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Tout n'est il affaire que d'interprétation ?

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« Analyse du sujet : Le sujet prend la forme d'une question fermée : il s'agira donc d'y répondre par « oui » ou « non », avec toutes les nuances qui s'imposent, au terme d'une argumentation documentée. La notion qui pose le plus de difficultés est celle d'interprétation : elle est en effet au coeur de nombreux débats philosophiques, ce qui empêche de trancher radicalement son statut.

Elle lègue donc des questions qui rendent délicate la possibilité de la définir. L'interprétation, dans le langage courant, s'oppose d'abord au fait, en ce que ce dernier s'impose sans justement nécessiter aucune interprétation. Elle est également proche de la notion de compréhension.

Toute compréhension est-elle cependant une interprétation ? P ar exemple, lorsqu'on me parle, ai-je besoin d'interpréter chaque mot ou bien est-ce que je les comprends directement. L'interprétation s'entend en deux sens : elle est d'abord le processus qui tente de dévoiler un sens, une signification.

elle n'a alors pas le caractère de l'immédiateté, contrairement par exemple à l'intuition ou la perception.

Elle peut deuxièmement désigner le résultat du processus, c'est-à-dire, la signification elle-même. La notion de « tout » est également problématique : faut-il y inclure le non-être par exemple, c'es t-à-dire ce qui n'es t pas ? Problématisation : Le problème qui se pose d'abord est c elui du s tatut des objets de l'interprétation : peuvent-ils être n'importe quel objet.

N'y a-t-il pas au c ontraire des objets qui se donnent sans plus, sans que soit nécessaire une interprétation, comme les objets de notre perception sensible ? Formulé autrement, notre problème revient à demander : I – Y a-t-il des objets qui livrent toujours déjà leur signific ation ? Inversement : II – Y a-t-il des objets qui résistent à toute interprétation ? Proposition de plan : I – Y a-t-il des objets qui livrent toujours déjà leur signification ? Husserl donne comme mot d'ordre à la discipline philosophique, ou science s 'il est permis de l'appeler ainsi, qu'il invente et nomme phénoménologie : « aux choses mêmes ! ».

C 'est l'injonction d'un retour aux choses mêmes qui commande son entreprise phénoménologique, amorcée dans les Recherches logiques.

Il y a donc possibilité en droit d'accéder aux c hoses mêmes, mais cet accès est-il toujours interprétatif ou bien un ac cès direct, intuitif (au sens courant du terme), est-il possible ? Husserl montre que la perception, l'imagination, etc., sont autant de proces sus qui accèdent aux choses même.

Le trait commun est d'être des processus intentionnels.

Il faut alors entendre l'intentionnalité comme le fait d'être orienté vers un objet.

La perception est-elle un mode d'accès non interprétatif aux choses mêmes, ou, pour poser la question dans les termes de notre sujet, les objets de la perception requièrent-ils d'être interprétés pour livrer leur signification ? Husserl montre que l'intuition, contrairement à la conception traditionnelle de celle-ci, est elle-même un processus : elle n'est donc pas immédiate.

A utrement dit, l'accès aux choses mêmes n'est pas immédiat.

Un objet se donne par exemple à notre perception par esquiss e s s u c c e s s i v e s et jamais d'une seule fois.

C ependant, c'est bien l'objet lui-même q u i s e donne. P ar conséquent, l'interprétation, dans cette perspective, serait bien plutôt source d'erreurs que processus de dévoilement du sens.

Le sens, au contraire, se dévoile pour ainsi dire de son propre chef mais de manière non immédiate, sans que des hypothèses interprétatives s oient nécessaires. I l y a donc des objets qui ne requièrent pas d'interprétation, même s'il est possible de les interpréter, au risque d'en travestir le sens. II – Y a-t-il des objets qui résistent à toute interprétation ? P eut-on par exemple prendre pour objet d'une interprétation le vide, le rien ? Q uel sens pourrait-il bien nous livrer ? Schleiermacher tente de montrer que le process us interprétatif est toujours un va-et-vient entre le tout et les parties d'un complexe, par exemple, entre une phrase et l'ensemble du texte s'il s'agit de l'interprétation d'un texte. Dans cette perspec tive, tout peut bien être l'objet d'une interprétation, pour autant qu'il entre dans un complexe à la comparaison duquel il est possible de dévoiler un sens.

Le vide par exemple prend sens et peut être interprété s'il entre dans un complexe vide-matière qui s'agit de considérer comme un tout. I l semble alors pos sible pour tout objet de devenir l'objet d'une interprétation, les interprétations (entendues comme résultats) auxquelles on parvient dépendant toutefois du contexte, c'est-à-dire du tout, au sein duquel on interprète l'objet. III – Examen de la radicalisation nietzschéenne. Nietzsche écrit : « il n'y a pas de faits, il n'y a que des interprétations ».

Il radicalise par cons équent la thèse que nous venons de défendre selon laquelle tout peut devenir objet d'interprétation.

P our Nietzsche en effet, tout est déjà toujours objet d'une interprétation.

P lus encore, tout objet d'interprétation est déjà lui-même une interprétation.

A utrement, et contre Husserl, rien ne livre jamais de soi-même son sens, contrairement à la thèse que nous avons défendue en première partie. Nous pouvons cependant demander : s i tout interprétation, l'interprétation s'oppose-t-elle alors encore à quelque c hose ? A utrement dit, la notion même d'interprétation a-t-elle encore du sens ? En désignant en effet tout, elle ne se dis tingue plus de rien : autant dire que la notion se vide. Q ue dire de plus des objets d'une louange, d'une prière ou d'une question ? Le problème par exemple de savoir si l'objet d'une prière : « le désir ceci ou cela » est ou non une interprétation semble être une fausse question.

Le « ceci ou cela » n'a aucun besoin d'être interprété ou même compris.

Il est l'objet d'une prière ou d'un désir, sans plus. Conclusion : A vec Schleiermacher, il est apparu que tout objet pouvait en droit devenir l'objet d'une interprétation.

La radicalisation nietzschéenne de la position à laquelle nous avons aboutit doit cependant être nuancée : tout en effet ne peut pas être une interprétation.

Il demeure bien des objets à propos desquelles la catégorie de l'interprétation n'est plus pertinente, comme les objets d'une exhortation, d'une louange, etc.

C e dernier ne dit rien d'autre qu'il existe bien des objets qui résistent, par leur nature même, à toute tentative d'interprétation.

Tout n'est donc pas susceptible d'être interprété.. »

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