Aide en Philo

Y A-T-IL UN DEVOIR D'ÊTRE HEUREUX ?

Extrait du document

« Plan de recherche — Références philosophiques possibles: • Aristote (l'homme vit pour être heureux); • Épicure (la nature nous invite à rechercher le plaisir qui conditionne la vie heureuse); • Kant: le bonheur n'est pas compatible avec la vie terrestre: il suppose, si l'on en prend la notion au sérieux, une telle plénitude qu'il faut en réserver la possibilité ou l'éventualité pour la vie posthume. — La notion de devoir implique une obligation, une contrainte.

De tels caractères peuvent-ils s'accorder avec le bonheur? — Analyser la notion de devoir: ce dernier, pour avoir du sens, doit être universalisable (cf.

la morale kantienne).

Cela signifierait donc que tout homme doit être heureux ? Mais, devient-il dès lors coupable s'il n'y parvient pas? — Le devoir suppose une responsabilité.

Or être heureux relève aussi de conditions extérieures sur lesquelles je peux n'avoir aucune influence. — Pour que l'accès au bonheur corresponde à un devoir, il faut en venir à définir ce dernier par rapport à ce qui m'est accessible et à ce qui dépend de moi, de ma volonté (cf.

le stoïcisme).

Mais dans ce cas c'est un devoir singulier, non universalisable, puisque les conditions de l'existence ne sont pas les mêmes pour tous, ce qui signifierait que le bonheur varierait d'un individu à l'autre.

On aboutit donc à une contradiction. — La notion de devoir relève de la morale, le bonheur ne fait pas partie de cette dernière.

Tout au plus (cf.

Kant) peut-il la sanctionner. Travail préparatoire Analyse de la question La question porte sur “la recherche d'être heureux” (selon l'expression de Pascal), qui est recherche de la satisfaction de nos aspirations. Il s'agit de savoir si cette recherche, celle pour chacun de son propre bonheur, constitue une obligation morale. N.B.

Que pourrait-elle être d'autre? Une inclination ! Une activité à quoi nous serions spontanément portés. Une récompense.

Celle de celui qui s'en serait rendu digne. Qui dit devoir dit en effet ce qu'il faut faire, ce à quoi l'on se sent tenu en conscience - sans pour autant y être particulièrement enclin, et que traduit le mot obligation. Recherche des présupposés Pour demander s'il y a un devoir d'être heureux il faut ne pas être persuadé, a priori que ce soit le cas. Or toute la tradition morale antique considérait que la conduite morale était tout entière motivée par la recherche du bonheur; elle était globalement eudémoniste. Si l'on en vient à problématiser le devoir d'être heureux, c'est qu'un tel devoir ne va plus de soi.

Qu'est-ce qui peut bien conduire à le mettre en question? Un certain Christianisme - qu'il soit luthérien, calviniste ou janséniste - y est sans doute pour beaucoup, en ce qu'il a détourné les hommes du souci, prioritaire de soi, celui d'une satisfaction jugée égoïste, au bénéfice d'un sorte d'héroïsme moral. La morale kantienne, qui s'inscrit dans son sillage, a récusée le bonheur en tant qu'inspirateur de notre conduite morale: pour Kant “Le principe du bonheur peut bien fournir des maximes, mais il ne peut jamais en donner qui soient propres à servir de lois à la volonté”. (CRPra.

36-37) Recherche de l'enjeu Savoir si c'est un devoir d'être heureux incite à dépasser le rigorisme moral au profit d'une éthique hédoniste, mieux accordée à notre temps, davantage stimulante.

Avec un retour au sources : premier devoir : se réaliser ! Problématisation et élaboration d'un plan détaillé Comment savoir s'il y a un devoir d'être heureux? Pour le savoir il faut déterminer s'il est moral de chercher à être heureux ! Cela peut se faire de la manière suivante: 1) En imaginant les raisons qui ont pu pousser les Grecs à voir dans le bonheur l'objectif moral à atteindre.

Ainsi En quel sens, jusqu'à quel point et pourquoi Aristote identifie-t-il le bonheur et le Souverain Bien? Pourquoi Epicure et Lucrèce enjoignent-ils à leur disciples de rechercher le bonheur? Quelle raison les Stoïciens peuvent-ils bien avoir d'élaborer un art de vivre heureux ? 2) En écoutant les raisons que donne Kant d'écarter le bonheur comme principe de la vie morale.

Et pour cela En prendre acte (par une lecture de ce qu'il dit dans la Critique de la Raison pratique) Et en apprécier la part de justesse. 3) Et en voyant finalement si on peut tenir l'homme comme étant moralement tenu de veiller à son bonheur. On pourra reconnaître que les Grecs avaient une autre idée de la morale que Kant. Elle était pour eux un art de bien vivre. Sa fonction était “technique” Alors qu'elle est pour Kant un ensemble de contraintes qu'il s'impose à lui-même en raison de sa nature, rationnelle. Sa fonction est “directrice” On reconnaîtra que nous devons les termes mêmes dans lesquels se pose notre question à la perspective kantienne. C'est Kant qui nous a amenés à poser la question morale en termes de “devoir”. Seule est bonne pour lui la volonté d'agir en ayant uniquement égard à la loi que nous impose notre nature rationnelle. On en conclura que seule un choix de philosophie éthique permet de trancher. Si être moral, c'est accomplir son devoir, cela n'a effectivement pas de sens d'exiger de l'homme qu'il soit heureux: le bonheur est l'objet d'une aspiration et non celui d'une obligation ! Par contre si la moralité est l'art de se conduire en homme en mettant tout son soin à se réaliser, alors il importe de bien s'y prendre, mais dans un sens technique, pour le faire et être AINSI heureux. La solution pourra dès lors être la suivante: On peut faire à l'homme un devoir de se réaliser (selon l'idée que l'on se fait de ce qui est constitutif de son humanité), on ne saurait lui faire un devoir d'être heureux ! Toutefois dans le devoir de se comporter en homme, c'est bien son bonheur qu'il travaille à faire: étant la satisfaction des aspirations humaines, le bonheur vient couronner l'accomplissement de soi par soi !. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles