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Tout savoir sur Epicure et l'épicurisme.

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Epicure, le chef de l'épicurisme, naquit à Gargettos, près d'Athènes, vers 340. Il était fils d'un maître d'école et d'une magicienne. On dit que, chargé de prononcer les paroles qui accompagnaient les incantations de sa mère, il puisa dans cette fonction la haine des superstitions. Dès lors, il entreprit de travailler au bonheur de l'homme en l'affranchissant de la crainte des Dieux. Il s'initia à toutes les doctrines enseignées de son temps à Athènes, surtout à celle de Démocrite; et, à trente-six ans, il y ouvrit lui-même une école, dans un jardin sur la porte duquel il avait écrit le mot Volupté. Il y donnait l'exemple de la plus austère frugalité, ne dépensant même pas la plus petite pièce de monnaie par jour pour sa nourriture. Ses disciples furent nombreux et conservèrent longtemps sa mémoire. Ils l'entourèrent d'une sorte de culte, vénérant son image, et se réunissant, à des époques fixes, dans des repas communs pris en son honneur.  L'Epicurisme fut, au dire de Cicéron, la première doctrine philosophique que connurent les Romains. Elle leur plut surtout par son caractère pratique. Elle eut un grand nombre d'adeptes dans la classe élevée de la société : Pomponius Atticus, l'ami de Cicéron; Cassius, un des meurtriers de César; César lui-même, Horace, etc. Mais Lucrèce fut son principal représentant et contribua le plus à la répandre.

« I.

— LES PRINCIPAUX ÉPICURIENS Epicure, le chef de l'épicurisme, naquit à Gargettos, près d'Athènes, vers 340.

Il était fils d'un maître d'école et d'une magicienne.

On dit que, chargé de prononcer les paroles qui accompagnaient les incantations de sa mère, il puisa dans cette fonction la haine des superstitions.

Dès lors, il entreprit de travailler au bonheur de l'homme en l'affranchissant de la crainte des Dieux.

Il s'initia à toutes les doctrines enseignées de son temps à Athènes, surtout à celle de Démocrite; et, à trente-six ans, il y ouvrit lui-même une école, dans un jardin sur la porte duquel il avait écrit le mot Volupté.

Il y donnait l'exemple de la plus austère frugalité, ne dépensant même pas la plus petite pièce de monnaie par jour pour sa nourriture. Ses disciples furent nombreux et conservèrent longtemps sa mémoire.

Ils l'entourèrent d'une sorte de culte, vénérant son image, et se réunissant, à des époques fixes, dans des repas communs pris en son honneur. L'Epicurisme fut, au dire de Cicéron, la première doctrine philosophique que connurent les Romains.

Elle leur plut surtout par son caractère pratique.

Elle eut un grand nombre d'adeptes dans la classe élevée de la société : Pomponius Atticus, l'ami de Cicéron; Cassius, un des meurtriers de C ésar; César lui-même, Horace, etc.

Mais Lucrèce fut son principal représentant et contribua le plus à la répandre. II.

— Doctrine d'Epicure Diogène Laerce dit qu'Epicure avait composé plus de trois cents ouvrages; mais tous sont perdus.

Quelques fragments de son traité de la Nature ont été retrouvés en 1828 dans les fouilles d'Herculanum ; joints aux écrits des autres philosophes, ils permettent de nous faire une idée de sa doctrine.

Epicure dédaigne les spéculations des écoles précédentes et se propose de travailler au bonheur de l'homme.

Sa philosophie est avant tout pratique et morale. Pour rendre l'homme heureux, il faut éloigner de lui les causes de troubles et de misères.

Or, suivant Epicure, trois choses contribuent ici-bas au malheur de l'homme : les erreurs de son esprit, l'ignorance des lois du monde, et les troubles des passions.

La philosophie doit remédier à ces trois causes de malheur : elle doit d'abord donner à l'homme le moyen de diriger son esprit dans la recherche delà vérité, en lui enseignant à discerner le vrai du faux, ce sera l'objet de la logique: en second lieu, elle doit dissiper les vaines terreurs que causent à l'homme la croyance aux Dieux et la croyance en notre immortalité, ce sera l'objet de la physique; enfin, elle doit nous apprendre à nous conduire au milieu des passions et à trouver le calme qui fait le bonheur, ce sera l'objet de la morale. 1.

Logique.

— La logique d'Epicure porte le nom de canonique, parce qu'elle est un recueil de règles ou de canons sur le légitime emploi de la raison. Le véritable élément de la connaissance, c'est la sensation qui provient du contact des sens avec les atomes.

L'erreur ne peut jamais être dans la sensation.

Mais elle peut se trouver dans la généralisation que nous faisons de nos sensations.

Cette généralisation est appelée par Epicure anticipation ; comme elle est notre ouvrage, nous devons la surveiller et la confronter souvent avec la sensation qui est son modèle. 2.

Physique.

— Epicure semble avoir emprunté sa physique à Démocrite, mais il lui a donné un but moral. L'homme ne doit pas être tourmenté par la crainte des Dieux et par la pensée d'une vie future.

Car les Dieux ne sont pour rien dans son existence, ni dans celle du monde, et ils ne s'occupent pas de lui, vivant heureux et oisifs en dehors de l'univers.

Le monde vient seulement de la rencontre des atomes.

Les atomes éternels et incréés se meuvent dans le vide et dans des directions parallèles les uns aux autres.

Mais comme ils sont doués d'un pouvoir de déclinaison (clinamen, d'après Lucrèce), ils peuvent, à un moment donné, changer leur direction et par là même arriver à se rencontrer.

De leur rencontre, viennent tous les êtres que comprend l'univers. L'homme lui-même n'est qu'un composé d'atomes, dans son corps et dans son âme.

L'âme est formée d'atomes ronds, plus Ans et plus délicats que les autres; comme ces atomes conservent la faculté de modifier leur mouvement, l'âme peut résister aux impulsions qui la meuvent.

Mais cette âme est un composé qui se désagrège à la mort, l'homme n'a donc rien à craindre d'une vie future qui n'existe pas. 3.

Morale.

— Le souverain bien de l'homme est le plaisir.

Mais le plaisir est de deux sortes : il y a le plaisir en mouvement et le plaisir stable, en repos.

Le premier est le plus vif, mais il est mêlé de peine; l'autre est d'un ordre supérieur, il donne vraiment à l'âme le calme et le repos, il consiste surtout dans l'absence de douleur.

Il ne faut donc pas prendre n'importe quelle jouissance, mais il faut choisir celle qui ne mettra pas en péril la paix de l'âme; car le bien par excellence c'est l'ataraxie. La vertu assurera à l'homme cette ataraxie; c'est pour cela qu'il faut être vertueux.

C ar la vertu n'a pas d'excellence par elle-même, elle n'est qu'un moyen de bonheur.

La prudence est la première de toutes les vertus, elle servira à discerner les vrais plaisirs ; la tempérance apprendra à résister aux faux plaisirs ; la force sera un bouclier contre l'adversité; la justice donnera le droit de jouir des avantages de la société, et mettra à l'abri des injustices d'autrui ; l'amitié produira des fruits délicieux par l'appui et les consolations qu'elle apportera. Pour l'épicurien, toute vertu est un calcul, dans lequel il cherche ce qui lui apportera le plus de tranquillité, avec le moins de douleur possible.

Ce qu'il faut éviter, c'est la souffrance; dût-il pour cela aller jusqu'à la frugalité et au désintéressement, le sage épicurien les pratiquera.

Par le même principe, il s'interdira toute action, tout mouvement qui compromettrait son ataraxie : il ne prendra pas part aux affaires publiques, il ne se chargera pas d'une famille, il se repliera sur lui-même, vivant, s'il le peut, à l'état d'un atome ignoré. III.

— APPRÉCIATION Quand on examine la doctrine morale d'Epicure, on est tenté de la trouver plutôt triste que séduisante.

« Elle est austère, » dit Sénèque.

Prescrivant le désintéressement, la frugalité, la modération des désirs, elle semble opposée aux passions.

On dit qu'Epicure en mettait les principes en pratique. Mais il faut reconnaître cependant que la morale d'Epicure est sans valeur, car : 1° elle fausse la notion de la vertu en la réduisant à être l'instrument du plaisir; 2° elle supprime tout principe d'obligation, en faisant de la jouissance égoïste le motif de toute action ; 3° elle autorise tous les excès, c'est pour cela que le nom d'épicurien est devenu synonyme de débauché ; car qui fixera la nature des plaisirs qu'on doit se permettre? 4° elle lue toute activité, en prêchant le désintéressement des affaires et en supprimant les plus nobles motifs que nous ayons d'agir; c'est la ruine de tout progrès et de toute civilisation. Le succès qu'obtint cette doctrine en Grèce et à Rome prouve ce qu'on devait en attendre.

Chez les Grecs, elle fut le masque de toutes les passions; chez les Romains, elle servit à cacher la corruption, mais elle ne fit qu'accroître la décadence.

« Je crois, dit Montesquieu, que la secte d'Epicure, qui s'introduisit à Rome sur la fin de la République, contribua beaucoup à gâter le cœur et l'esprit des Romains. Les Grecs en avaient été infatués avant eux ; aussi avaient-ils été plus tôt corrompus.

». »

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