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La morale consiste-t-elle à faire son devoir sans être heureux?

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« Il s'agit ici de s'interroger sur le bonheur dans son rapport à la morale.

Est-ce que la recherche du bonheur peut apparaître comme le fondement de la vie morale, autrement dit, peut- on affirmer que cette recherche permet en même temps à l'individu d'être vertueux, d'accomplir son devoir etc ? En fait, tout dépend de la manière dont on recherche le bonheur et surtout, de la définition qu'on en donne.

Le problème ici est que tout un chacun a sa propre vision du bonheur.

On le fait souvent résider dans ce que nous n'avons pas (pauvre, nous désirons être riche par exemple, vieux, nous regrettons la jeunesse etc...).

A partir de là, une illusion sur l'essence du bonheur peut entacher sa recherche et venir également troubler l'idée que l'on se fait de ce qui est bien ou mal.

Si cette recherche en effet devient strictement égoïste, elle ne peut pas servir de fondement à la morale.

Il faut donc montrer que les deux peuvent se rejoindre si l'on ne se trompe pas sur l'essence du bonheur ni sur celle du bien... Il est bien connu qu'on peut être vertueux tout en étant malheureux, et être heureux sans être vertueux. On peut même dire que faire son devoir n'est pas le moyen le plus sûr d'être heureux : agir par devoir, c'est souvent aller contre ses inclinations, ses désirs.

Certes agir moralement n'implique pas l'ascétisme, et on peut considérer que c'est aussi indirectement un devoir de travailler à son bonheur car un minimum de bien-être est la condition de la vertu.

Reste que pour Kant la recherche du bonheur n'a de valeur morale que lorsqu'elle n'est qu'un devoir.

Ainsi un homme gravement malade, qui n'a aucun espoir de recouvrer la santé, peut bien manger ce qu'il veut, quitte à en souffrir ensuite, mais l'impératif du bonheur lui commande d'observer les règles de l'hygiène ; c'est dire, au fond, que la recherche du bonheur peut devenir une vertu lorsqu'on a perdu tout espoir d'être effectivement heureux. Si, pour Kant, il y a une certaine opposition entre le bonheur et la vertu, c'est parce que le bonheur obéit à des motivations empiriques rebelles par nature à toute universalisation, alors que le devoir commande universellement.

Ce que les hommes nomment le bonheur n'est souvent que l'objet temporaire et accidentel de leur désir. Le bonheur, selon l'expression de Kant, est « un idéal, non de la raison, mais de l'imagination ». C'est avec le christianisme qu'est apparue la distinction, voire l'opposition, entre la vertu et le bonheur, du moins le bonheur terrestre. Certes, dit Pascal.

malgré les misères de la vie humaine, l'homme « veut être heureux, et ne veut i qu'être heureux, et ne peut ne vouloir pas l'être », mais c'est illusion de croire qu'il peut «être réjoui par le divertissement», car le bonheur «vient d'ailleurs î et de dehors, et, ainsi, il est dépendant, et, partant, sujet à être troublé par mille accidents, qui font les afflictions inévitables ».

Et, avant tout.

comment pourrait-on mettre en balance, comme il est dit dans le fameux pari, des «plaisirs empestés» et «une infinité de vie infiniment heureuse»? Mais c'est Kant qui, sur le plan philosophique et de façon systématique, a fondamentalement dissocié du bonheur la moralité.

Kant commence par reconnaître que le bonheur est une fin réelle visée effectivement par tous les hommes en vertu d'une nécessité naturelle, parce qu'ils ont une sensibilité, c'est-à-dire des inclinations qui aspirent à se satisfaire. Pour l'atteindre, la raison intervient pour le choix des moyens qui doivent nous conduire à notre plus grand bien-être.

Ainsi l'action est ici commandée, non pas absolument, mais seulement comme moyen pour un autre but.

En d'autres termes, l'impératif du bonheur est toujours hypothétique, alors que l'impératif du devoir est catégorique et commande absolument, par la seule considération de «l'intention, quelles que soient les conséquences», même contraires au bonheur. Or, dans la recherche du bonheur, non seulement la raison lui est subordonnée, mais le concept du bonheur est si indéterminé qu'aucun homme ne peut avec précision dire ce qu'il désire et ce qu'il veut.

C'est que les éléments de ce concept sont empiriques.

Veut-il la richesse ? beaucoup de connaissances et de lumières? une longue vie? la santé? Dans tous ces cas, il est incapable de déterminer avec certitude, d'après un principe, ce qui le rendrait effectivement heureux.

L'expérience ne nous enseigne que des conseils, non des commandements, et « le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination ». De plus et surtout, des principes empiriques sont toujours impropres à servir de fondement à la loi morale, qui doit valoir pour tout être raisonnable, parce qu'ils sont dérivés à la fois «de la constitution particulière de la nature humaine et des circonstances contingentes dans lesquelles elle est placée ».

Le principe du. »

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