Suis-je libre de tout désirer ?
Extrait du document
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Analyse du sujet
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Eléments de définition
Désirer = Du latin desiderare qui signifie « regretter une absence ».
1Attraction affective visant une relation de possession.
2Chez Platon : concupiscence, provenant de celle des trois parties de l'âme qui
est en rapport avec le corps.
Opposé à la raison et au courage, il détourne l'âme de
l'Intelligible.
Mais, sous l'impulsion d'Eros, il opère des déplacements incessants, des
beaux corps à l'âme, de l'âme à l'Intelligible.
Phèdre, 253 c.
La république, IX, 571 b.
Le Banquet, 200 d-212c.
3Chez Spinoza : puissance d'affirmation propre à l'homme, qui favorise la joie
d'adhérer à ce qui est : le désir ne tend pas, comme il en donne l'illusion, vers une
finalité ; il est un effet de conscience du conatus.
Ethique, III, proposition LVI.
4Chez Hegel : expression dialectique de l'Esprit incarné, qui a d'abord pour objet la
conservation de la vie, puis la reconnaissance d'autrui – laquelle exige le mépris de
la vie pour des visées plus hautes.
La Phénoménologie de l'Esprit, t.
1, IV.
5Pour Freud : le « désir » n'est pas visée d'un objet réel externe mais d'une
hallucination interne : celle d'une primitive satisfaction de besoin qui a laissé sa
trace dans la mémoire.
Métapsychologie, Pulsions et de destin des pulsions.
·
Angles d'analyse
Il s'agit ici de s'interroger sur les limites du désir : il semble en effet que rien ne puisse
venir borner notre puissance de désir.
Désirer quelque chose ne signifie pas assouvir
dans les faits ce désir.
Il s'agit donc, dans un premier temps, de s'interroger sur la
capacité désirante de l'homme en elle-même et sur ses éventuelles limitations.
Mais on ne saurait oublier la double dimension du terme « peut-on » : il s'agit en effet
de poser la question de cet empire absolu du désir de fait mais aussi de droit.
Car en
effet, le sujet engage a fortiori la question morale : doit-on tout désirer, moralement ?
C'est donc la nature même du désir qui est ainsi mise à la question au travers son
éventuelle illimitation.
Pouvoir tout désirer engage donc à la fois la capacité désirante
de l'homme, et donc a fortiori sa volonté, mais aussi sa capacité morale.
C'est donc bien l'essence même du désir, a fortiori celle de la volonté qui est ici mise à la
question.
Problématique
A quelles conditions peut-on accorder possibilité de fait et de droit de tout désirer ? L'indéfini du désir et
cette capacité de la volonté à se porter sur n'importe quel objet (accessible ou non d'ailleurs) n'est-il pas contraire
à la nature même du désir ? Doit-on, du point de vue moral et éthique tout désirer ? Ou au contraire, en tant
qu'être raisonnable et perfectible, ne doit-on pas juguler cet illimitation du désir pour en concentrer l'énergie sur un
objet digne d'être désirer et accomplie ?
C'est donc bien à la fois la nature du désir lui-même qui est ici à la question, mais c'est aussi l'usage légitime de
cette faculté désirante qu'il faut interroger.
Plan
I-
Tout désirer : une capacité intrinsèque de la volonté
·
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Le désir a tendance à se pencher vers les objets les plus difficiles à atteindre,
parfois même sur quelque chose d'impossible, d'où de nombreux caprices ou des
tentatives vaines.
La possibilité, de fait, de tout désirer est reconnue, et ce dans différents domaines :
cela tient à notre limite, tant corporelle qu'intellectuelle, qui nous contraint à ne pas
pouvoir dépasser certains obstacles (notamment physiques, dans le sport par exemple).
Mais si on ne peut pas effectivement l'atteindre, rien ne nous empêche de continuer de
la désirer.
Cette absence de limitation de la volonté quant à son objet tient à son caractère
sans limite qui fait que nous nous identifions à la divinité.
C'est d'ailleurs la définition
cartésienne de la volonté que nous faisons ici intervenir.
Il y a donc un décalage entre
la finitude de nos capacités de fait et l'illimitation de la faculté désirante capable de se
porte sur des objets impossibles à réaliser.
On comprend alors que par nature la volonté est tout à fait capable de tout désirer.
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