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Sujet 1 : La conscience est-elle le vériatble socle de la liberté ?

Publié le 06/04/2024

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« Sujet 1 : La conscience est-elle le vériatble socle de la liberté ? INTRODUCTION « Conscience, conscience (…) Instinct divin ! » (Émile ou De l’éducation), ainsi commence l’une des pages les plus exaltantes de la littérature philosophique.

Rousseau s’embrasant littéralement à l’évocation de la conscience en perçoit l’importance dans la vie de l’homme.

Elle constitue effectivement le point focal de la constitution d’une identité personnelle, d’une puissance réflexive, mais elle impose aussi à l’homme sa dimension morale et ce qu’elle peut impliquer de paralysant ainsi que la sphère de son agir.

Plus la conscience augmente en effet, et plus la dignité humaine et la liberté sont hautes.

La liberté est cette capacité d’autodétermination et de réalisation de l’homme à travers sa volonté et sa conscience.

Elle est une disposition naturelle, un droit fondamental et inaliénable de l’homme. Si la conscience en tant qu’elle est un pouvoir de réflexion augmente la capacité de l’homme -et sa connaissance- elle est aussi une instance morale qui le contraint et l’enjoint. Enfin la conscience de soi peut aussi entraîner une relative paralysie de l’être.

Les êtres les plus conscients d’eux-mêmes ne sont pas pour autant les plus libres, comme le montre toute une tradition de la littérature du moi.

L’ambiguïté et les insuffisances de la conscience se manifestent aussi avec la découverte de l’inconscient par la psychanalyse.

L’inconscient est l’une des constituantes du psychisme humain, qui révèle les limites de la conscience à rendre l’homme maître de soi et heureux. Cela signifie t-il pour autant que la liberté est corrélative de la conscience humaine ? En d’autres termes, la conscience ne constitue-t-elle pas un facteur de contrainte ? En absence de tout sens moral, serions nous plus libres ? L’homme arrive-t-il toujours à être libre et maître de lui-même malgré sa conscience ? N’y a t-il pas un au-delà de la conscience qui permet à l’homme d’être libre ? Telles sont les interrogations auxquelles nous nous évertuerons de répondre dans nos différentes analyses. DÉVELOPPEMENT I.

LA CONSCIENCE COMME SOURCE DE LA LIBERTÉ Selon Confucius, "La conscience est la lumière de l'intelligence qui permet de distinguer le bien du mal".

Or, il n'est pas précisé si cette capacité de discernement est une force ou une faiblesse pour l'homme.

De même, l'on peut être amené à se demander si la possibilité de se saisir soi-même, et d'avoir connaissance de ses actes, pensées et sentiments correspond à une liberté ou à une contrainte pour l'être humain. Chez Descartes le cogito apparaît comme la condition indispensable pour accéder à la conscience de soi.

La présence immédiate de soi à soi-même, dans le retrait de la méditation solitaire, est le seul moyen de se saisir comme sujet existant et pensant car, dans cette expérience, la pensée devient le principe qui rend possible et qui valide l’existence du « je » comme l’auteur de ses pensées et de sa vie. L’homme a conscience de lui-même par ce mouvement de retour sur ses pensées et ses actes.

En ce sens, il se connaît.

Cette connaissance est traduite en ces termes par Alexandre Kojève dans Introduction à la lecture de Hegel: « l’homme est conscient de soi, conscient de sa réalité et de sa dignité humaine ». Il convient tout d'abord de dissocier deux types de conscience : la conscience psychologique, qui permet à chaque être humain d'avoir connaissance de lui-même, de ses actes et pensées, ainsi que du monde qui l'entoure.

La conscience morale, quant à elle, est la faculté qu’a l’homme de discerner le bien du mal, de juger les autres, ou soi-même.

La première, en rendant l’homme conscient de lui-même et des autres, ainsi que de ses actes, lui permet un retour sur lui-même.

Ce retour rend possible l’analyse du passé et l’anticipation du futur à un instant présent.

Cette triple dimension oblige chaque être humain à avoir connaissance des conséquences de ses actes, que ce soit à court ou long terme, ce qui le rend responsable de son comportement.

Or, cette responsabilité prouve que chaque homme peut choisir sciemment ses actes, en toute connaissance de cause, il est libre de choisir.

La conscience psychologique semble être à l’origine de la liberté de choix caractéristique de l’être humain. Ensuite, la conscience morale, définie par Rousseau comme « le juge infaillible du bien et du mal, qui rend l’homme semblable à Dieu » (Émile), correspond à la capacité de jugement présente chez l’homme.

Rousseau décrit cette faculté comme un principe inné, de justice et de vertu, comme une impulsion primitive, qui est à l’âme ce que l’instinct est au corps.

Cette impulsion, ce principe, régi par nos valeurs morales, permet donc un choix immédiat, conforme à nos aspirations.

Le fait d’être doté de cette faculté de discernement immédiate qu’est la conscience morale, confère à l’homme une liberté quasi-totale de choix.

La capacité de l’homme à juger ses actes semble bien être à l’origine de sa liberté. Hegel soutient que la conscience distingue l’être humain (le pour-soi) de la chose de la nature (l’en-soi) à al fois sur le plan de la réflexion que sur le plan de l’action.

Là où les objets physiques et les êtres vivants se contentent d’être, l’être humain se dédouble en se prenant pour objet et en développant des activités réfléchies.

Ainsi, la conscience de soi s’obtient à la fois par l’activité de l’esprit et par la transformation du monde, notamment au moyen de l’art.

Cette pensée hégélienne est partagée avec Kant, pour qui la conscience est considérée comme une activité visant un but. Rejoignant son maître à penser Husserl, qui affirme que “toute conscience est conscience de quelque chose” (Méditations cartésiennes.

Introduction à la phénoménologie), Sartre se joint fait un dépassement critique du cogito de Descartes.

Descartes avait du cogito, la vérité première, mais coupé de toute extériorité: c’est le principe du solipsisme, de la réflexivité de la conscience de soi.

Conscience et liberté ne font qu’une en repensant le cogito cartésien.

La conscience est avant tout dynamisme et ouverture vers ce qui n'est pas elle ; loin d'être une réalité figée, elle est la liberté qui se déploie vers l’autre ; elle est intentionnelle.

La conscience est l’origine de la liberté dans la mesure où elle m’arrache à l’inertie du monde pour prendre des initiatives.

Par elle, l’homme n’est pas enfermé dans sa nature, il n’est pas déterminé par les situations dans lesquels il se trouve.

L’homme est ce qu’il se fait.

C’est pourquoi, l’obstacle, loin d’être une entrave à la liberté est plutôt un stimulant.

Il doit se vaincre, se surpasser pour se réaliser et s’affirmer.

D’où cette affirmation : « il ne peut y avoir de pour-soi libre que comme engagé dans un monde résistant » (J.P.

Sartre, L’Être et le néant).

Dans ce sens, Sartre appréhende la conscience comme conscience intentionnelle, conscience de l’autre; la conscience n’est pas close, fermée sur elle-même, elle va à la rencontre de l’Autre, qui devient le médiateur indispensable de ma conscience.

La conscience est une pure visée et n’a pas d’intériorité; elle est extériorité, projetée vers le monde qui est l’horizon de toutes nos expériences.

La conscience intentionnelle est une relation à autre chose qu’elle-même, une ouverture sur le monde. La conscience est source de liberté, parce qu’elle nous fait comprendre que l’homme ne peut s’affirmer et se réaliser qu’en se conformant aux lois.

C’est dans et par les lois que sa dignité humaine s’affirme et s’épanouit.

Mieux, la liberté ne saurait se définir par l’absence de lois mais par la conformité des actes à la loi morale et à la raison.

Ainsi, Kant, dans les Fondements de la métaphysique des mœurs soutient : « l’homme libre, ce n’est pas celui qui vit sans lois mais celui qui, par les lois, affirme sa liberté ».

La conscience fait de nous des êtres libres.

Elle est la source de la liberté au sens où mes choix émanent de ma personnalité.

Mes actes ne sont pas conditionnés de l’extérieur, ne me sont pas imposés mais surgissent en moi à travers mon libre-arbitre qui est la volonté de faire ou de ne pas faire.

Ce librearbitre me permet d’opérer sans contrainte des choix. C’est pourquoi dans L’Evolution créatrice Bergson affirme que « la conscience est synonyme d’invention et de liberté », voire “mémoire”. Notre conscience croît en fonction de nos expériences et dans notre expérience autrui joue un rôle capital.

C’est la conscience qui indique notre devoir tandis que nos penchants sensibles nous poussent à souhaiter faire ce que nous voulons comme Hobbes l’a montré avec son pessimisme bien connu. Kant ne conçoit pas la conscience en dehors de la loi, qui se présente comme un juge implacable.

Qui dit conscience implique la contrainte de la loi morale, qui enjoint et contraint. Saint Thomas la conçoit comme une instance délibératrice, nommée raison prudentielle, qui au terme d’une délibération, dicte à l’homme ce qui est souhaitable et bon (Cf.

Somme théologique).

Elle est contraignante certes, mais elle n’a pas le même caractère rigoureux que la loi kantienne.

L’homme.... »

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