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Peut-on prendre pour excuse le fait d'avoir agi inconsciemment ?

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Lorsque quelqu'un cherche une excuse à sa conduite, c'est parce-que ses actes paraissent répréhensibles. Il s'agit dans la plupart des cas de persuader qu'on ne l'a pas fait exprès, c'est-à-dire que la volonté propre n'est pas rentrée en jeu. Dans ce contexte, prétendre avoir agi inconsciemment semble faire allusion à ce qui peut, en effet, soit s'effectuer indépendamment de la volonté, soit contrarier carrément cette dernière. Avant d'examiner si de telles références à l'activité d'un inconscient peuvent servir d'excuses au comportement, il convient de préciser en quoi l'acte intégralement conscient ou volontaire implique la responsabilité du sujet.   

« Demande d'échange de corrigé de GARDE Maxime ([email protected]). \Sujet déposé : Peut-on prendre pour excuse le fait d\'avoir agi inconsciemment ? Lorsque quelqu'un cherche une excuse à sa conduite, c'est parce-que ses actes paraissent répréhensibles.

Il s'agit dans la plupart des cas de persuader qu'on ne l'a pas fait exprès, c'est-à-dire que la volonté propre n'est pas rentrée en jeu.

Dans ce contexte, prétendre avoir agi inconsciemment semble faire allusion à ce qui peut, en effet, soit s'effectuer indépendamment de la volonté, soit contrarier carrément cette dernière.

Avant d'examiner si de telles références à l'activité d'un inconscient peuvent servir d'excuses au comportement, il convient de préciser en quoi l'acte intégralement conscient ou volontaire implique la responsabilité du sujet. I) La conduite volontaire suppose l'analyse préalable de ses conséquences : A) L'enfant ne peut pas être conscient de ses conséquences : Lorsqu'un enfant a fait une bêtise, il affirme volontiers, pour s'en excuser, qu'il ne l'a pas fait exprès.

Cela signifie, en réalité, non que sa conduite était indépendante de sa volonté, mais qu'il n'avait pas prévu les conséquences éventuelles de sa conduite.

Peu expérimenté, l'enfant vit dans un temps relativement court, il ne développe pas de véritables projets à long terme, et ne se préoccupe pas de ce que ses actes peuvent entraîner.

On peut ainsi s'amuser à enflammer des allumettes sans prévoir qu'un tel jeu peut engendrer un incendie. Dans de tels cas, l'inconscience de l'enfant équivaut à la simple ignorance ce que peuvent produire ses actes, parce- qu'il ne prévoit pas au-delà de son présent.

Lorsqu'on le réprimande, c'est bien cette absence de prévision qui est en cause. B) Mais concernant les adultes, ceux-ci doivent maîtriser leurs actes et leurs conséquences : Sorti de l'enfance, le sujet devient au moins synonyme d'une alliance de raison, de volonté et de conscience : il lui appartient de maîtriser ses actes pour qu'ils paraissent moralement ou socialement acceptables, jusque dans leurs effets relativement éloignés.

Il n'est alors plus question de prétendre trouver refuge dans l'ignorance de ces derniers puisque la conduite raisonnable est précisément celle qui comprend à l'avance des enchaînements de causes et d'effets tels que, d'un acte, elle doit savoir et prévoir que pourra sortir telle conséquence néfaste. II) L'inconscient n'entrave-t-il pas l'exercice de la volonté du sujet : A) Il occupe les neuf dixièmes de l'espace psychique : Tel que l'analyse clairement Freud, l'inconscient peut bien sembler à même d'excuser des conduites mauvaises.

Tout d'abord par son importance quantitative : là ou les conceptions classiques de l'esprit accordaient la place principale à la conscience comme moyen de cadrer avec ce que l'on vit, Freud considère que c'est l'inconscient qui constitue les neuf dixièmes de l'appareil psychique.

Cela restreint aussitôt les capacités de la conscience à clarifier ou à maîtriser les conduites, tout autant qu'à en prévoir les conséquences éventuelles. B) L'inconscient paraît contredire l'exercice de la volonté : La liaison entre conscience et volonté est mise en cause : l'inconscient constitué de pulsions est par nature dynamique, et il ne se prive pas de contrarier la volonté dans nombre de ses manifestations.

Qui pourrait par exemple concevoir que son activité onirique est volontaire ? L'expérience la plus banale enseigne au contraire que les images de rêve ne dépendent en rien de la volonté du sujet : elles lui sont en quelque sorte imposées par une activité psychique, et donc interne, qu'il ne maîtrise pas.

Et il en va de même pour tous les phénomènes composant ce que Freud rassemble sous l'appellation de « psychopathologie de la vie quotidienne » : les lapsus, les actes manqués, les oublis échappent à la volonté, de sorte que le sujet qui en est victime ne peut s'en tenir pour authentiquement responsable. III) Il est nécessaire de refouler les pulsions : A) Pour certains rationalistes, l'inconscient freudien dégrade l'humanité : Lorsqu'Alain déclare que la psychanalyse n'est qu'une « psychologie de singe », c'est aussi le risque de disparitions des valeurs morales qu'il déplore : si, par leur insistance sur la libido, les théories de Freud rabaissent l'Homme au rang de l'animalité brute, il va de soi que l'existence de la morale devient problématique.

C'est que, pour Alain, l'inconscient tel que Freud le découvre est par nature l'ennemi de la raison et de la volonté.

Il est vrai que Freud souligne amplement, de son côté, que la satisfaction des pulsions est bien incompatible avec les exigences sociales, et c'est pourquoi leur refoulement est nécessaire pour l'équilibre individuel aussi bien que pour le maintien de la vie sociale : comment une société supporterait-elle que les conduites obéissent en permanence aux exigences de la libido ? B) Reconnaître l'inconscient relève de surcroît d'une exigence de lucidité : Aussi les conceptions de Freud ne s'accompagnent-elles pas dans tous les domaines des conséquences signifiant la nécessité d'un bouleversement général.

Sans doute constituent-elles la troisième grande révolution dans l'idée que l'homme peut se faire de lui-même mais cette révolution concerne en priorité la connaissance.

En affirmant la dimension scientifique de ses découvertes, Freud indique qu'il s'occupe avant tout de faire progresser la connaissance de l'homme et son fonctionnement psychique, ce qui n'implique pas nécessairement de conséquences dans le domaine de la moralité ou dans la conception que l'on peut avoir de la responsabilité. Pour conclure, agir inconsciemment est une expression que l'on ne peut accepter que si on l'applique à l'individu encore incapable de raisonnement, ou d'exercer une volonté articulée sur un véritable projet, c'est-à-dire à l'enfant, qui peut y trouver une manière d'excuser des conduites regrettables.

Mais l'adulte, s'il prétend continuer à agir inconsciemment, révèle, en réalité, soit son incapacité à considérer lucidement ce qui compose une conduite, soit une incompréhension de l'enseignement freudien.

En aucun cas, la formule ne peut être utilisée sérieusement pour se défaire d'une responsabilité qui demeure le signe de la maturité. Sujet désiré en échange : Hegel et la liberté. »

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