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Y a-t-il des principes de la raison ?

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« Tous les raisonnements — ou du moins ceux d'entre eux qui sont reconnus logiquement valables — s'appuient sur des principes, qui, selon une célèbre formule de Leibniz ', « sont nécessaires comme les muscles et les tendons le sont pour marcher quoiqu'on n'y pense point». Ces principes ne figurent jamais explicitement dans nos raisonnements mais ils sous-tendent toutes leurs démarches. C'est d'abord le principe d'identité qui est à tel point fondamental et nécessaire (sans lui aucune pensée ne serait possible) que son énoncé déconcerte toujours un peu (tant il paraît aller de soi) : « Ce qui est, est ; A est A.

» Par exemple, lorsque le géomètre a défini le triangle et qu'il entreprend de déduire toutes les propriétés des triangles, il va de soi qu'il prend toujours le concept de triangle au sens où il l'a défini.

Le sens de ce concept reste identique dans tous les moments du raisonnement.

Sans cela notre pensée serait tout à fait incohérente. Le principe de contradiction n'est que la forme négative du principe d'identité.

Aristote ' l'énonce ainsi : «Il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas au même sujet sous le même rapport.

» Par exemple, le cheval d'Henri IV ne peut pas être à la fois blanc et non blanc.

Le principe de contradiction s'appelle principe du tiers exclu lorsqu'il est présenté sous forme d'un dilemme : ou bien le cheval d'Henri IV est blanc ou bien il est non blanc.

Ou bien il pleut, en ce moment, ou bien il ne pleut pas.

Le principe du tiers exclu élimine une troisième éventualité. Le principe de raison suffisante postule que tout ce qui se passe s'explique, a sa «raison d'être» (on entend par raison d'être les conditions qui expliquent un événement, qui le rendent intelligible).

La raison humaine est caractérisée par une impérieuse exigence d'intelligibilité, une exigence de comprendre chaque phénomène en le rattachant à d'autres phénomènes.

Ce principe est appelé principe de causalité (les effets s'expliquent par les causes, les mêmes causes produisent les mêmes effets).

On le nomme encore — en particulier dans les sciences expérimentales — principe du déterminisme.

Les phénomènes ne se produisent pas au hasard ; ils sont déterminés par leurs conditions d'existence, et on peut les prévoir à partir de ces conditions d'existence lorsqu'elles sont connues. La raison semble donc se présenter comme un ensemble de principes, de règles qui dirigent le travail de la pensée. Ces principes paraissent au premier abord universels (tout le monde, en toutes circonstances, les utilise ou du moins doit les utiliser pour penser et reconnaît leur valeur en y réfléchissant) et nécessaires («nécessaire» signifie qui ne peut pas ne pas être) parce qu'il ne paraît pas possible de se passer d'eux pour penser, qu'ils sont la condition nécessaire de toute pensée cohérente et logique.

Lorsque j'affirme que ce qui est, est, ou que tout changement a une cause, je ne puis même pas concevoir et imaginer qu'il puisse en être autrement. Quelle est l'origine de ces principes de la raison ? Comme ils paraissent inséparables de toute pensée, universels et nécessaires, la philosophie classique a souvent répondu qu'ils étaient innés.

Tout se passe comme si, abordant le monde pour tenter de le connaître, nous avions déjà en nous les principes qui vont guider notre effort de connaissance.

Selon les innéistes classiques, l'esprit pourrait même tirer de son propre fonds, indépendamment de l'expérience concrète, certaines idées, certaines connaissances.. »

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