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Une loi scientifique constitue-t-elle une découverte ou une invention

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« Une loi scientifique constitue-t-elle une découverte ou une Invention ? I.

— INTRODUCTION. Dans le langage ordinaire, on utilise indifféremment le mot découverte ou invention.

Lequel de ces deux termes faut-il employer exactement quand il s'agit d'une loi scientifique ? Commençons par préciser le sens des verbes découvrir et inventer.

Il nous orientera sans doute vers la réponse à donner. II.

- SENS PRÉCIS DES MOTS. A) Découvrir : Dans le domaine scientifique, découvrir c'est arriver à connaître ce qui était resté caché ou ignoré.

On découvre par exemple, une loi naturelle, un microbe ou un virus au microscope, un astéroïde au télescope ou par la photographie, un théorème, une terre nouvelle.

Une grotte inexplorée jusqu'ici, une nappe pétrolifère, des fossiles antiques, récemment repérées par des spéléologues ou des prospecteurs, constituent des découvertes.

On peut parler aussi de la découverte d'un trésor, d'une mine, de ruines, de reliques, ou de la pénicilline. On découvre par l'observation, le calcul. La découverte peut parfois résulter d'une illumination subite de l'esprit, d'une inspiration, mais, en général, elle est préparée par de laborieuses recherches. B) Inventer : Dans son dictionnaire des Synonymes, Lafaye distingue la découverte de l'invention.

Il précise : « La découverte est proprement une conquête de l'esprit humain; l'invention en est une production.

On découvre ce qui est et c'est l'observation qui joue le principal rôle dans la découverte...

C'est surtout dans les sciences, là où il s'agit, d'étudier ce qui est, que se font les découvertes.

C'est surtout en industrie, en mécanique et dans les arts, là où il s'agit de créer ou d'imaginer des engins, des instruments ou des procédés nouveaux que les inventions ont lieu.

» On peut dire qu'inventer c'est créer, en montrant de l'ingéniosité ou du génie, quelque chose de nouveau, d'original, dont personne n'avait eu l'idée, dans le domaine de l'industrie, de l'art, de la science, de la pensée.

On parle des inventions d'un savant; on invente des machines, une technique, un art, un procédé, un jeu, des notions. Lafaye dit : « Pour découvrir, il suffit de mettre en lumière ce qui existe, mais caché; pour inventer, il faut mettre au jour ce qui n'existait point jusque-là.

Le mérite .

de découvrir est de lever les obstacles qui empêchaient de voir ou de connaître la chose telle qu'elle est dans la nature ou en elle-même, mais le mérite d'inventer est surtout dans l'art de créer, autant qu'il est donné à l'homme de le faire, c'est-à-dire, le plus souvent, dans l'art d'employer des moyens particuliers ou de former certaines combinaisons d'éléments ou de matériaux naturels pour produire quelque chose de nouveau.

» Pour répondre à la question que pose le sujet, il importe de savoir si la loi scientifique est conquête ou production de l'esprit. III.

— LA LOI SCIENTIFIQUE AVANT SA FORMULATION.

EST-ELLE UNE DÉCOUVERTE OU UNE INVENTION ? Il est certain que bien longtemps avant qu'Archimède ait formulé sa loi, de même avant les temps préhistoriques, les gaz se comportaient suivant la loi que Mariotte fit connaître au XVIIe siècle; la réflexion, la réfraction de la lumière se produisaient conformément aux lois connues actuellement. Si nous nous référons aux définitions de Lafaye, les lois d'Archimède et de Mariotte constituent des découvertes et non des inventions puisqu'elles régissaient le monde bien avant que les savants cités ne les fassent connaître en les formulant.

Elles n'étaient qu'ignorées. Cependant, la découverte d'une loi scientifique exige un grand esprit d'invention.

Une loi ne se découvre pas comme un trésor sous la pioche du terrassier qui creuse des fondations. Seul, découvre une loi, celui qui la cherche.

Avant de la découvrir, il faut donc en avoir l'idée, c'est-à-dire l'avoir inventée, en quelque sorte. Cette nécessité de l'invention dans la découverte des lois se justifie par le processus même suivi par le savant Ses étapes ont été bien marquées par Claude Bernard : « Le fait, suggère l'idée ou l'hypothèse, l'idée dirige l'expérience, l'expérience juge l'idée.

» Dans la première étape, les faits scientifiques ne sont jamais inventés.

Le savant doit s'en tenir rigoureusement aux données de l'expérience, se défier de son imagination et soumettre à une critique sévère toutes les observations sur lesquelles il se fonde. L'hypothèse constitue, au contraire, une invention.

Elle suppose une élaboration mystérieuse dans l'esprit du chercheur, ce qui en fait une oeuvre originale.

Elle rattache deux ou plusieurs faits rapprochés depuis toujours dans la nature, mais non dans les esprits humains.

Elle est bien une invention. L'expérimentation permet de contrôler l'hypothèse.

Claude Bernard précise : « Le savant déduit de l'hypothèse les conséquences qui en découlent et les confronte avec les faits.

» Quand une généralité de faits concorde avec un très grand nombre de conséquences, le savant publie ce qu'on peut appeler, à juste titre, sa découverte.

Mais l'invention a précédé. V.

— CONCLUSION. En définitive, il semble que l'on puisse aussi bien parler de l'invention des lois scientifiques que de leur découverte. Pourtant, le mot usuel de découverte paraît préférable, car l'essentiel de ces lois reste en conformité avec le réel. Sans nier la part d'invention nécessaire dans l'hypothèse, l'établissement de la loi scientifique tient surtout de la découverte.

C'est pourquoi R.

Rolland écrit dans « l'Ame enchantée » : « Inventer, c'est trouver en bon français.

On trouve ce qu'on invente.

On découvre ce qu'on crée, ce qu'on rêve, ce qu'on pêche dans le vivier du songe.

». »

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