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Une question philosophique peut-elle recevoir une réponse exacte ?

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« Introduction : Selon son étymologie, la philosophie est « l'amour de la sagesse », et évoque une attitude, un état d'esprit, que l'on a érigé en discipline.

La philosophie s'origine donc dans un principe de désir, puisque le philosophe aspire à la sagesse et à la vérité, et plus que toute les autres disciplines et sciences, elle s'ancre dans le questionnement. Philosopher, c'est interroger le monde, s'étonner même de l'ordinaire en soulevant des problèmes que l'on n'aperçoit pas dans la vie courante.

Parce qu'elle pose des problèmes, il semble que les questions posées par la philosophie soient plutôt formulées pour stimuler la recherche que pour résoudre réellement les difficultés soulevées.

Pourtant, pour que la recherche philosophique ne soit pas vaine, il faut bien que les questions philosophiques puissent recevoir des réponses.

Quelle est alors la valeur d'une réponse à une question philosophique ? Est-elle hypothétique (simple probabilité), catégorique (certitude), subjective (point de vue personnel) ? Une question philosophique peut-elle recevoir une réponse exacte ? 1ère partie : une question philosophique ne peut recevoir une réponse exacte car elle n'est jamais satisfaite. - Philosopher, c'est s'étonner, affirme Aristote au chapitre 1 du livre Alpha de Métaphysique.

Le philosophe est celui qui s'émerveille de ce qui l'entoure, dont la curiosité n'est jamais assouvie car il est attentif à tout.

Par conséquent, il n'est jamais à cours de question, et jamais satisfait des réponses apportées, qui en appellent immédiatement d'autre.

Une réponse à une question philosophique n'est donc jamais que le point de départ d'une question prochaine, elle n'est pas exacte au sens de définitive et satisfaisante, elle se fait question à son tour.

« C'est l'étonnement qui pousse les penseurs aux spéculations philosophiques » écrit Aristote, en expliquant que la philosophie ne recherche pas de réponse exacte immédiate, car elle est avant tout un mouvement de l'esprit, un désir vague et général de connaître.

La philosophie est une discipline théorétique, c'est-à-dire qui s'inscrit dans la contemplation, et non dans la recherche d'une réponse.

La philosophie n'est ni une science « poïétique » (qui fabrique) ni une discipline pratique (qui ordonne la conduite).

En ce sens, elle ne vise pas un savoir précis, elle se pratique « pour elle-même ».

Une réponse philosophique n'est pas un savoir, mais une spéculation, une étape dans la progression vers une réponse toujours repoussée. - Hegel explique dans la préface de la Phénoménologie de l'esprit que la philosophie requiert un effort, un travail, au même titre que les sciences, les arts, ou les techniques.

Elle n'est pas immédiate, innée, ou spontanée, mais elle est une activité qui nécessite une pratique, et se développe par un effort de l'esprit régulier, progressif et méthodique. La philosophie n'est donc pas une réponse que l'on transmet à un élève de la même manière que l'on verse un liquide dans un récipient, c'est une pratique que l'on adopte, une manière de questionner et d'interroger le monde, et de ne pas se satisfaire du donné, mais au contraire de chercher plus loin la vérité. - La philosophie, comme « amour de la connaissance » présuppose le désir de connaître, qui suppose à la fois un manque et une aspiration à la plénitude.

Dans le Banquet, Platon explique la philosophie part de l'imperfection de l'homme, qui se porte vers la spéculation philosophique car il désire plus de perfection.

Pour Platon, la philosophie résulte donc d'un besoin, d'un manque propre à l'homme.

En effet, si, à l'image des dieux nous savions tout, nous n'aurions pas le désir de connaître, et il n'y aurait pas de raison de philosopher.

« Aucun des dieux ne philosophe et ne désire devenir savant, car il l'est et en général ; si l'on est savant, on ne philosophe pas ».

Celui qui sait, qui a une réponse exacte sur les choses, n'a pas à se mettre en marche pour découvrir.

Il n'a rien à combler.

La philosophie se définit donc comme une recherche qui passe par l'expérience d'un manque.

La philosophie n'apporte pas de réponse exacte, car si c'était le cas, elle ne pourrait perdurer, puisqu'elle vit du questionnement.

La philosophie n'est pas dogmatique, mais toujours interrogative. 2ème partie : une question philosophique ne peut recevoir de réponse exacte car elle vise l'absolu. - En outre ce que vise, in fine, la philosophie, c'est la vérité absolue.

Sur ce point, il apparaît impossible qu'elle n'obtienne jamais une réponse exacte.

L'homme, en tant que doué de raison, est un être qui s'interroge, raisonne, cherche à connaître.

L'homme a du mal à reconnaître la vérité car les prétentions de sa raison sont trop ambitieuses, et il s'aventure au-delà de ses capacités.

Kant explique ainsi dans la Préface à la 2nde édition de Critique de la raison pure que la raison humaine recherche toujours l'inconditionné, la vérité absolue et dont on ne peut rendre raison par aucun principes.

Quand bien même l'homme sait qu'il y a des vérités qu'il ne pourra jamais atteindre par sa raison (les questions métaphysiques telles que « l'âme est-elle immortelle ? », « Dieu existe-t-il ? »), il ne peut s'empêcher d'y consacrer sa pensée spéculative.

Les questions philosophiques ne peuvent recevoir de réponse exacte, car elles dépassent les limites de la raison, elles sont hors du champ de possibilité de notre connaissance. Les questions philosophiques exigent de connaître la vérité absolue, et non pas une réponse sur telle ou telle chose particulière, la date de la naissance de Napoléon ou la composition de l'ADN.

Elles n'attendent pas de réponse exacte, qui serait dogmatique et arrêterait la pensée.

Une question philosophique cherche à connaître l'essentiel de ce qui est à connaître dans les choses, et non pas tout les caractère particuliers d'une chose.

Une question philosophique vise l'essence des choses, ce qui fait qu'elles sont ce qu'elles sont, ce qui est immuable et dépasse les particularités.

Lorsque Socrate interroge Hippias, dans le dialogue de Planton Hippias Majeur, et lui demande « ce qu'est le beau », il rejette toutes les réponses d'Hippias, qui ne sont pas des réponses philosophiques, absolues, mais des réponses relatives, puisqu'il donne l'exemple d'une « belle jeune fille » ou d'une « belle jument ».

Pour Socrate, la réponse exacte doit dire ce qu'est le « Beau » auquel participent toutes les choses belles, et à l'issue du dialogue, il est contraint d'avouer l'échec de son entreprise.

Ainsi, une réponse à une question philosophique ne peut. »

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