Une société peut-elle se passer des artistes ?
Extrait du document
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En quoi les artistes pourraient-ils représenter une nécessité pour la société ? L'art pourrait au premier abord
apparaître comme une forme de divertissement ou d'agrément qui ne relève pas d'un besoin ou d'une nécessité.
Les
artistes sont sans doute alors, semble-t-il, moins nécessaires que les économistes, que les politiques ou encore que
tout autre corps de métier qui garantit la survie d'une société.
Platon, à la fin de la République, lorsqu'il définit la
cité idéale, parle d'ailleurs d'une nécessité de chasser les poètes de la cité.
Il s'agit alors de penser qu'une société
sans artiste est viable et même qu'il serait bon qu'elle s'en passe.
Néanmoins, on peut s'interroger sur la nécessité
qu'éprouve Platon à chasser les poètes et se demander si cette attitude ne peut rien nous apprendre sur la fonction
des artistes dans la cité.
Lorsque Platon énonce la nécessité de chasser les poètes de la cité c'est parce qu'ils
représentent un danger en ce qu'ils font par leur discours l'apologie du mensonge.
Le poète est en effet celui qui
parle aux sentiments et non à la raison.
C'est donc en ce qu'il peut être un faiseur d'illusions qu'il est à chasser.
Cependant, on peut remarquer que dans l'éducation de celui qui dirigera la cité, Platon nomme la musique comme art
essentiel en ce qu'elle permet d'apprendre l'art de la mesure.
Ainsi, tout artiste n'est pas à chasser et certains
peuvent apparaître comme une nécessité.
Interrogez-vous alors sur cette fonction des artistes.
Pensez par exemple
à l'usage que certains Etats totalitaires ont pu faire des artistes.
On ne peut alors s'empêcher de noter la place de
l'art dans toute cité, c'est celle-ci que vous allez devoir définir.
L'artiste est un charlatan
Thèse - Dévalorisation de l'art au nom de la vérité.
Cette dévalorisation a pour fondement la dévalorisation
du monde sensible an nom de cette même vérité.
Et valorisation ontologique du Beau, Idée ou Essence.
La critique platonicienne vise surtout les arts suivants : la poésie, la sculpture, la peinture.
Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent
pas à la vérité.
Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.
Dans le « Phèdre » (248 d-c)
Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de
connaissance.
Il distingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique
(dernier degré).
L'artiste imitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e.
Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ?
1)
Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper.
a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.
Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de
contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.
Par exemple,
les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.
Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est
divinité? » (Rep.379).
D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de
vertu, n'est-ce pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées
par les premier.
et créditent le mensonge.
b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.
Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable
à celui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et
n'en a que l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...
).
Par exemple le
bon peintre est celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui,
occupe un espace à trois dimensions.
Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait
infidèle à son modèle tel qu'il est.
L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.
les
règles de 1a perspective).
2) Parce que l'art n'est qu'imitation.
L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiaire
de nos sens.
C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il
représente les Dieux à l'image des hommes.
L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est,
est ce qui apparaît.
L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective..
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