Suis-je le même en des temps différents ?

« La formule de Verlaine imaginant la femme idéale « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre », s'utiliserait avec pertinence à propos de la personnalité humaine.

Au premier abord, l'identité de chacun se présente sous une forme ambiguë: je suis censé être moi, et je vois bien pourtant que des changements s'opèrent dans le temps .

II faut donc que je statue sur la nature de ce changement N'est-il que l'effet superficiel du temps sur moi-même, qui laisse des rides sur mon corps et des traces dans mon âme, sans que réellement le fond soit affecté ?(Proust, temps retrouvé, bal final, vision des essences).

Ou bien le temps dans lequel je suis plongé a-t-il un effet bien plus destructeur, l'identité n'étant qu'une illusion sociale qui unifie arbitrairement des êtres réellement autres ? (Conversion de la crapule en Saint) L'enjeu de cette question déborde bien largement le domaine psychologique initial.

Tout le droit, par exemple, repose sur la réponse que toute civilisation est obligée de donner: l'être que je punis aujourd'hui est-il bien le même que celui qui a commis le crime hier? Pour y répondre correctement, il faut se demander ce qu'est la nature de l'homme.. »