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Tout savoir est-il un pouvoir

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« Tout savoir est-il un pouvoir? AVERTISSEMENT Ne pas effectuer de contresens sur l'expression «tout savoir».

Il s'agit, non pas de «savoir tout» (ce qui, étant impossible, rend la question absurde), mais bien de «n'importe quel savoir». INTRODUCTION Les rapports entre le savoir et le pouvoir sont depuis longtemps un problème philosophique.

Avec le développement de la science, la question est souvent posée — d'un point de vue positiviste — de façon plus restreinte, mais il s'agit ici d'examiner si n'importe quel savoir confère immédiatement un pouvoir. I.

SAVOIR EMPIRIQUE ET SAVOIRS SYMBOLIQUES — Dès son enfance, l'individu doit acquérir des savoirs élémentaires: savoir marcher, savoir nager, etc., qui facilitent les utilisations de son propre corps. — De tels savoirs confèrent: • une autonomie physique; • un statut social élémentaire; c'est-à-dire la possibilité de s'inscrire dans une organisation sociale. — Les savoirs plus élaborés (savoir parler, savoir lire) fortifient cette intégration sociale, mais constituent déjà une hiérarchie: celui qui sait lire a davantage de possibilités que l'analphabète (même si cela ne lui confère pas nécessairement un pouvoir s'exerçant sur ce dernier). — Les savoirs symboliques (relatifs à l'usage du langage — oral ou écrit) prennent en effet en charge tous les autres modes possibles de savoir et deviennent par là les indices de positions sociales «supérieures» ou privilégiées. Si je «sais» plus que mon voisin, cela transparaît aussi dans mon langage et ce dernier confirme que je dispose de davantage de «pouvoir» (dans le double sens: je peux faire plus de choses; je suis socialement mieux placé) que lui. II.

LE SAVOIR SCIENTIFIQUE — Très tôt dans son histoire (cf.

Bacon ou Descartes) il est conçu comme lié au pouvoir de l'homme sur la nature.. — Le point de vue positiviste réaffirme cette relation. — Dans la société contemporaine, on constate que la relation doit désormais être analysée de façon plus subtile : ce que la science risque d'assurer, c'est moins le pouvoir des hommes sur la nature que celui de certains hommes sur les autres (risque de la technocratie au sens strict). — En croyant pouvoir s'affirmer « libre » ou sans autre but que la connaissance, la science est en fait offerte à qui voudra ou pourra (financièrement) la prendre.

Ainsi se constitue un triangle économie-science-industrie; cf.

les analyses de Michel Serres sur la thanatocratie. III.

QUE MANQUERAIT-IL AU SAVOIR POUR DEVENIR POUVOIR? — Si l'on répondait négativement à la question, cela supposerait qu'il y a dans le pouvoir des éléments que le savoir ne possèderait pas, et renverrait à l'opposition classique entre théorie et pratique. — Cette opposition n'est pas philosophiquement tenable d'un point de vue dialectique (Hegel, cf.

la pratique de Marx).

Et c'est même dès Platon que le savoir (pas encore scientifique au sens contemporain, mais bien philosophique) envisage très sereinement sa nécessaire liaison avec le pouvoir: lorsque le philosophe « sort de la caverne », c'est pour prendre en main les affaires de la Cité. — Plus précisément, la prétendue distinction entre savoir scientifique pur et pouvoir technique ou militaire apparaît de nos jours comme tout à fait irréaliste: une recherche scientifique est estimée en fonction de son efficacité et c'est bien d'un univers techno-scientifique que nous devons parler (cf.

entre autres, Lyotard). CONCLUSION Du pouvoir sur soi-même (par la disponibilité accrue du corps) au pouvoir politique, c'est à tous les niveaux que le savoir est étroitement lié aux différentes sortes de pouvoir.. »

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