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Tout sujet est-il condamné à se prendre pour un autre ?

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« Je suis ce que je suis par le regard d'autrui, sans lequel mon identité n'aurait pas plus de consistance qu'une hallucination.

Toutefois, selon Sartre, je me trouve assimilé par ce regard à un être que je n'ai pas librement choisi d'être.

C'est ainsi que je suis « honteux », si autrui me surprend en train de regarder par le trou d'une serrure : son regard me qualifie et m'identifie ainsi.

C ependant, je suis toujours plus que ce que l'on peut constater de moi.

Certes, je suis quelque chose de défini (le fils de mes parents, de mon temps, ce que décrit ma carte d'identité), mais en même temps je ne suis rien d'absolument déterminé et de définitif.

La mauvaise foi selon Sartre consiste, pour une conscience, à se masquer sa vérité en feignant de s'identifier à un rôle social. « Je est un autre.

Si le cuivre devient clairon, il n'y a rien de sa faute.

» Ce mot de Rimbaud, dans sa lettre à Paul Demeny (15 mai 1871), caractérise l'inspiration du poète qui se fait « voyant ».

N'a-t-elle pas une portée générale ? 1. Autrui est nécessaire à la constitution de la conscience de soi. A ~ La conscience de soi se différencie du monde naturel. q Comme le remarque Hegel, l'être conscience possède une double existence : d'une part, l'existence qu'il partage avec toutes les choses qui existent naturellement et, d'autre part, la représentation de sa propre existence, qu'il acquiert par sa capacité à penser, mais aussi par son activité pratique. q La conscience de soi se construit donc dans un rapport au monde externe, dont elle se différencie par un mouvement de négation : je ne suis pas cela ! B ~ L'autre conscience opère la même négation. q Or, parmi les phénomènes, il en est qui opèrent la même différenciation entre eux-mêmes et le monde extérieur : d'autres consciences de soi ne se contentent pas d'exister, mais se vivent et se reconnaissent elles-mêmes dans un mouvement de différenciation active (négativité) par rapport aux choses naturelles. q Hegel souligne que la conscience de soi ne trouve sa pleine satisfaction que dans cette rencontre d'une autre conscience de soi ; celle-ci permet à la conscience de se confronter à une image d'elle-même, dans laquelle elle puisse se (re)connaître, mais aussi de faire l'expérience de sa liberté. C ~ Reconnaissance et conflit. q Le souhait de la conscience est en effet d'être reconnue par l'autre dans sa singularité et dans sa liberté ; on sait combien l'enfant a besoin de trouver chez ses parents ou dans son entourage une reconnaissance de sa propre valeur. q Mais cette attente se heurte au même désir de reconnaissance venu de l'autre, ou se trouver en contradiction avec le désir de celui dont j'attends pourtant d'être reconnu : reconnaissance et affirmation de sa liberté deviennent contradictoires. q Mais Hegel montre également que celui impose son pouvoir peut devenir dépendant de ceux qu'il asservit, et que l'esclave devient par son travail même indépendant du maître : conflits et contradictions ne sont pas figés, ce sont les moteurs mêmes des transformations de la conscience et de celles de l'histoire... 2. Qui suis-je ? A ~ Ambiguïté du terme même d'identité. q q Il n'est donc pas évident de définir l'identité de celui qui change au cours du temps, et qui n'est lui-même qu'à partir de sa relation avec autrui. Le terme d' « identité » porte d'ailleurs en français la trace de cette faculté, puisque le mot signifie à la fois les caractéristiques individuelles susceptibles d'identifier une personne en la distinguant des autres. B ~ Le jeu des identifications. q La façon dont l'enfant est désiré, nommé, le jeu des relations familiales, les identifications affectives et culturelles, conscientes et inconscientes, font que l'identité de chacun est constituée de multiples sédiments empruntés à d'autres. q L'un des enjeux de la maturation psychique est d'ailleurs l'individuation, la capacité à se différencier réellement d'autrui et de devenir relativement actif, lucide et responsable, dans la société qui est la sienne. C ~ L'altérité. q L'altérité, ou reconnaissance de la différence, est ainsi en relation avec la singularité, qui implique l'autonomie.

Je ne peux être sujet de ma propre existence, c'est-à-dire assumer mon identité d'être conscience, que si je reconnais d'une part l'altérité du monde, la différence entre existence naturelle et existence consciente ; et d'autre part l'existence d'autres êtres conscients, tout aussi libres que moi, et qui sont ainsi à la fois semblables à moi et différents de moi. q L'existence consciente est ainsi amenée à reconnaître la liberté comme valeur.

Le respect de la liberté devient l'exigence d'une existence consciente qui reconnaît et accepte l'altérité de l'autre être humain. Ø L'individu est l'élément d'un ensemble (pas forcément humain) ; c'est la désignation d'une unité (sans jugement de valeur particulier).La personne est un terme qui s'applique à l'individu humain, en général pour souligner sa qualité d'être conscient et libre, digne de respect et sujet de droits. Ø La personnalité tente de désigner la singularité d'une personne donnée, dans ses caractéristiques propres. Ø Particulier : ce qui ne concerne qu'une partie des individus d'un ensemble – partie qui comporte donc une caractéristique qui la distingue d'autres traits possibles (par exemple la culture basque ou la culture bantoue sont des cultures particulières ; avoir une chevelure rousse est une particularité qui distingue de ceux qui sont blonds ou bruns). Ø Singulier : le jugement singulier s'applique à un sujet dans toute son extension, comme le jugement universel, mais il exprime une particularité ; il est donc la synthèse de l'universel et du particulier (exemples : Socrate est un homme ; les caractéristiques de telle culture – singulière – dans l'ensemble des cultures humaines).. »

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