Y A-T-IL UN TEMPS POUR PHILOSOPHER ?
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Termes du sujet:
PHILOSOPHIE
La philosophie, selon Pythagore, auquel remonte le mot, ce n'est pas la sophia elle-même, science et sagesse à la
fois, c'est seulement le désir, la recherche, l'amour (philo) de cette sophia.
Seul le fanatique ou l'ignorance se veut
propriétaire d'une certitude.
Le philosophe est seulement le pèlerin de la vérité.
Aujourd'hui, où la science constitue
tout notre savoir et la technique, tout notre pouvoir, la philosophie apparaît comme une discipline réflexive.
A partir
du savoir scientifique, la visée philosophique se révèle comme réflexion critique sur les fondements de ce savoir.
A
partir du pouvoir technique, la sagesse, au sens moderne se présente comme une réflexion critique sur les
conditions de ce pouvoir.
TEMPS: Milieu indéfini et homogène, analogue à l'espace, dans lequel se déroulent les événements.
Temps objectif: Mouvement continu et irréversible (« flèche du temps ») par lequel le présent rejoint le passé.
Temps subjectif: Sentiment intérieur de la temporalité, telle qu'elle est vécue par le sujet (synonyme : durée).
Problématique:
Faut-il philosopher quand on est jeune, pour préparer sa vie, ou au soir de son existence, pour faire le bilan? La
sagesse est un apprentissage et demande une capacité de détachement.
Nul ne peut prétendre avoir déjà atteint la
sagesse.
Une acception vulgaire du terme “ philosophie ” tend a en faire un principe recteur de l'action mais qui en est
distinct, comme en retrait, hors du temps de l'agir, prolégomènes à l'acte, sorte de préface s'effaçant une fois
l'engagement pratique entamé.
Mais la philosophie toujours déjà est acte.
Acte de pensée, certes, acte distinct
d'autres activités parcellaires qui trouve dans l'effectivité de la matière du monde le lieu de leur accomplissement,
de leur réalisation et leur finalité.
Mais si le philosopher peut être compris comme une activité extérieure à
l'effectivité pratique, si le philosopher semble s'extraire de toute relation de causalité finalisée, étant à lui-même sa
propre fin – finalité endogène ou autotélicité, le problème du temps à sa disposition se pose dès ses fondements.
N'est pas déjà avec la mort de Socrate, lui qui ingurgite le poison (pharmakon) sachant que le remède (pharmakon)
divin du savoir est gage du salut de son âme, que s'offre la possibilité d'un terme à la philosophie, la possibilité
d'arrêter de philosopher pour agir, s'exiler de la cité en abdiquant sa foi en la philosophie ? Y a-t-il un temps pour
philosopher distinct et comme exclusif de celui de la fuite, de la fuite pour sauver sa chair et vivre dans le monde
selon le bon sens de l'homme commun ?
Vouloir ainsi déterminer le temps de la philosophie, assigner des limites à la pertinence pragmatique de sa pratique,
engage à raisonner sur le lieu du déploiement de l'activité philosophique.
Qu'est-ce alors que philosopher ?
I.
Le temps dans la philosophie
Selon un témoignage de Pythagore transmis par Diogène Laërce, est
philosophe celui qui s'adonne au spectacle du monde en en contemplant
(theorein) l'ordre pour en penser le sens.
Avide de savoir (polymathia), le
philosophe s'étonne [Platon / Aristote] de ce qui s'offre à sa vue.
Partant de l'homme pour connaître les choses, le philosophe use du concept
et de la définition pour organiser le monde selon la raison, ou plutôt pour voir
en le monde se refléter une rationalité qui lui est transversale (le logos).
Ainsi
peut-il accéder à l'essence des choses, à leur eidos qui est la présence pure
du vrai dans le logos.
Si le temps de l'exercice de la philosophie se déploie dans la rationalité pure
du logos, le temps de la philosophie est celui de l'atemporalité.
Philosopher est
se situer hors du temps en devenant presque immortel [Aristote].
Le temps
de la philosophie n'en est pas un puisqu'il est extraction du devenir dans la
pure pensée.
Il n'y a pas de temps pour la philosophie car philosopher est
tendre à l'éternité.
II.
Philosophie du temps
Mais dans sa dimension atemporelle, philosopher se dévoile être une opération
de réflexion, le procès d'information par le sens (intemporel comme temps des essences) de la temporalité du
monde, du devenir de ce “ branloire pérenne ” [Montaigne].
Ainsi dans la réflexion du philosopher, le philosophe se
saisit dans sa finitude par contraste avec l'éternité des concepts auxquels il aspire.
Philosopher apprend à se savoir
mortel.
Et si philosopher est apprendre à se savoir mortel, le temps de la philosophie est la condition de possibilité du temps
réel et matériel de l'homme fini, parce que dans le mouvement d'élévation de la philosophie tendant à l'eidos se
révèle l'infinie différence qui me détermine comme appartenant au monde du devenir.
Il y a un temps pour philosopher, et ce temps est celui par lequel le sujet philosophant s'ouvre au monde en tant.
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