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Toute action illégale est-elle une action injuste ?

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« On peut penser que loi et justice se situent à des niveaux différents, la loi renvoyant à un ensemble de règles qui organisent la vie en commun, et la justice renvoyant à une morale, à un ensemble de valeurs.

Cependant, il semble possible de rapprocher les deux notions si nous pensons que la loi est fondée sur la justice, notamment sur ses valeurs d'équité et d'égalité, qu'elle se donne pour but de garantir, et que la justice ne se définit pas seulement comme un principe moral, mais comme ce qui est conforme au droit et à la légalité.

Se demander si une action illégale est une action injuste amène ainsi à s'interroger sur le degré de coïncidence entre les deux notions et sur le fondement de cette coïncidence.

Peut-on penser que toute action illégale est injuste en vertu du fait que c'est la légalité qui définit la justice, ou bien en vertu du fait que la loi repose sur une justice préexistante ? Dans la même perspective, si nous soutenons que toutes les actions illégales ne sont pas injustes, cela signifie-t-il que la justice déborde nécessairement le plan de la légalité, et que la loi ne peut suffire à garantir la justice, dans la mesure où s'opposer à la loi peut sembler juste ? Nous verrons dans un premier temps que toute action illégale est une action injuste au sens où c'est la loi qui définit ce qui est juste.

Nous verrons alors que nous pouvons accepter l'idée que toute action illégale est injuste en faisant au contraire reposer la loi sur la justice émanant de la sagesse morale.

On pourra alors se demander si la justice ne doit pas garder une certaine indépendance par rapport à la loi, au sens où il peut parfois être juste de s'opposer à une loi mauvaise. 1° Toute action illégale est une action injuste car la loi définit le juste On peut penser que toute action illégale est une action injuste si l'on définit la justice par le respect de la loi : la loi n'est pas l'incarnation d'un modèle préexistant de justice, mais la justice réside entièrement dans la légalité.

C'est la perspective défendue par Pascal : il n'y a pas de lois naturelles, c'est-à-dire qui seraient fondées sur une justice absolue, il n'y a que des coutumes et des lois relatives dans le temps et l'espace.

En effet, notre raison, corrompue depuis le péché originel, ne peut être en mesure de fonder une justice qui ne soit pas relative.

Pascal en déduit alors que dans la mesure où la justice a besoin d'une force, comme celle de la loi entraînant des sanctions, pour être respectée, les hommes n'ayant pu faire que la justice soit forte, ils ont fait que la force soit justice : c'est-à-dire que ce qui est juste est l'autorité de la loi. Le peuple a besoin, pour respecter cette loi, de penser qu'elle est fondée sur une justice préexistante, mais l'homme qui réfléchit au problème doit avoir une « pensée de derrière » qui lui rappelle que c'est la loi qui fonde le juste et non l'inverse.

Dans cette perspective, il y a coïncidence, dans les actions humaines, entre l'action illégale et l'action injuste, puisque la justice se définit par le respect de la coutume incarnée par la loi. 2° Si la loi est fondée sur la justice, toute action illégale est une action injuste Il semble cependant possible de penser que toute action illégale est injuste non pas parce que le juste n'existerait pas en dehors de la loi, mais parce que la loi est ce qui incarne la justice, en garantissant l'égalité et l'équité.

Lorsque Platon décrit ce que doivent être le gouvernement et les lois de la cité idéale, il envisage les lois comme devant être fondées sur la justice. En effet, la cité doit être gouvernée par les philosophes, qui ont atteint la connaissance des idées intelligibles du bien et du juste.

Les lois de la cité doivent donc garantir la justice : en ce sens, une action qui serait illégale sans être injuste serait le signe que les lois ne coïncident pas avec l'idée de justice, et qu'elles doivent être remises en question.

Justice et légalité ne sont pas deux domaines opposés, mais la loi ne vaut qu'en tant qu'elle repose sur la justice, et ne doit donc pas punir une action juste. 3° Il est juste de s'opposer à une loi injuste Dire que toute action illégale est une action injuste suppose que loi et justice coïncident parfaitement : mais la réflexion même de Platon montre que cette coïncidence est le fruit d'une cité idéale, et non des gouvernements réels.

Ne faut-il pas alors, si l'on prend en compte les lois existantes, affirmer qu'une action illégale peut être juste, au sens où si la loi est mauvaise, elle en vient à punir des actions justes, et qu'il est donc juste de s'opposer à elle ? Rousseau, dans Du contrat social , pense le bon gouvernement comme celui auquel participent tous les citoyens, qui se donnent leurs lois par la volonté générale.

Il faut alors penser l'attitude qu'il convient d'avoir lorsqu'un tel gouvernement n'est pas en place et que les lois sont mauvaises. Selon lui, il est très pernicieux de donner à une loi une autorité telle qu'elle ne peut être remise en cause : or, une loi qui définit toute action illégale comme injuste ne peut être remise en cause, dans la mesure où toute tentative de la remettre en question sera condamnée comme injuste et illégitime.

Cependant, il ne faut pas abuser de ce pouvoir de remettre en cause la loi, mais n'en user que lorsque le salut de l'Etat est en cause : si un état dictatorial se met lui-même en péril par l'oppression qu'il exerce sur ses sujets, il est juste que ceux-ci fassent en sorte d'abolir les lois.

En ce sens, l'idée que toute action illégale serait nécessairement injuste ne peut être un bon principe politique : une loi doit toujours pouvoir être violée de manière juste, si cette loi est elle-même incapable de garantir la justice et l'égalité des hommes qui doivent la respecter. Conclusion On peut penser à première vue que pour que toute action illégale soit définie comme une action injuste, il faut considérer que la justice n'a d'existence que par la loi, c'est-à-dire qu'il n'existe pas de juste en dehors de ce que la légalité définit comme juste.

Cependant, on peut penser que dans la mesure où les valeurs de la justice, notamment l'équité et l'égalité, ne sont pas seulement des valeurs politiques, mais des valeurs morales, toute action illégale peut être considérée comme injuste au sens où c'est à la loi de coïncider avec la justice pour la garantir, et donc pour ne pas considérer comme illégale une action juste.

On peut alors penser que dans la mesure où, même si la loi a pour but de faire régner la justice, elle peut manquer ce but, il peut y avoir une action juste et nécessaire qui consiste dans la liberté de pouvoir s'opposer à une loi qui échouerait elle-même à garantir la justice. >>> SECOND CORRIGE: http://www.devoir2philo.com/dissertations/101942.htm. »

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