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Y a-t-il un problème de la réalité du monde extérieur ?

Extrait du document

« Position de la question.

La réalité du monde extérieur me semble immédiatement donnée dans la perception sensible.

Cette table, avec son tapis rouge, sur laquelle j'écris, ces murs avec leurs rayonnages chargés de livres, ces voitures dont j'entends le bruit incessant dans la rue, etc., out cela m'apparaît comme un ensemble de réalités dont l'existence me semble possible à mettre en doute.

Réfléchissons cependant, et nous verrons qu'il a là un problème, touchant sinon cette existence même, du moins le genre de réalité qu'il convient de lui attribuer. I.

Le monde extérieur est construit par l'esprit. Il est facile d'abord de montrer que le caractère prétendument immédiat de la réalité extérieure est une illusion.

On peut invoquer ici des arguments : A.

— De sens commun : dans le rêve, je suis dupe d'un « monde irréel » construit par mon imagination; nous savons d'ailleurs qu'il existe différents degrés et différentes formes du réel; qui me dit que le monde que me donnent mes sens est plus « réel » que les autres? B.

— Empruntés à la psychologie : celle-ci me montre que la sensation est tout autre chose qu'une copie de l'objet perçu et que le monde de la perception extérieure est, dans une large mesure, construit par l'esprit, qu'il s'agisse des objets particuliers ou de la notion même du réel ; C.

— Empruntés aux sciences physiques : celles-ci ne me laissent pas ignorer que la réalité extérieure n'existe pas telle que je la perçois; déjà DESCARTES ramenait toute la réalité physique à des modalités de l'étendue et du mouvement; aujourd'hui les physiciens m'apprennent que les corps sont constitués par des atomes et des particules non perceptibles à mes sens et que les phénomènes qui affectent ceux-ci sont réductibles, soit comme le son, à des mouvements corpusculaires, soit, comme la lumière, à des radiations d'énergie; D.

— Fondés sur la théorie de la connaissance, qui ruine la notion d'objet absolu et qui montre la difficulté d'expliquer la connaissance elle-même si l'on maintient un dualisme absolu entre le sujet connaissant et l'objet connu. II.

En quel sens le monde extérieur existe. Vais-je conclure de tout cela que le monde extérieur n'est qu'une illusion? ou bien, avec les idéalistes, que sa seule réalité consiste à « être perçu » ou encore est constituée par un ensemble de rapports? Il est impossible d'aller jusque-là.

Car, si le monde extérieur est une construction de l'esprit, ce n'est nullement une construction gratuite.

Ce monde a beau ne m'apparaître qu'à travers ma pensée : il s'impose à moi, je ne puis le percevoir selon ma fantaisie ou le modifier complètement selon mes désirs.

Lorsqu'un chimiste s'attend, dans une expérience, à obtenir un précipité vert et qu'il obtient un précipité rouge, il est bien forcé de reconnaître qu'il s'est trompé et de s'incliner devant le fait.

D'une façon générale, la science expérimentale nous fournit bien une vérité construite, mais cette construction n'est nullement arbitraire; elle tend à l'objectivité.

Le savant n'y parvient que grâce à d'incessantes confrontations de sa pensée avec l'expérience, à de laborieuses vérifications, à des mesures de plus en plus précises, et aussi à une perpétuelle remise en chantier de ses interprétations et de ses concepts.

Il y a donc bien une réalité extérieure, que nous nous efforçons sans doute de comprendre, de rendre intelligible, mais qui résiste, qui ne cède que lentement et péniblement à nos efforts. Conclusion.

Si la philosophie ne peut se contenter du réalisme naïf du sens commun, il semble bien qu'elle doit maintenir cependant la notion d'une réalité extérieure qui n'est que dans une certaine mesure pénétrable à l'esprit.. »

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