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Toute production de l'homme est-elle une production libre ?

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« On admet communément que l'on reconnaît l'existence d'êtres humains dans un environnement par la présence d'artefacts, c'est-à-dire d'objet dont les caractéristiques indiquent que la nature n'a pas pu en être l'origine.

C es caractéristiques peuvent être par exemple, les formes géométriques des objets ou leur agencement,… Nous ne trouvons ainsi pas par exemple, de cercle parfait dans la nature, ni de carré d'ailleurs.

A la différence de la nature ou des animaux, les hommes ont une représentation consciente du but de leur action.

Ainsi, pour Marx, le plus mauvais architecte aura dans la tête la représentation de la maison qu'il veut construire.

C'est dire que l'homme ne produit pas quelque chose par pur instinct et ainsi produit quelque chose de luimême, librement.

C ependant, toute production humaine n'existe-t-elle pas seulement pour répondre à un besoin humain, à la nécessité ? De plus, si la production ne s'accompagne pas de la représentation finale de l'objet, est-elle toujours libre ? Toute production humaine résulte d'une représentation et n'obéit pas à un instinct On ne parle de production que pour le résultat d'une action humaine.

C'est ce que seul l'homme a conscience des fins de son action et possède une représentation du résultat avant d'agir.

Ainsi, une abeille qui fabrique une cellule ne produit pas librement, elle ne décide de produire telle chose ou de ne pas la produire.

Elle suit tout simplement son instinct et ne peut agir autrement.

Pour Marx, ce qui distingue "le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit d'abord la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche." L'homme se distingue de l'animal de nombreuses façons : il est doté d'une conscience, a le sens de la religion, est capable de pensée et de paroles, etc.

Il suffit de considérer qu'il produit ses moyens d'existence pour le différencier radicalement de l'animal.

Produisant ses moyens d'existence, il produit sa vie matérielle.

Le travail est une relation de l'homme à la nature, par rapport à laquelle l'homme joue lui-même le rôle d'une puissance naturelle.

Utilisant son corps pour assimiler des matières, il leur donne une forme utile à sa propre vie.

Et modifiant la nature extérieure, il modifie en retour sa propre nature et développe s e s facultés par l'exercice du travail.

Les animaux, eux aussi, "travaillent" lorsqu'ils accomplissent des opérations semblables à celles des artisans : l'araignée tisse sa toile comme un tisserand, et l'abeille confectionne les cellules de sa ruche comme nul architecte ne saurait le faire.

"Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche." Le propre du travail humain est d'être l'aboutissement de ce qui préexistait idéalement en lui. Le travail n'est pas une simple transformation, un changement de forme dans la matière naturelle, c'est la réalisation d'un but ou d'un projet dont on a préalablement conscience, et qui constitue la loi de l'action à laquelle on subordonne durablement sa volonté.

Tout travail exige un effort, une tension constante de la volonté, d'autant plus que le travail est moins attrayant, et que l'homme ne peut y réaliser ses forces génériques. L'homme lui qui veut construire une maison choisit consciemment de construire cette maison, aucune nature, aucune essence ne l'oblige à construire une maison.

Il pourrait produire une tente, ou une cabane en bois ou même dormir dehors.

Dès lors, il choisit librement de produire cette maison avec telle ou telle particularité. La production artistique est ainsi le sommet de la liberté de production : il s'agit de produire quelque chose qui ne sert à rien pour l'amélioration des conditions de vie.

Dans l'art, nous produisons par association de formes que nous choisissons entièrement. La production résulte de la nécessité Il faut comprendre qu'à la base, l'homme ne travaille et ne produit des objets et des biens que parce que la nature ne peut subvenir correctement à ses besoins.

Dès lors, c'est la nécessité qui dicte les productions.

Penserions nous à produire des légumes, à construire des maisons, si nous trouvions dans la nature la nourriture nécessaire à notre survie et des habitats suffisants. « A mesure que le genre humain s'étendit, les peines se multiplièrent avec les hommes.[...] Des années stériles, des hivers longs et rudes[...] exigèrent d'eux une nouvelle industrie.

Le long de la mer et des rivières, ils inventèrent la ligne et l'hameçon" (Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes) Nous travaillons aujourd'hui pour la rémunération et les techniques de travail visent toujours plus de productivité, en soumettant l'ouvrier à des tâches répétitives et "parcellisées".

Comme l'affirme Foucault, le corps même est investi de forces et le corps perd peu à peu sa gestuelle naturelle pour en acquérir une autre, qui est dictée par la discipline industrielle. Dès lors, l'ouvrier ne produit que pour pouvoir vivre mais surtout est dépossédé de son travail et de ce qu'il produit parce qu'il n'a pas connaissance du processus global de production.

A insi, le travailleur perd toute force et toute faculté créatrice, ce qui l'empêche de s'épanouir et de se construire.

Il devient étranger à lui-même.

Quand son travail, en effet, ne développe qu'une dextérité de détail, quand son rôle se réduit à remplir le rôle de bouche-trou des automatismes, alors il devient un "infirme" au lieu de s'affirmer comme un homme et de développer toutes les facultés qui sont en lui. Toute production humaine doit être affirmation de son propre être, de sa propre nécessité En fait, il s'agit de concevoir la liberté avec Spinoza.

Pour lui, la liberté n'est pas de faire ce que l'on veut, cette liberté n'existe pas parce que l'homme est souvent déterminé par l'extérieur.

En fait, la véritable liberté est la réalisation de sa propre nécessité, l'action qui mène son être à être ce qu'il doit être. En produisant un objet, l'homme cherche à se réaliser, à faire que son être puisse s'épanouir.

Tout homme produit en fonction de sa propre nature et dans le domaine qu'il lui correspond le mieux.

L'artiste produit des œuvres parce que sa nature l'amène à exceller dans cette voie et l'architecte produit parce que son propre être le pousse dans ce domaine. C hacun doit donc trouver quelle production lui correspondra le mieux. C 'est pourquoi il est urgent de changer ses valeurs pour que la production et le travail puissent effectivement être un moyen d'épanouissement et de développement de l'homme.

Il ne s'agit, dès lors, non plus uniquement de produire mais d'accomplir des actions intelligentes et épanouissantes, c'est-à-dire de faire vivre le travail sur le mode du loisir. Nietzsche ainsi affirme que le vrai travail réside dans la création. A insi, la production est d'abord un acte de l'esprit par lequel l'homme met à distance la nature, le donné pour mieux le transformer.

Elle ne répond pas à un instinct animal et découle ainsi de la liberté première de l'homme à ne pas être conditionné par une nature.

Pourtant, la production est souvent rendue obligatoire par la nécessité de survivre.

C elle-ci dans notre monde moderne a conduit l'ouvrier à ne plus comprendre la production globale et à ne servir que comme machine.

Dès lors, pour que toute production soit libre, il faut que chacun puisse trouver le domaine de production qui pourra l'épanouir et cela ne peut se faire sans changer les valeurs qui régissent le travail.. »

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