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Un homme libre est-il un homme seul ?

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« Qu'est-ce que la liberté? Pour beaucoup, être libre c'est faire ce que l'on veut.

C'est ce que l'on peut appeler le sens commun du mot.

A partir de cette définition, il s'avère que la seule situation dans laquelle l'homme trouve la liberté est la solitude.

Cependant certains philosophes se sont livrés à une critique sévère de cette conception de la liberté et ont défini un nouveau concept de liberté qui semble faire à peu près l'unanimité des philosophes.

C'est ainsi que Rousseau a défini la liberté de l'individu vis-à-vis d'autrui et Freud la liberté de l'individu vis-à-vis de lui-même.

Nous allons donc reconsidérer cette affirmation : « le seul homme libre est l'homme seul » en fonction de ces deux dernières définitions. Il s'agit tout d'abord de bien préciser ce que l'on entend par homme seul.

Il apparaît évident que l'homme seul est l'homme placé hors de toutes relations humaines de quelque nature qu'elles soient.

Cela suppose la possibilité de simple juxtaposition des individus : la solitude dans la foule.

Diverses situations peuvent se présenter.

Considérons tout d'abord l'homme face à la Nature tel que l'a défini Rousseau.

Bien sûr, les sociologues ne manqueront pas de s'élever contre ce terme d«< état de nature », mais rappelons toutefois qu'il s'agit d'une simple hypothèse de travail de Rousseau, une « mise entre parenthèses » du fait social pour mieux l'expliquer.

Si cet homme est seul, hors de toutes relations humaines, il jouit d'une liberté absolue au sens commun du terme : il a la possibilité de faire ce qu'il veut.

Mais il peut être confronté à autrui et, ainsi qu'on le verra plus loin, il y a lutte (ce qui constitue évidemment une relation humaine) et c'est le plus fort qui gagne : liberté absolue pour lui, aucune liberté pour le vaincu, le plus faible.

Donc, d'une manière générale, pas de liberté dans l'état de nature et de confrontation avec autrui.

Considérons maintenant l'homme en société.

S'il est seul : pas de relations humaines a priori mais pourtant il est un citoyen, c'est-à-dire qu'il est lié à chaque citoyen par ce que Rousseau a appelé le « Contrat Social » qui constitue assurément une relation humaine constante.

L'homme seul n'existe pas en société.

D'autre part, cet homme, apparemment seul, est soumis, comme tous les citoyens, à des règles collectives et coercitives (ces deux caractères étant les caractères essentiels du fait social pour le sociologue Durkheim) : les lois.

Donc tout citoyen, membre d'une société, est soumis aux lois et à un certain nombre de devoirs sociaux : il ne peut faire ce qu'il veut : pas de liberté.

Par conséquent .

le seul homme libre est l'homme seul dans l'état de nature.

Mais certains philosophes et, en particulier, Rousseau et Freud avancent un certain nombre d'arguments de réfutation de cette affirmation.

Pour Rousseau, l'homme seul (dans l'état de nature puisqu'il ne peut être seul en société) est assurément libre et sa liberté est absolue.

Mais c'est une liberté négative qui est continuellement menacée par la réalité extérieure : la Nature.

Face à l'hostilité de la nature, l'homme seul doit donc lutter pour survivre.

Sa « liberté » est bien aléatoire, continuellement en danger.

On ne peut la considérer comme une réelle liberté.

La Théorie de l'inconscient de Freud a montré que l'homme était l'esclave de ses pulsions et que le Moi, l'être véritable de l'homme, était tyrannisé par le ça, « marmite des passions ».

Il apparaît donc que, de même qu'il y a une liberté de l'individu vis-àvis de lui-même et qui n'est pas réalisée chez l'homme à l'état de nature, ainsi l'homme seul n'est pas libre au sens de Rousseau et de Freud.

Mais alors, en quoi consiste la libération de l'homme, et est-elle possible? Nous allons bien sûr trouver une réponse à cette question dans Rousseau et Freud! En étant seul, je vis en conformité avec moi-même La société des hommes ne cesse de m'influencer.

Je dois me plier à mille contraintes.

Dès lors que je m'attache à une personne, me voilà dépendant d'elle.

C'est pourquoi Épictète conseille à celui qui veut être libre de n'avoir «ni attrait ni répulsion pour rien de ce qui dépend des autres» (Manuel).

Seul, je respecte ma propre nature et n'obéis qu'à elle. L'enfer c'est les autres Sartre, dans Huis-clos, déclare: «L'enfer, c'est les autres.» Ce sont toujours les autres qui limitent la réalisation de mes désirs, et donc ma liberté. Sur la question d'autrui, Sartre souligne que seul Hegel s'est vraiment intéressé à l'Autre, en tant qu'il est celui par lequel ma conscience devient conscience de soi.

Son mérite est d'avoir montré que, dans mon être essentiel, je dépends d'autrui.

Autrement dit, loin que l'on doive opposer mon être pour moi-même à mon être pour autrui, « l'être-pour-autrui apparaît comme une condition nécessaire de mon être pour moi-même » : « L'intuition géniale de Hegel est de me faire dépendre de l'autre en mon être.

Je suis, dit-il, un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre.

» Mais Hegel n'a réussi que sur le plan de la connaissance : « Le grand ressort de la lutte des consciences, c'est l'effort de chacune pour transformer sa certitude de soi en vérité.

» Il reste donc à passer au niveau de l'existence effective et concrète d'autrui.

Aussi Sartre récupère-t-il le sens hégélien de la dialectique du maître et de l'esclave, mais en l'appliquant à des rapports concrets d'existence : regard, amour, désir, sexualité, caresse.

L'autre différence, c'est que si, pour Hegel, le conflit n'est qu'un moment, Sartre semble y voir le fondement constitutif de la relation à autrui.

On connaît la formule fameuse : « L'enfer, c'est les autres ».

Ce thème est développé sur un plan plus philosophique dans « L'être & le néant ».

Parodiant la sentence biblique et reprenant l'idée hégélienne selon laquelle « chaque conscience poursuit la mort de l'autre ».

Sartre y affirme : « S'il y a un Autre, quel qu'il soit, quels que soient ses rapports avec. »

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