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Une passion peut-elle résister au temps ?

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« Ce que vous savez « Cela lui passera », dit-on souvent en réaction à la passion subite et incompréhensible éprouvée par quelqu'un pour la philatélie, les trains électriques, l'accordéon ou tout ce que l'on voudra.

Cette expérience commune semble montrer tout d'abord que tout ou presque peut devenir objet de passion, mais aussi et surtout qu'on ne peut pas remplir une vie seulement par la prédilection marquée pour un loisir futile. Quand on parle de passion sans plus de précision, c'est souvent à la passion amoureuse que l'on pense.

Or, parmi les stéréotypes qui ont cours à ce sujet, il y a celui qui oppose l'intensité à la durée : ou bien l'amour est passion ardente et dévorante, et sa fin est rapide, et souvent tragique ; ou bien l'amour est raisonnable, et il compense ainsi par la durée son manque de charisme originel.

Bien entendu, ceci est un stéréo-type, et non une vérité incontestable. D'autres stéréotypes, littéraires, identifient chaque être à sa passion dominante, et celle-ci ne saurait être détruite par le temps.

C'est ainsi qu'Harpagon est avare, que le comte de Monte-Cristo incarne la vengeance, que Don Juan veut séduire ou que le père Goriot aime ses filles.

On pourrait bien entendu multiplier les exemples.

De même, les biographies de savants aiment « deviner » dans les épisodes de l'enfance du futur génie une curiosité passionnée qui serait le signe d'une vocation irrésistible, quoiqu'en dise l'entourage, souvent sceptique.

Mais là aussi ce ne sont que des stéréotypes, révélateurs de ce que les hommes aiment croire, mais pas forcément de ce qui est. Ce qu'il faut comprendre Il peut être ennuyeux de parler de la passion en général, comme si l'ambition était la même chose que l'amour ou que le jeu.

Mais on a le droit de faire des différences, ou de privilégier certaines passions par rapport à d'autres, pourvu que ce soit clair pour le lecteur.

Sans l'indiquer précisément, le sujet tend à privilégier la passion amoureuse, dans la mesure où c'est à son propos que l'on parlera du temps comme d'une épreuve.

Cette ambiguïté ne doit pas vous effrayer, mais seulement à utiliser des exemples, dont la variété compensera ce que votre propos pourrait avoir de trop général.

Préférez les exemples littéraires, il est plus facile de les reprendre que d'inventer soi-même une situation originale et parlante. Il est cependant exclu de construire le plan en opposant telle forme de passion, qui serait généralement durable, à telle autre qui ne le serait pas.

Deux séries de généralités portant sur des thèmes très voisins ne font pas une dissertation. L'essentiel est de comprendre que le sujet n'est pas « pour ou contre la passion ».

Ne pas résister au temps n'est pas forcément un motif de condamnation.

Et le sujet est aussi l'occasion de remettre en question cette exigence de durée, certes pertinente parfois - s'il s'agit par exemple de juger une oeuvre d'art, on pourra estimer que l'épreuve du temps fournit un critère à prendre en considération - mais peut-être inadaptée lorsqu'il s'agit de vivre l'instant présent le mieux possible. Cela dit, il est parfaitement légitime et même hautement recommandé d'envisager que ce qui ne résiste pas au temps, c'est l'illusion.

Il vient en effet un moment où la réalité ne peut plus être occultée, et de plus la passion aime sentir sa force, au besoin en s'en donnant l'illusion par tous les moyens. Ce qui disparaît peut néanmoins résister au temps, sur le mode du souvenir.

Nos passions apaisées continuent de cette manière à nous émouvoir, et marquent notre personnalité.

On peut même sans doute aller jusqu'à dire que rien n'est plus inoubliable qu'une passion, fût-elle « illusoire ». Une référence utile Dans le Gorgias, dialogue de Platon, un personnage nommé Calliclès fait l'apologie des passions.

Pour bien vivre, ditil, il faut non seulement ne pas lutter contre ses passions, mais même les cultiver et les développer, puis chercher à les satisfaire.

Si le préjugé contraire est si souvent répandu, c'est parce que ceux qui sont faibles ne peuvent admettre leur médiocrité, et renversent les valeurs naturelles en tenant des propos moralisateurs dont la véritable finalité est de se donner l'apparence, totalement illusoire, de la supériorité.

En vérité, qui peut vivre sa vie en donnant libre cours à tous ses désirs serait bien sot d'y renoncer, et l'on voit bien que personne ne se trouvant dans cette situation n'y renonce.

Car seuls les morts sont sans passion, ou ceux dont la vie ne vaut guère mieux que la mort. Cette référence ne répond pas directement à la question proposée par le sujet, ce qui veut dire qu'on ne doit pas l'utiliser en première partie, mais seulement pour relancer et approfondir la réflexion.

Elle a l'intérêt de refuser le critère de la durée.

En effet, il ne s'agit pas pour Calliclès de ne vivre qu'une passion durant sa vie, mais bien au contraire de renouveler constamment le désir.

La force de la passion tient pour beaucoup en sa nouveauté, c'est pourquoi il n'y a pas à cher-cher à résister au temps, mais bien au contraire à épouser le rythme vital qui permet de trouver à chaque âge et à tout moment de quoi aimer la vie. Quelle stratégie adopter ? La première question à se poser, qui peut faire l'objet de la première partie, est de savoir pourquoi la passion serait éphémère.

Pour cela, il ne faudra pas hésiter à faire une description psychologique de la passion amoureuse, en prenant soin d'éviter les naïvetés.

On pourra parler de la difficulté qu'il y a à concilier intensité et durée, on pourra aussi mentionner l'érosion de l'habitude, qui tendrait à prouver que la passion a besoin de nouveauté.

On pourra enfin parler de l'épuisement de la passion dû à la « surenchère ».

En effet, le goût de l'absolu pousse à désirer que. »

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