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Y a-t-il un ou plusieurs temps ?

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« Nombreux sont les philosophes à s'être posés la question du temps.

Il semble en premier lieu intuitif de qualifier le temps d'unique : en effet, nous sommes tous réglés sur le même mode de calcul du temps qui passe, sur la même horloge.

Nous évoluons dans le même espace temps, ce qui nous permet d'interagir.

Mais lorsque nous y réfléchissons, nous pouvons aisément concevoir que le temps soit subjectif, propre à chacun.

Il faut alors être vigilant quant à la définition du terme « subjectif », pour ne pas supposer un monde chaotique où chacun vivrait selon son propre temps. I Temps de la science, temps de la conscience Bergson oppose le temps de la science au temps vécu, qu'il nomme « sentiment intérieur de la durée ». -Temps de la science : universel, objectif, mesurable ; c'est le milieu dans lequel nous évoluons, mais qui n'existe spécifiquement pour personne car il est propre à tous.

C'est une réalité concrète sur laquelle nous n'avons pas de prise : les aiguilles d'une montre.

Ce temps n'appartient ni au monde extérieur ni à notre esprit.

Il existerait, même si le monde ou notre esprit n'existaient pas. - Temps de la conscience : temps vécu, subjectif, élastique, qui dépend du vécu personnel de chacun, de notre humeur, … (Si on attend un évènement avec impatience, les minutes paraissent des heures, si on accomplit une action dont on a l'habitude, elles peuvent sembler des secondes, …). BERGSON : le temps, spatialisation de la durée Nous pensons ordinairement un temps spatialisé.

En effet nous sommes si familiarisés avec l'idée d'espace que « nous l'introduisons à notre insu dans notre représentation de la succession pure ».

Ainsi nous concevons un temps contaminé par l'espace, projeté dans l'espace, c'est-à-dire un temps homogène qui se mesure grâce à des moyens spatiaux comme les mouvements des astres ou les horloges.

Mais ce temps n'est qu'un temps conceptuel, abstrait.

Le vrai temps, vécu par la conscience, c'est-à-dire la durée, n'est « qu'une succession de changements qualitatifs qui se fondent, se pénètrent sans contours précis, sans aucune tendance à s'extérioriser les uns par rapport aux autres, sans aucune parenté avec le nombre ».

Loin d'être homogène, la durée est donc l'hétérogénéité pure.

Le vrai temps n'est pas une détermination des choses, mais le mouvement concret de la vie intérieure. Remarque : même si chacun a une vision particulière du temps qui s'écoule, le temps absolu sous-tend nécessairement le temps sensible.

On peut alors supposer que ce n'est pas le temps qui est multiple, mais bien la perception que l'on en a. II La solution de Kant Emmanuel Kant a su dépasser ce clivage entre le temps comme référence unique et absolue et le temps comme vécu personnel variable.

Pour lui, le temps n'est ni ce que la science mesure, ni ce qu'un individu particulier ressent.

Le temps est (avec l'espace) une « forme a priori de la sensibilité », c'est-àdire la condition de toutes nos expériences : on ne peut se rapporter à rien sans nous référer au temps.

Nous concevons le monde dans le cadre du temps, qui n'est rien en soi, hors de l'homme et de sa perception des choses.

Mais le temps n'est pas pour autant une illusion ; subjectif ne s'oppose pas à objectif, il n'y a pas plusieurs temps indépendants les uns des autres.

Subjectif signifie "qui appartient à l'esprit humain " Le temps n'est pas un concept qui dérive de l'expérience.

Nous ne pourrions en effet saisir la succession ou la simultanéité en tant que telles, si nous n'avions au préalable la représentation du temps antérieure à toute expérience possible.

Le temps sert donc de fondement a priori à la perception des phénomènes.

Il constitue le fondement transcendantal de toutes les intuitions, tant externes qu'internes.

On ne peut considérer les phénomènes en dehors d'un temps donné, mais il est en revanche possible de produire une intuition du temps, abstraction faite des phénomènes qui s'y déroulent.

Le temps est donc donné a priori, il est la condition de possibilité de l'expérience des phénomènes qui peuvent disparaître sans que le temps lui-même soit supprimé.

De cette intuition a priori du temps découlent des principes universels et nécessaires : le temps n'a qu'une dimension ; des temps différents ne peuvent être que successifs et non simultanés (alors qu'inversement des espaces différents n'existent pas successivement mais simultanément).

Il faut noter que si le temps dérivait de l'expérience, s'il était une réalité empirique, ces principes ne seraient ni universels ni nécessaires.

De la même façon que l'espace, le temps n'est pas un concept, mais la forme pure de l'intuition sensible : il est impossible de dériver d'un concept la proposition suivant laquelle des temps différents sont nécessairement successifs.

Enfin l'intuition originaire du temps se donne comme illimitée : toute détermination temporelle se donne comme une limitation au sein de cet infini.

Le temps n'est donc pas une réalité en soi ou une chose objective.

C'est la condition subjective et transcendantale sous laquelle toutes nos intuitions peuvent trouver place et s'ordonner les unes par rapport aux autres.

Nous avons l'intuition de nous-mêmes et de notre propre état intérieur dans le temps.

Non lié aux phénomènes extérieurs, il ne relève pas d'une figure ou d'une position déterminée : il opère le rapport de nos représentations.

Comme l'espace, il est la condition a priori et formelle de toute phénoménalité, mais à la différence de l'espace qui ne regarde que la forme des objets externes, le temps est ce en quoi nous intuitionnons tous les objets, tant internes qu'externes, de l'expérience. Le temps est subjectif, mais il n'est pas pour autant propre à chaque individu ; il est propre à l'Etre Humain, dans le rapport qu'il entretient avec le monde. Autres pistes de réflexion : - Le temps comme flux continu, ligne du temps infinie, ou comme addition de plusieurs temps successifs (les instants) ? - Le temps = trois temps différents : le passé, le présent et le futur ?. »

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