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Une tête bien faite plutôt qu'une tête bien pleine. Montaigne

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? Cette formule se réfère au chapitre XXVI du Livre I des Essais de Montaigne (1533-1592). Dans ce chapitre intitulé «De l'institution des enfants » (c'est-à-dire « De l'éducation des enfants »), Montaigne s'adresse à la comtesse Diane de Foix. Celle-ci qui était enceinte avait demandé à Montaigne des conseils pour l'éducation de l'enfant à venir. Montaigne utilisa la matière de sa réponse pour constituer le chapitre XXVI de son Livre I.

« Une tête bien faite plutôt qu'une tête bien pleine.

Montaigne Cette formule se réfère au chapitre XXVI du Livre I des Essais de Montaigne (1533-1592).

Dans ce chapitre intitulé «De l'institution des enfants » (c'est-à-dire « De l'éducation des enfants »), Montaigne s'adresse à la comtesse Diane de Foix.

Celle-ci qui était enceinte avait demandé à Montaigne des conseils pour l'éducation de l'enfant à venir.

Montaigne utilisa la matière de sa réponse pour constituer le chapitre XXVI de son Livre I. Contrairement à une idée répandue, la formule ne s'applique pas à l'élève mais à son « conducteur », c'est-à-dire le précepteur (un professeur particulier) qui devait prendre en charge son éducation.

Nous donnons ci-dessous le texte original, en nous contentant seulement de moderniser l'orthographe : « [...] je voudrais aussi qu'on fût soigneux de lui choisir un conducteur qui eût plutôt la tête bien faite que bien pleine, et qu'on y requît tous les deux, mais plus les moeurs et l'entendement que la science.

» Comme c'est souvent le cas, seul le contexte permet de comprendre une formule devenue proverbiale. Disons d'abord que, même si Montaigne parle du précepteur en opposant la tête bien pleine à la tête bien faite, tout le reste de son propos montre bien qu'il juge la formule tout aussi valable pour l'élève que pour le maître. Cette réflexion correspond à une réaction contre un enseignement qui accordait trop d'importance à la mémoire (tête bien pleine) et pas assez à d'autres valeurs : « les moeurs » (c'est-à-dire la formation morale) et « l'entendement » (c'est-à-dire le « jugement », l'aptitude à réfléchir, à raisonner).

Dans le texte cité, le mot « science » correspond à ce que nous appelons aujourd'hui « les connaissances ». Montaigne, en tant qu'humaniste, veut un épanouissement complet de l'homme (épanouissement intellectuel, moral, artistique, physique) et il réagit contre l'éducation du Moyen Age trop tournée vers un emmagasinage des connaissances. « Savoir par coeur n'est pas savoir », dit Montaigne quelques lignes plus loin.

Ou encore « Le gain de notre étude, c'est en être devenu meilleur et plus sage ».

Et pour bien faire comprendre que les connaissances doivent être comprises, digérées, intégrées, il a recours à une belle image : «Les abeilles pilotent deçà delà les fleurs, mais elles en font après le miel qui est tout leur; ce n'est plus thym ni marjolaine : ainsi les pièces empruntées d'autrui, il les transformera et confondra, pour en faire un ouvrage tout sien, à savoir son jugement.

Son institution, son travail et étude ne visent qu'à le former.

» Cette opposition entre la tête bien faite et la tête bien pleine ne doit pas nous conduire à penser que Montaigne considérait comme négligeable le travail devant être demandé à la mémoire.

Dans le passage cité ci-dessus, il faut s'arrêter sur « et qu'on y requît tous les deux» (ce qui signifie que Montaigne souhaite que le précepteur ait à la fois la tête bien faite et la tête bien pleine; mais avec une priorité accordée à la valeur morale et au « jugement » sur la « science »). Cette formule est très souvent citée au point qu'elle est même devenue un lieu commun.

Mais si notre enseignement a évolué depuis le Moyen Age, il faut bien constater qu'il ne met pas toujours en oeuvre d'une façon très évidente les conseils que Montaigne donnait il y a quatre siècles.. »

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