le problème, la dénonciation entraînant la censure.

En ce sens, le roman est marginal puisqu’il exprime quelque chose qu’il n’a pas le droit de montrer. Autre particularité : les noms de l'auteur (l’abbé Antoine François Prévost d'Exiles) et de l'œuvre (L'Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut) ont été réduits en deux mots (L’Abbé Prévost et Manon Lescaut).

Visuellement, il ne reste plus que ce couple composé d’une femme et d’un homme, du personnage principal et de son auteur. 2 Les personnages principaux de l'œuvre sont extraordinaires dans le sens hors de l’ordinaire.

Ils sortent de la norme de manière pessimiste : les héros du roman sont plutôt des anti-héros en raison de ce qu’ils vivent.

Cependant, leurs motivations (le plus souvent : l’amour) les rattachent à une quête plus noble. Le chevalier vit un véritable déclassement : issu d’une famille noble, il se retrouve à devoir jouer (pour ne pas dire tricher) afin de gagner de l’argent.

Son comportement fait de lui un jeune aventurier délinquant, autrement dit en langage littéraire un picaro.

À la fois misérable et rusé, l’anti-héroïsme picaresque du chevalier fait paradoxalement de lui le héros de sa propre aventure. Quant à Manon, elle agit de manière contraire à ce que la société attend d’elle.

ce Déjà, parce qu’elle refuse d’obéir à ses parents qui la destinent au couvent.

En outre, elle ne correspond pas aux standards de la jeune fille docile, délicate, voire farouche.

Par son comportement, elle ressemble plus à une « catin » (elle est d’ailleurs punie comme telle). Cependant, même son libertinage est marginal, puisqu’elle se démarque des autres comme le montre l’expression « une catin parmi les filles de joie » : elle ne répond pas aux critères d’une catin classique contrairement à Nana dans L’Assommoir d’Emile Zola.

En effet, Manon conserve une innocence sincère puisque ses infidélités sont des tentatives de se sortir de la misère. En conclusion, les divers genres et tonalités du roman, associés à sa genèse, ainsi que l’originalité de l’auteur et des personnages participent à faire de Manon Lescaut une œuvre dont l’adjectif qui la caractérise le mieux est : marginale, tant sur le fond que sur la forme. Dans cette seconde partie, nous étudierons les plaisirs comme moteur du plaisir romanesque.

En effet, les plaisirs y sont multiples : on y trouve les plaisirs de l’étude, de la lecture, du jeu, de la vie, de l’argent et évidemment, le plaisir de l’amour.

Manon est guidée par le plaisir du luxe : « il ne fallait pas compter sur elle dans la misère.

» L’argent est pour elle d’une très haute valeur, puisqu’il lui garantit son confort de vie. D’un autre côté, le plaisir de l’amour est érigé comme valeur suprême du chevalier : « de la manière dont nous sommes faits, il est certain que notre félicité consiste dans notre plaisir ; je défie qu’on s’en forme une autre idée ; or le cœur n’a pas besoin de se consulter longtemps pour sentir que de tous les plaisirs, les plus doux sont ceux de l’amour.

» On le voit, les plaisirs sont le moteur des actions des personnages, dans une volonté nouvelle au 3 XVIIIe siècle de recherche du bonheur.

Dans cette pensée émergente des Lumières, le peuple veut prendre son indépendance à la fois dans la connaissance et dans la manière de conduire sa vie.

C’est ce qui explique les grandes avancées scientifiques de cette époque, associées à une pensée philosophique du bonheur et une mise à distance de la religion dominante.

Dans une vie morale, il s’agit de suivre la religion comme ligne de conduite amenant à la sagesse, moins comme un mode d’emploi à appliquer sans le remettre en question. Toutes les actions du chevalier sont dictées par sa passion pour Manon.

Il se défend au nom de cet amour aveuglant qui semble avoir pris le contrôle sur lui : « C’est l’amour, vous le savez, qui a causé toutes mes fautes.

Fatale passion ! hélas ! » C’est donc cette passion qui le pousse à la ruse, à la tricherie, encouragé par Lescaut frère. Concernant la jeune fille, ses actions sont dirigées par une tout autre passion : celle du confort, de l’argent, du luxe.

D’ailleurs, des Grieux est triplement conscient à la fois de son amour contre lequel il ne peut lutter, de l’amour de Manon pour le luxe, et de la nécessité de faire fortune pour satisfaire ces deux passions : celle de Manon pour le confort et la sienne pour Manon. Les deux jeunes gens sont de véritables figures de libertins, mais leurs nobles intentions les distinguent de la véritable perfidie dont sont l’exemple le couple de libertins des.... »

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