Suis-je le même en des temps différents ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
TEMPS: Milieu indéfini et homogène, analogue à l'espace, dans lequel se déroulent les événements.
Temps objectif: Mouvement continu et irréversible (« flèche du temps ») par lequel le présent rejoint le passé.
Temps subjectif: Sentiment intérieur de la temporalité, telle qu'elle est vécue par le sujet (synonyme : durée).
Le sujet est ambigu, temps peut vouloir dire "différentes époques", ou "différents moments de notre vie".
La
deuxième interprétation semble la meilleure, parce que "je" n'existe que dans un laps de temps donné, pas à d'autres
époques (ou alors ce n'est plus moi).
Qu'est-ce qu'être le "même" ? Physiquement je ne reste pas du tout le même.
Comment puis-je donc me dire le même alors que tout en moi a changé ? On peut penser à la mémoire, comme
vecteur de continuité.
Locke pensait que la mémoire fait l'identité, fait mon sentiment d'être moi.
La similitude n'estelle due au fait que socialement, les autres attendent de l'homme qu'il reste le même, identifiable.
Ou bien est-ce
plus profond ? textes de Locke et Hume sur l'identité ; Leibniz, Nouveaux essais sur l'entendement humain ; Bergson,
La pensée et le mouvant.
Introduction:
Le temps nous fait sans cesse changer.
Je ne suis déjà plus celui que j'étais il y a un instant.
Qu'y a-t-il de commun
entre l'enfant insouciant que j'étais, l'adolescent que je suis et le vieillard que je serai ? Sans doute rien.
Pourtant
c'est toujours de moi, de la même personne dont il s'agit.
Qu'est-ce qui nous permet de dire qu'elle est la même ?
Faut-il chercher l'unité et l'unicité de la personne dans un noyau invariant sur lequel le temps n'aurait nulle prise, ou
au contraire confier cette unité à la continuité d'une histoire singulière ? Quel rôle joue le temps dans cette
constitution et cette dislocation du moi ?
Première partie
Pour changer, il faut déjà être quelqu'un ou quelque chose.
A défaut d'un substrat au changement, il n'y aurait pas
de changement mais succession de deux choses distinctes.
Il n'y a changement que s'il existe un substrat voire une
substance pour assurer et assumer ce changement.
"Posséder le Je dans sa représentation: ce pouvoir élève l'homme infiniment
au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre.
Par là, il est une
personne ; et grâce à l'unité de la conscience dans tous les changements qui
peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, c'est-à-dire un être
entièrement différent, par le rang et la dignité, de choses comme le sont les
animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise ; et ceci, même
lorsqu'il ne peut pas dire Je, car il l'a dans sa pensée ; ainsi toutes les
langues, lorsqu'elles parlent à la première personne, doivent penser ce Je,
même si elles ne l'expriment pas par un mot particulier.
Car cette faculté (de
penser) est l'entendement.
Il faut remarquer que l'enfant qui sait déjà parler assez correctement ne
commence qu'assez tard (peut-être un an après) dire Je ; avant, il parle de
soi à la troisième personne (Charles veut manger, marcher, etc.) ; et il semble
que pour lui une lumière vienne de se lever quand il commence à dire Je ; à
partir de ce jour, il ne revient jamais à l'autre manière de parler.
Auparavant il
ne faisait que se sentir ; maintenant il se pense." KANT
Ce texte est extrait du tout début de "Anthropologie du point de vue
pragmatique" (Livre 1.
De la faculté de connaître- De la connaissance de soimême, $1).
Cette oeuvre, regroupe, comme l'indique Kant dans une note de
sa préface, des cours professés pendant les semestres d'hiver "depuis plus de
trente ans".
L' "Anthropologie du point de vue pragmatique" contient toutefois des analyses subtiles sur les sujets les plus divers:
la vie sociale, le rôle des sens et de la mémoire, le suicide.
On y trouve des anecdotes, des conseils sur l'art de
vivre et une sorte de "traité des passions" qui fait songer à celui de Descartes.
Le texte que nous allons commenter se rapporte à la conscience de soi.
Notons que dans un passage difficile de la
"Critique de la raison pure", Kant affirme que pour qu'il y ait conscience de soi, deux choses sont requises: le
déroulement successif de la diversité (le flux des phénomènes intérieurs ou états de conscience) et la
compréhension de ce déroulement, acte qu'il nomme synthèse de l'appréhension.
Autrement dit, sans le "je pense"
qui accompagne toutes mes représentations, "serait représenté en moi quelque chose qui ne pourrait pas du tout
être pensé, ce qui revient à dire ou que la représentation serait impossible, ou que du moins, elle ne serait rien pour
moi".
Kant distingue donc l'aperception empirique qui est l'état intérieur toujours changeant & l'aperception
transcendantale, conscience pure, originaire et synthétique qui assure la liaison et donc la connaissance réflexive de
ce flux intérieur, permettant ainsi la constitution d'un "moi" fixe & permanent.
Pouvoir dire je, c'est donc avoir
conscience d'être un & identique par-delà la multiplicité des états de conscience internes et des expériences
vécues..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Manon Lescaut extrait 1 étude linéaire: Explication linéaire, extrait 1 : « J'avais marqué le temps de mon départ … ses malheurs et les miens. »
- Méthodologie : Exemples d’introduction Une oeuvre d’art dépend-elle de son temps ?
- Peut-on échapper au temps ?
- Le temps est-il l’ennemi du bonheur ?
- Qu'est ce que perdre son temps?