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Y a-t-il des lois qui régissent l'histoire ?

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« Le mot d'histoire désigne aussi bien ce qui est arrivé que le récit de ce qui est arrivé ; l'histoire est donc, soit une suite d'événements, soit le récit de cette suite d'événements.

Ceux-ci sont réellement arrivés : l'histoire est récit d'événements vrais, par opposition au roman, par exemple.

Par cette norme de vérité, l'histoire, comme discipline, s'apparente à la science ; elle est une activité de connaissance.

Qu'elle porte sur la nature ou sur l'homme, cette dernière n'est pas connaissance de la singularité des événements, mais de leur spécificité, de ce qu'ils offrent d'intelligible.

L'intellect, comme tel, ne s'intéressera pas à ce coup de foudre singulièrement (qui est tombé, par exemple, sur un arbre qui était cher à notre cœur) : il s'intéresse au mécanisme de la foudre.

De même, un historien sérieux, c'est-à-dire désintéressé, par opposition à un conteur d'anecdotes, à un propagandiste ou à un historien nationaliste.

L'histoire est impersonnelle et la singularité (tel personnage, tel arbre) n'y figure qu'ès qualités, par ce qu'elle offre de spécifique.

C'est le statut scientifique de l'histoire qu'il faut interroger, car une science peut émettre des lois, mais une loi est fixe, elle détermine le cours des événements, penser qu'il exister des lois de l'histoire reviendrait à supprimer le pouvoir d'action de l'homme, lui enlever sa liberté, et n'être que l'objet d'un déterminisme aveugle qu'il ne contrôle pas.

De telles lois ne sont-elles pas contraire à la réalité humaine ? 1) Des lois ignorées des hommes qui les poussent à agir ? Dans les Leçons sur la philosophie de l'histoire, il émet l'idée d'une théodicée historique, à laquelle se ramène sa philosophie de l'histoire universelle, Hegel a efficacement contribué à promouvoir une nouvelle appréciation, fondée sur le christianisme, du caractère unique et singulier des faits historiques, en la reliant à la question inéluctable du but final de l'histoire.

« Il est conforme au concept de l'esprit qu'il descende dans le temps.

» Cette proposition, tirée des leçons de Hegel sur La Philosophie de l'histoire, résume sa pensée philosophique foncière, qui est l'idée de la dialectique.

Car le mouvement qui passe par la scission pour aller à la réconciliation de tous les contraires, et qui constitue la loi de la marche de la dialectique hégélienne, donne au concept de vérité une signification en soi historique : « La vérité est le tout.

» Les stades parcourus de l'évolution sont à la fin intégrés (aufgehoben), en ce triple sens que Hegel a inventé et qui implique à la fois suppression, conservation et sublimation.

La philosophie hégélienne de l'histoire du monde prétend avoir compris la nécessité qui commande le développement historique de l'humanité.

Par là, elle ne laisse pas subsister la différence entre les hasards de l'histoire et la régularité absolue des lois naturelles ; mais elle intègre les deux dans l'unique réalité du rationnel qui domine tout.

Ainsi, En dernière instance, tout y porte un caractère rationnel, si l'on adopte toutefois une conception dialectique de la raison.

Certains thèmes, et des illustrations frappantes, sont entrés dans la sagesse des nations : la « ruse de la raison » (les individus agissent selon leurs propres buts, mais le résultat de leurs actions est tout autre que ce qu'ils attendaient, et il est universel) ; « l'oiseau de Minerve ne prend son vol qu'au crépuscule » (on ne comprend qu'après coup les processus historiques) ; « rien de grand ne se fait sans passion dans le monde.

Aussi, c'est entendu, l'histoire est tragique : « L'histoire universelle n'est pas le lieu de la félicité.

Les périodes de bonheur y sont ses pages blanches.

» Toute la question que le philosophe de l'histoire aura à résoudre sera de montrer en quoi, derrière les apparences chaotiques du devenir, règne en fait une raison universelle qui dépasse ses acteurs, transcendant leurs buts et volontés finis.

Cette Raison universelle, bien distincte des raisons subjectives, ne se réalise pas de façon linéaire, comme le voulaient les philosophes des Lumières.

Il lui faut emprunter des voies plus tortueuses : les passions, les désirs, les intérêts qui meuvent les individus singuliers, dans leur lutte pour se faire reconnaître, agissent non seulement pour eux-mêmes mais réalisent en même temps, à leur corps défendant, les fins cachées de la Raison.

Cette double scène dont seul le philosophe est apte à déchiffrer l'unique enjeu.

La Raison qui, pour devenir monde, doit emprunter les voies de son contraire (la passion), n'apparaît « rusée » que pour un entendement qui n'a pas su s'élever au niveau de l'Histoire universelle laquelle, par tous les moyens dont les hommes sont prodigues, veut inexorablement se réaliser. 2) L'histoire selon le marxisme. L'histoire comme toutes les disciplines qui prétendent au statut de sciences positives mais dont l'objet touche à l'homme, à la société, à l'économie ou à l'État, et qui sont loin encore d'être des sciences constituées et adultes, baigne dans l'idéologie.

Loin d'être exempte des distorsions de nature idéologique, la connaissance historique les inclut en fait.

En outre, quand on l'observe dans la longue pratique des historiens, depuis Montesquieu ou Edward Gibbon, la genèse de l'histoire montre assez que l'objectivité du savoir historique se prépare au sein de l'idéologie selon une démarche de rupture, inlassablement recommencée, avec l'idéologie elle-même.

Cette démarche de rupture n'est cependant pas assimilable à une pratique de nature purement théorique ou conceptuelle.

Très souvent, il arrive que le rationnel ne se puisse distinguer du formel et de l'idéologique, par absence de certains critères qui permettent de choisir la solution juste (scientifique-objective) et de rejeter la solution erronée (spéculative-idéologique) ; le léninisme affirme le primat du critère de la pratique - pratique sociale, pratique scientifique, pratique politique - comme critère ultime de la connaissance vraie, car il est « assez vague pour ne pas permettre aux connaissances de l'homme de se changer en « absolu » [...] assez déterminé pour permettre une. »

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