Tout pouvoir s'accompagne-t-il de violence ?
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«
Termes du sujet:
POUVOIR:
Du latin populaire potere, réfection du latin classique posse, «être capable de ».
1° Verbe : avoir la possibilité, la faculté de.
2° Avoir le droit, l'autorisation de.
3° Nom : puissance, aptitude à agir.
4° En politique, ressource qui permet à quelqu'un d'imposer sa volonté à un autre, autorité.
5° Employé seul (le
pouvoir), les institutions exerçant l'autorité politique, le gouvernement de l'État.
Violence: Mal physique ou moral infligé délibérément à autrui.
Violent: Qui s'impose à un être contrairement à sa
nature.
Qui s'exerce avec une grande force (une passion violente).
Introduction
Il existe des pouvoirs violents, c'est un fait.
Dans un régime dictatorial, le pouvoir du souverain est nécessairement
violent dans la mesure où les gouvernés subissent l'autorité sans pouvoir la contrôler, ni l'infléchir, ni la refuser.
De
même, celui qui est l'esclave d'un autre ne peut que
subir la violence que son maître exerce sur lui en vertu de son pouvoir.
La violence du pouvoir n'est-elle
qu'accidentelle, due à la personnalité de ceux qui ont le pouvoir à tel moment? Est-ce l'exercice du pouvoir qui
s'accompagne nécessairement de violence ou est-ce le fondement même de tout pouvoir qui inclut nécessairement
une certaine violence? La question qui se pose dès lors inévitablement est celle de la consubstantialité du pouvoir et
de la violence: la violence participe-t-elle de la définition même du pouvoir? S'il n'est pas possible d'envisager un
pouvoir sans violence, alors le projet démocratique est compromis dans la mesure où il est vain d'envisager que les
actes du pouvoir soient l'expression d'une volonté générale.
La violence s'oppose en effet à la volonté, et la
question est de savoir si l'on peut imaginer un pouvoir qui ne contraigne pas, un pouvoir qui n'aille contre aucune
volonté.
1.
Oui, tout pouvoir s'accompagne de violence.
A.
La sortie de l'état de nature: la confiscation de la liberté sans frein.
La présence d'une forme de pouvoir suppose l'existence d'un état de droit, l'introduction d'une certaine hiérarchie et
d'un certain ordre au sein d'une société organisée.
Pour réfléchir à l'absence de tout pouvoir, il faut avoir recours à
la fiction de l'état de nature.
Il s'agit en effet d'une fiction dans la mesure où les hommes ne se sont certainement
jamais retrouvés dans une telle situation au cours de leur histoire; cependant, imaginer un tel état permet
d'envisager l'absence du pouvoir pour mieux en comprendre l'établissement et la teneur.
L'état de nature désigne la
«co-présence» d'individus sans règles de droit organisant les comportements réciproques.
Que se passe-t-il dans
l'état de nature? Livré à ses seuls désirs, l'individu n'agit qu'en vue de lui-même, il est doué d'une liberté sans frein,
sans borne et, si la liberté d'autrui constitue un obstacle à la sienne, il fera tout pour l'éliminer.
L'état de nature est
le règne de la violence pure, parfois gratuite.
L'institution d'un état de droit peut dès lors être comprise comme le
passage d'un état où seule la force et la violence régissent les interactions entre individus à un état où cette
violence est contenue et réduite par la présence du droit.
C'est en tout cas ainsi que Hobbes dans le Léviathan
décrit le passage à l'état de droit.
Or Hobbes attribue la cause de la violence dans l'état de nature au déploiement
naturel de la liberté des individus.
Aussi, pour assurer une forme de sécurité,
et c'est bien le but de l'établissement d'un état de droit qui suppose la
construction d'un pouvoir pour faire appliquer ce droit, Hobbes considère-t-il
que les individus doivent confier leur liberté au souverain, au Léviathan.
L'établissement de l'état de droit, comme institution d'un pouvoir reconnu, se
fait en vue de la suppression, ou du moins de la réduction de la violence
naturelle.
En retour, le pouvoir limite la liberté des individus (dans les
propositions de Hobbes, il la restreint même au maximum), et l'on peut parler
en ce sens de violence inhérente au pouvoir dans la mesure où celui-ci
s'oppose aux volontés individuelles.
En dehors de l'Etat, les hommes jouissent d'une liberté absolue.
Mais chacun
disposant de la même liberté absolue, tous sont exposés à subir des autres ce
qui leur plaît.
La constitution d'une société civile et d'un État oblige à une
nécessaire limitation de la liberté : il n'en reste que ce qu'il faut pour vivre
bien et vivre en paix.
Chacun perd de sa liberté cette part qui pouvait le
rendre redoutable pour autrui.
Dans l'état de nature, chacun jouissait d'un
droit illimité sur toutes choses, mais tous disposant du même droit, nul n'était
assuré de ne rien posséder durablement.
L'État garantira la sécurité d'un droit
de propriété limité.
Enfin, dans l'état de nature, chacun était exposé à la
menace d'autrui : il pouvait être à tout instant dépouillé de ses biens et tué.
Dans une société civile, seul le pouvoir
de l'État s'arroge ce droit.
Un Etat capable de protéger tous les citoyens de la violence des uns et des autres, de
garantir la sécurité de leurs corps et de leurs biens, de leur assurer la jouissance des fruits de leur travail, de faire
régner la paix, la civilité, le savoir et la sociabilité ne peut être que despotique.
Pour sortir les hommes de l'empire
des passions, de la guerre, de la crainte, de la pauvreté, de la solitude, de l'ignorance et de la férocité, l'État est
une puissance absolue, instituée en vue de la paix et de la sécurité.
"Quiconque a droit à la fin, a droit aux moyens.".
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