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Suis-je le mieux placé pour me connaître ?

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« VOCABULAIRE: CONNAÎTRE / CONNAISSANCE: 1.

— Être familier de quelqu'un ou quelque chose.

2.

— Discerner, distinguer quelque chose : « Le premier et le moindre degré de connaissance, c'est d'apercevoir » (CONDILLAC) 3.

— Posséder une représentation de quelque chose, en part.

une représentation exacte.

4.

— Connaissance: a) Acte par lequel un sujet s'efforce de saisir de saisir et de se représenter les objets qui se présentent à lui.

b) Résultat de cet acte. APPROCHES PROBLEMATIQUES: • Je ne suis pas le mieux placé, autrui ne l'est pas davantage En tant qu'être conscient, j'ai le sentiment de savoir qui je suis, ce que je suis.

Toutefois, ma subjectivité n'est-elle pas un obstacle à une connaissance objective de moi-même ? Quand je prétends me connaître, ne suis-je pas, au fond, de mauvaise foi ? Et s'il m'arrive de reconnaître tel ou tel défaut que j'ai, n'est-ce pas par complaisance ou pour le nier par cet acte même de sincérité ? Autrui est-il, pour autant, le mieux placé pour me connaître ? Il ne semble pas.

Comment peut-il, partant de l'observation de mes comportements, avoir accès à mon intériorité ? N'est-il pas extérieur à moi, à ce que je ressens, à mes pensées les plus secrètes ? En outre, autrui ne risque-t-il pas de me voir tel qu'il souhaiterait consciemment ou inconsciemment que je sois ? • Le rapport à soi ne se pose pas en terme de connaissance On peut se demander si le rapport à soi se pose en terme de connaissance.

La volonté de comprendre à tout prix, recherche butée de la transparence, ne vise-t-elle pas à bannir d e m a conscience le sentiment de l'opacité de mon être, à résorber mon être dans la connaissance que je pourrais en avoir ? Pourquoi vouloir réduire le vécu à l'intelligible ? A moins d'être sans fin sujet à une compulsion de répétition, confronté toujours au retour du même, à l'échec e t à la souffrance névrotique - auquel cas le recours à un psychanalyste s'avère nécessaire -, ce qui importe, n'est-ce pas, au fond, plus que la connaissance de soi, la quête de soi ? Quête qui peut prendre diverses formes (l'amour, la création) et qui devient ce qui me soutient dans l'existence et me porte en avant. Au premier abord, il me semble que je suis le mieux placé pour me connaître.

En tant qu'être conscient, j'ai le sentiment de savoir qui je suis, ce que je suis.

En revanche, il m'arrive souvent de penser que les autres ne me comprennent pas, qu'ils ne peuvent avoir accès à mon intimité, et donc qu'ils ne me connaissent pas.

Toutefois, ma subjectivité n'est-elle pas un obstacle à une connaissance objective de moi-même ? Quand je prétends me connaître, ne suis-je pas, au fond, de mauvaise foi ? Et s'il m'arrive de reconnaître tel ou tel défaut que j'ai, n'est-ce pas par complaisance ou pour le nier par cet acte même de sincérité ? En outre, à supposer que je m'efforce d'être le plus objectif possible, la simple conscience immédiate que j'ai de moi-même n'est-elle pas illusoire ? Nietzsche a su prendre la mesure de la difficulté.

Dans Le Gai Savoir, il écrit « Combien de gens savent-ils observer ? Et, dans le petit nombre qui savent, combien s'observent-ils eux-mêmes ? "Nul n'est plus que soi-même étranger à soi-même ", (...) c'est ce que n'ignore, à son grand déplaisir aucun sondeur de l'âme humaine; la maxime "Connais-toi toi-même" prend dans la bouche d'un dieu, et adressée aux hommes, l'accent d'une féroce plaisanterie » (§ 335, trad.

A.

Vialatte, coll.

Idées, Gallimard, 1950). Autrui est-il, pour autant, le mieux placé pour m e connaître ? Il ne semble pas.

Comment peut-il, partant de l'observation d e m e s comportements, avoir accès à mon intériorité ? N'est-il pas extérieur à moi, à ce que je ressens, à mes pensées les plus secrètes ? Rousseau nous raconte, dans Les Confessions, qu'accusé injustement d'avoir commis une faute, il découvre avec stupéfaction que son innocence n'est pas directement perceptible par les autres.

En outre, comment autrui peut-il me connaître, s'il ignore la part d'étrangeté ou cet « autre » qui est en lui ? Ne risque-t-il pas de me voir tel qu'il souhaiterait consciemment ou inconsciemment que je sois ? Faut-il, dès lors, pour vraiment se connaître, passer par la médiation d'un psychanalyste, c'est-à-dire d'un être qui se connaît suffisamment d e l'intérieur pour éviter toute projection et qui, à défaut de m e dévoiler ce que je suis vraiment, car il ne faut pas demander l'impossible -Freud ne cachait pas l'ampleur du projet analytique en le comparant aux grands travaux d'assèchement des polders en Hollande-, me permettra néanmoins de recouvrer une certaine intelligence de moi-même ? On peut se demander si le rapport à soi se pose en termes de connaissance.

La volonté de comprendre à tout prix, recherche butée de la transparence, ne vise-t-elle pas à bannir d e m a conscience le sentiment de l'opacité de mon être, à résorber mon être dans la connaissance que je pourrai en avoir ? Pourquoi vouloir réduire le vécu à l'intelligible ? A moins d'être sans fin sujet à une compulsion de répétition, confronté toujours au retour du même, à l'échec e t à la souffrance névrotique - auquel cas le recours à un psychanalyste s'avère souhaitable -, ce qui importe, n'est-ce pas, plus que la connaissance de soi, la quête de soi ? Quête qui peut prendre diverses formes (l'amour, la création) et qui devient ce qui me soutient dans l'existence et me porte en avant. Les autres me connaissent superficiellement Les autres ne voient d e moi qu'une façade, le moi social.

Leur point de vue sur moi est toujours celui d'une extériorité.

Chacun à conscience de lui-même, la connaissance d'autrui nous échappe comme le montre le solipsisme. Le solipsisme Du latin solus, "seul", ipse, "moi-même", le solipsisme est le point limite de l'idéalisme métaphysique : il définit une attitude du sujet pour lequel rien n'existe en dehors de sa conscience.

Tout se passe dans la solitude du moi : je suis seul dans ma tête et ne puis entrer dans la conscience d'autrui.

Dans cette perspective, les autres se réduisent à n'être que de pures fictions créées par mon esprit. Pour le solipsisme • Descartes, découvrant le cogito, aboutit à une unique certitude après le doute : la seule existence de son être pensant.

Quant à l'existence des choses et à celle d'autres consciences, elle n'est pas encore avérée et fait problème.

Nous ne pourrions imaginer autrui que par le subterfuge d'un raisonnement par analogie.

La conscience d'autrui découlerait ainsi de la conscience de soi. • Leibniz imagina aussi un monde d'esprits qu'il nomme monades et dont aucune n'aurait de "fenêtre" sur le dehors du monde. La question du solipsisme de l'apprentissage ne peut pas être pertinente dans la mesure où tout apprentissage suppose un médium, que ce soit un livre, un disque, un objet.

Dès lors on n'est plus seul, le travail se fait donc avec l'aide d'un médiateur.

Car on ne peut restreindre le terme « autres » à sa signification la plus élémentaire, c'est-à-dire un maître, ou encore un parent. « Le professeur ne doit pas apprendre des pensées [...] mais à penser.

Il ne doit pas porter l'élève mais le guider, si l'on veut qu'à l'avenir il soit capable de marcher de lui-même.

» Kant, Propos de pédagogie. Ainsi, en élargissant le contenu du mot on observe qu'il peut tout aussi bien désigner un travail qui a été fait par un autre.

Apprendre uniquement dans les livres, c'est faire appel au savoir de ceux qui les ont écrits et c'est donc apprendre avec l'aide des autres.

Dans tous les cas l'apprentissage suppose l'autre. Même ceux qui me sont le plus proches ne peuvent me connaître que partiellement.

Tandis que je suis avec moi-même à tout moment. »

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