Aide en Philo

Tout savoir n'est-il au fond qu'une croyance ?

Extrait du document

Quelle différence peut-il y avoir entre savoir et croire que l'on sait ? La différence consiste essentiellement dans  le fait que celui qui sait détient une vérité, tandis que celui qui croit quelque chose ou croit en quelque chose peut se tromper. Pourtant, il arrive aussi que l'on croit avec justesse : la croyance ne se distingue donc pas du savoir par le simple critère de la vérité. Il semblerait plutôt que la différence provienne de l'attitude face à l'objet de connaissance : celui qui croit adhère à une thèse pour des raisons psychologiques, tandis que celui qui détient un savoir ne le détient pas pour des raisons personnelles et propres à sa personne, mais bien par la réflexion, l'étude, par un lien entièrement extérieur et objectif. Celui qui croit s'implique dans sa croyance, tandis que celui qui sait est dans un rapport extérieur à ce qu'il sait. Le savoir de quelqu'un ne nous apprend rien sur sa personnalité (si ce n'est sur ses centres d'intérêts), tandis que ses croyances si.                 Pourtant, cette distinction n'est pas toujours aussi claire qu'il y parait : en effet, trouver un savoir pur de toute adhésion psychologique n'est pas si évident que cela. Même les théories scientifiques reposent en grande partie sur des hypothèses et des postulats qu'on ne saurait démontrer et qui supposent une part d'adhésion. De même que nulle croyance n'est ressentie comme une simple connaissance psychologique : elle s'appuie toujours sur des bases objectives, du moins pour celui qui croit. Il ne va pas de soi par exemple qu'un sujet fasse toujours la part entre ses croyances et son savoir. Tout au plus peut-il reconnaitre qu'il « croit » au sens ou il n'est pas sûr (je crois que j'ai oublié d'éteindre la lumière), mais pas qu'il croit au sens fort, c'est-à-dire au sens de certitude intime (je crois en Dieu). La croyance-certitude sera toujours confondue, dans l'esprit d'un sujet avec le savoir, puisque par définition il est certain de ce qu'il croit.                 Or, la différence conceptuelle vient ici jeter un trouble sur cette confusion de fait : si nos croyances se présentent comme des savoirs, ne peut-on pas affirmer au contraire que nos savoirs ne sont rien d'autres que nos croyances les plus solidement ancrées, ou les croyances les plus largement partagées et par là même les moins contestées ? La difficulté qu'il y a de fait à distinguer un savoir d'une croyance ne vient-elle pas dissoudre la distinction et jeter le doute sur l'existence d'un savoir ? Existe-t-il un savoir objectif et vrai, dépouillé de toute croyance ?

« Introduction Quelle différence peut-il y avoir entre savoir et croire que l'on sait ? La différence consiste essentiellement dans le fait que celui qui sait détient une vérité, tandis que celui qui croit quelque chose ou croit en quelque chose peut se tromper.

Pourtant, il arrive aussi que l'on croit avec justesse : la croyance ne se distingue donc pas du savoir par le simple critère de la vérité.

Il semblerait plutôt que la différence provienne de l'attitude face à l'objet de connaissance : celui qui croit adhère à une thèse pour des raisons psychologiques, tandis que celui qui détient un savoir ne le détient pas pour des raisons personnelles et propres à sa personne, mais bien par la réflexion, l'étude, par un lien entièrement extérieur et objectif.

Celui qui croit s'implique dans sa croyance, tandis que celui qui sait est dans un rapport extérieur à ce qu'il sait.

Le savoir de quelqu'un ne nous apprend rien sur sa personnalité (si ce n'est sur ses centres d'intérêts), tandis que ses croyances si. Pourtant, cette distinction n'est pas toujours aussi claire qu'il y parait : en effet, trouver un savoir pur de toute adhésion psychologique n'est pas si évident que cela.

Même les théories scientifiques reposent en grande partie sur des hypothèses et des postulats qu'on ne saurait démontrer et qui supposent une part d'adhésion.

De même que nulle croyance n'est ressentie comme une simple connaissance psychologique : elle s'appuie toujours sur des bases objectives, du moins pour celui qui croit.

Il ne va pas de soi par exemple qu'un sujet fasse toujours la part entre ses croyances et son savoir.

Tout au plus peut-il reconnaitre qu'il « croit » au sens ou il n'est pas sûr (je crois que j'ai oublié d'éteindre la lumière), mais pas qu'il croit au sens fort, c'est-à-dire au sens de certitude intime (je crois en Dieu).

La croyance-certitude sera toujours confondue, dans l'esprit d'un sujet avec le savoir, puisque par définition il est certain de ce qu'il croit. Or, la différence conceptuelle vient ici jeter un trouble sur cette confusion de fait : si nos croyances se présentent comme des savoirs, ne peut-on pas affirmer au contraire que nos savoirs ne sont rien d'autres que nos croyances les plus solidement ancrées, ou les croyances les plus largement partagées et par là même les moins contestées ? La difficulté qu'il y a de fait à distinguer un savoir d'une croyance ne vient-elle pas dissoudre la distinction et jeter le doute sur l'existence d'un savoir ? Existe-t-il un savoir objectif et vrai, dépouillé de toute croyance ? I. Savoir et croyance s'excluent mutuellement A. Ce qui rend délicat la distinction en fait de la croyance et du savoir, c'est essentiellement leur exclusion asymétrique: le savoir se revendique comme tel à l'exclusion de toute croyance, mais la croyance, quand à elle, ne se présente pas comme la négation d'un savoir.

On peut tout à fait se dire « je ne crois pas cela, mais je le sais », et l'on aura alors l'impression d'atteindre un niveau de connaissance supérieur, tandis que personne ne revendique sa croyance cop un non-savoir (sauf s'il parle de croyance au sens faible d'incertitude, mais en aucun cas s'il en parle au sens fort évoqué plus haut et qui seul nous intéresse ici). B. Une croyance qui se définit comme une croyance s'autodétruit.

C'est ce qu'énonce Sartre dans » l'Être et le Néant, (I, 2 : la mauvaise foi, sous-partie : « la " foi " de la mauvaise foi ») : « si je crois que mon ami Pierre m'aime, cela veut dire que son amitié me parait comme le sens de tous ses actes.

La croyance est une conscience particulière du sens des actes de Pierre.

Mais si je sais que je crois, la croyance m'apparaît comme pure détermination subjective, sans corrélatif extérieur ».

Autrement dit, si une croyance se définit par les motivations subjectives, la simple prise de conscience de ces motivations détruit la croyance : ce qui n'est alors toujours pas un savoir, mais ce n'est même plus une croyance, et cela retombe dans le simple domaine du doute.

En effet, voici comment Sartre continue : « croire c'est savoir qu'on croit et savoir qu'on croit, c'est ne plus croire » C. Mais il y a peut-être un présupposé dans cette analyse, qui en fausse la donne : la croyance est-elle réellement un degré moindre de connaissance ? en effet, Sartre semble sous-entendre qu'une croyance est quelque chose de subjectif, et par conséquent quelque chose qui n'est pas objectif.

Or, toute la difficulté est là : est-ce parce que c'est subjectif que cela ne peut pas être objectif ? Autrement dit, toute croyance est-elle amenée à être dépassée ou niée par un savoir ? Ne peut-on pas au contraire envisager que les deux soient à la fois complémentaires tout en relevant d'ordres distincts ? II. La croyance n'est pas une connaissance inférieure au savoir, mais une connaissance distincte de lui. A. Pascal dans De l'art de persuader montre qu'il n'y a pas hiérarchie – du moins pas au sens où nous l'avons entendu jusqu'ici – mais tout simplement hétérogénéité et complémentarité des deux ordres.

En effet, on ne saurait acquérir une connaissance à l'aide la seule raison : la raison agit par démonstration, sans aucun assentiment subjectif, nous l'identifierons donc comme un instrument de savoir.

Or, on ne saurait tout démontrer.

Il existe ce qu'il appelle des « mots primitifs » que l'on ne saurait définir (on peut, mais cette définition, loin d'éclaircir quelque chose la rendrait plus confuse encore).

Un des exemples qu'il donne, c'est le « temps » : c'est là un mot très difficile à définir, et pourtant, chacun sait de quoi on parle lorsqu'on parle du temps.

Il en est de même pour le nombre ou l'espace : leur connaissance ne provient pas du raisonnement ni de la démonstration mais de ce que Pascal nomme la « lumière naturelle ». B. Pourtant, ce n'est pas parce qu'on ne peut le démontrer que ces concepts relèvent d'une imperfection qui viendrait miner les fondements de la science.

Loin de là, l'impossibilité de les définir et de les démontrer est une perfection, puisqu'elle évite l'épuisement.

La lumière naturelle correspond à ce que Pascal nomme « le. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles