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Tout savoir sur ÉPICTÈTE & MARC-AURÈLE...

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ÉPICTÈTE 50-130 MARC-AURÈLE 121-180    L'histoire n'est pas toujours un mauvais filtre : il arrive qu'elle garde l'essentiel ; nous n'avons retenu du stoïcisme, jusqu'à faire de ce mot un nom commun, que la morale, et ne nous sont parvenues intactes que les oeuvres d'un esclave affranchi, Epictète, et d'un empereur, Marc-Aurèle. Nous avons donc oublié que le stoïcisme tire son nom du Portique (en grec, Stoa), à Athènes, galerie ornée de peintures de Polygnote où enseignait Zénon de Citium (332-262 av. J.-C.), fondateur de l'école vers 300 avant Jésus-Christ. Lui succèdent Cléanthe d'Assos (312-232) et Chrysippe (277204). Né à Cittium, dans l'île de Chypre, Zénon est d'origine phénicienne ; Cléanthe est né en Troade et Chrysippe en Cilicie ; ces «orientaux» étonnent les Athéniens : Zénon parle une langue pleine de barbarismes, Cléanthe a été porteur d'eau, Chrysippe aurait été coureur de fond. Leur doctrine gagne tout le monde hellénisé : Alexandrie, Babylone. C'est Panétius de Rhodes (180- 110) qui fait connaître le stoïcisme à Rome ; son élève, Posidonius d'Apamée (135-51), né en Syrie, est le maître de Cicéron qui vient suivre son enseignement à Rhodes en 77.  Tandis que l'Empire romain est au faîte de sa puissance, les crimes, les révolutions de palais, la décadence du civisme et des moeurs se précipitent. Les règnes de Néron, de Domitien sont marqués par la persécution des penseurs et des écrivains.   ÉPICTÈTE. Remarquable prédestination pour un homme qui entreprit de n'appartenir qu'à soi, le nom même d'Épictète signifie «celui qui a été acheté» (épiktêtos). Né en Phrygie (Asie mineure), esclave d'un maître cruel et stupide – Épaphrodite, lui-même ancien affranchi de Néron –, Épictète eut à subir ses mauvais traitements. Pris dans un instrument de torture, il avertit calmement son maître : «tu vas me casser la jambe». Quand se produit l'événement, il se borne à constater, sans se départir de sa tranquillité : «je te l'avais bien dit». Affranchi à la mort d'Épaphrodite, Épictète, sans être ébloui par cette nouvelle condition, suit les leçons du stoïcien Musonius Rufus, puis, les philosophes étant expulsés de Rome par l'Empereur Domitien, il ouvre une école à Nicopolis, en Épire (au Nord-Ouest de la Grèce, non loin de Corfou). Il y vécut très modestement, recevant en 124 la visite de l'Empereur Hadrien. Epictète, comme Socrate qu'il prend pour modèle, n'écrivit pas. Mais son élève, Arrien, recueillit ses paroles ; il nous reste de ses Entretiens les quatre premiers livres, ainsi qu'un recueil de pensées, le Manuel (encheïridion, ce que l'on a en main, manuel, mais aussi arme, poignard).   MARC-AURÈLE. Fils adoptif de l'Empereur Antonin, Marc-Aurèle passa sa jeunesse à étudier la philosophie ; il lut Épictète. A la mort d'Antonin (161), il devient empereur. Les menaces et les catastrophes qui s'abattent sur le monde romain ne le détournent pas de la méditation quotidienne ; au milieu des soucis et des deuils, il écrit, en grec, des Pensées dont le titre significatif est «pour moi-même». Il meurt au cours d'une campagne sur les bords du Danube, alors que sévit la peste.  Cette philosophie convient aux temps malheureux, mais elle apprend aussi à rester lucide dans les temps heureux. C'est un tout, où l'on peut distinguer une Logique (théorie de la connaissance), une Physique (théorie de la Nature), une Morale (théorie de l'action), mais les deux premières parties du système s'ordonnent à la troisième ; la sagesse en est l'idée régulatrice ; comprendre l'ordre du monde (cosmos) sans prétendre à tout prix le changer (malgré le chaos de mes désirs), cela s'appelle justice. En ce sens, le stoïcisme est la philosophie même. Et quand le monde semble par trop hostile, garder la bonne distance, surtout la distance à soi, voilà tout l'accomplissement de la philosophie, ainsi que l'épreuve le révèle. Alors, sans reprendre entièrement la logique ni la physique, appliquer leurs leçons, tel est le stoïcisme d'Épictète et de Marc-Aurèle. Et beaucoup plus tard, quand la science des stoïciens sera supplantée par d'autres sciences, c'est ce stoïcisme qui restera.

« ÉPICTÈTE 50-130 MARC-AURÈLE 121-180 L'histoire n'est pas toujours un mauvais filtre : il arrive qu'elle garde l'essentiel ; nous n'avons retenu du stoïcisme, jusqu'à faire de ce mot un nom commun, que la morale, et ne nous sont parvenues intactes que les oeuvres d'un esclave affranchi, Epictète, et d'un empereur, Marc-Aurèle.

Nous avons donc oublié que le stoïcisme tire son nom du Portique (en grec, Stoa), à Athènes, galerie ornée de peintures de Polygnote où enseignait Zénon de Citium (332262 av.

J.-C.), fondateur de l'école vers 300 avant Jésus-Christ.

Lui succèdent Cléanthe d'Assos (312-232) et Chrysippe (277204).

Né à Cittium, dans l'île de Chypre, Zénon est d'origine phénicienne ; Cléanthe est né en Troade et Chrysippe en Cilicie ; ces «orientaux» étonnent les Athéniens : Zénon parle une langue pleine de barbarismes, Cléanthe a été porteur d'eau, Chrysippe aurait été coureur de fond.

Leur doctrine gagne tout le monde hellénisé : Alexandrie, Babylone.

C'est Panétius de Rhodes (180- 110) qui fait connaître le stoïcisme à Rome ; son élève, Posidonius d'Apamée (135-51), né en Syrie, est le maître de Cicéron qui vient suivre son enseignement à Rhodes en 77. Tandis que l'Empire romain est au faîte de sa puissance, les crimes, les révolutions de palais, la décadence du civisme et des moeurs se précipitent.

Les règnes de Néron, de Domitien sont marqués par la persécution des penseurs et des écrivains. ÉPICTÈTE.

Remarquable prédestination pour un homme qui entreprit de n'appartenir qu'à soi, le nom même d'Épictète signifie «celui qui a été acheté» (épiktêtos).

Né en Phrygie (Asie mineure), esclave d'un maître cruel et stupide – Épaphrodite, lui-même ancien affranchi de Néron –, Épictète eut à subir ses mauvais traitements.

Pris dans un instrument de torture, il avertit calmement son maître : «tu vas me casser la jambe».

Quand se produit l'événement, il se borne à constater, sans se départir de sa tranquillité : «je te l'avais bien dit».

Affranchi à la mort d'Épaphrodite, Épictète, sans être ébloui par cette nouvelle condition, suit les leçons du stoïcien Musonius Rufus, puis, les philosophes étant expulsés de Rome par l'Empereur Domitien, il ouvre une école à Nicopolis, en Épire (au Nord-Ouest de la Grèce, non loin de Corfou).

Il y vécut très modestement, recevant en 124 la visite de l'Empereur Hadrien.

Epictète, comme Socrate qu'il prend pour modèle, n'écrivit pas.

Mais son élève, Arrien, recueillit ses paroles ; il nous reste de ses Entretiens les quatre premiers livres, ainsi qu'un recueil de pensées, le Manuel (encheïridion, ce que l'on a en main, manuel, mais aussi arme, poignard). MARC-AURÈLE.

Fils adoptif de l'Empereur Antonin, Marc-Aurèle passa sa jeunesse à étudier la philosophie ; il lut Épictète.

A la mort d'Antonin (161), il devient empereur.

Les menaces et les catastrophes qui s'abattent sur le monde romain ne le détournent pas de la méditation quotidienne ; au milieu des soucis et des deuils, il écrit, en grec, des Pensées dont le titre significatif est «pour moi-même».

Il meurt au cours d'une campagne sur les bords du Danube, alors que sévit la peste. Cette philosophie convient aux temps malheureux, mais elle apprend aussi à rester lucide dans les temps heureux. C'est un tout, où l'on peut distinguer une Logique (théorie de la connaissance), une Physique (théorie de la Nature), une Morale (théorie de l'action), mais les deux premières parties du système s'ordonnent à la troisième ; la sagesse en est l'idée régulatrice ; comprendre l'ordre du monde (cosmos) sans prétendre à tout prix le changer (malgré le chaos de mes désirs), cela s'appelle justice.

En ce sens, le stoïcisme est la philosophie même.

Et quand le monde semble par trop hostile, garder la bonne distance, surtout la distance à soi, voilà tout l'accomplissement de la philosophie, ainsi que l'épreuve le révèle.

Alors, sans reprendre entièrement la logique ni la physique, appliquer leurs leçons, tel est le stoïcisme d'Épictète et de Marc-Aurèle.

Et beaucoup plus tard, quand la science des stoïciens sera supplantée par d'autres sciences, c'est ce stoïcisme qui restera. 1.

LA NATURE, LA CONNAISSANCE HUMAINE On peut comparer la philosophie à un verger : la clôture, c'est la logique, la terre et les arbres, c'est la physique, le fruit, la morale. «Il n'y a qu'un seul monde, qui comprend tout, un seul dieu, qui est dans tout, une seule matière, une seule loi, une raison commune à tous les êtres doués d'intelligence, enfin une vérité unique», (Marc-Aurèle VII, 2). Ce monde est un grand vivant, doué de raison.

Contrairement à ce que racontent les mythologies, il n'y a qu'un dieu, qui tel un souffle ou un feu se répand à travers la matière.

L'enchaînement de toutes choses, continu et éternel, peut encore être appelé «destin», ou Providence: entre les êtres qui composent le monde, entre les parties de chaque être vivant, l'interdépendance ne peut être sans raison, comme le donne à penser l'organisation du plus humble vivant.

Le monde, matériel, est régi par la finalité, sans nul hasard ni désordre.

Chaque composante exerce une action sur toutes les autres et en reçoit une de toutes.

A l'image des phénomènes de la vie, des saisons, de la respiration, un éternel retour caractérise la Nature. Le temps est donc irréel ; ce qui ne veut pas dire qu'il ne joue aucun rôle.

Mais le matérialisme stoïcien fait un statut particulier aux «incorporels» : le temps, par exemple, n'est pas un corps ; seul le présent existe, mais il ne consiste qu'en la limitation du passé et du futur qui n'existent pas ; le lieu (ce qui est occupé par un corps) et le vide (en dehors du monde plein et corporel) sont également des «incorporels».

Enfin, dans le langage, il faut distinguer ce qui est corporel, le son, et l'«exprimable» (nous dirions le «signifié»), incorporel : un homme qui comprend le grec et un homme qui ne le comprend pas entendent le même son, mais pour le second, le mot n'a pas de sens.

La chose et le mot sont des corps, mais l'exprimable qui peut être vrai ou faux est incorporel. En tant qu'être vivant, l'homme, comme les animaux, a une âme.

Matérielle, elle pâtit avec le corps lorsqu'il est malade ou lésé ; mais cette âme -humaine est douée d'une capacité de compréhension et d'un principe de conduite,. »

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