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Suffit-il d'avoir bonne conscience pour être innocent ?

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« VOCABULAIRE: BONNE CONSCIENCE: Désigne du point de vue moral la conscience qui a la certitude d'agir comme il convient. L'expression est souvent prise dans un sens péjoratif, pour sous-entendre que la bonne conscience se satisfait à peu de frais, en ne pratiquant qu'un examen superficiel. POUR DÉMARRER L'état de celui qui estime n'avoir rien à se reprocher implique-t-il l'absence de culpabilité et de faute ? En d'autres termes, quelle est la véritable norme qui permet de mesurer la faute ? CONSEILS PRATIQUES De même que la mauvaise conscience douloureuse, le sentiment pénible d'avoir mal agi ne signifient pas nécessairement culpabilité, de même le sentiment de n'avoir rien à se reprocher ne signifie pas innocence.

Pourquoi ? Parce que la mauvaise foi et l'inconscience, mais aussi l'ignorance, existent.

Nous savons aujourd'hui que les criminels de guerre sont souvent de petits bourgeois à l'allure inoffensive sans le moindre remords et la moindre culpabilité (cf.

H.

Arendt, Eichmann à Jérusalem). Reste que le devoir n'a de sens que s'il est bien compris.

La morale du devoir peut, en effet, être pervertie et devenir fanatisme.

Ainsi on rapporte que le nazi Eichmann, qui dirigea des camps, lors des interrogatoires, cita l'impératif kantien pour justifier son obéissance.

C'est oublier que, pour Kant, la raison est la source de la loi.

Comme le fait judicieusement remarquer Arendt : « La volonté du Führer s'est substituée cher Eichmann à la raison.

» L'identification kantienne de la volonté au principe de la loi n'a de sens que parce que la loi est un fait de la raison. Or, cette dernière ne saurait commander la déraison. Eichmann, organisateur de la Solution Finale (projet d'extermination de tous les Juifs d'Europe) a invoqué le nom de Kant, lors de son procès à Jérusalem, pour prétendre qu'il n'avait durant la seconde guerre mondiale, fait que son devoir et obéit inconditionnellement aux lois du troisième reich.

Eichmann n'avait rien compris à l'idée de devoir et l'impératif catégorique chez Kant. En effet, pour le philosophe, la loi morale à laquelle nous devons obéir inconditionnellement est une loi a priori de la raison pure pratique, en tant que telle intérieure en chaque être raisonnable.

Kant oppose autonomie de la moralité (le fait qu'elle ne trouve sa loi qu'en elle-même) à l'hétéronomie du droit (le fait qu'il trouve sa loi à l'extérieur de luimême).

Invoquer le devoir kantien pour justifier la soumission aveugle au droit le plus criminel, aux règles les plus abjectes est donc un contresens absolu et grotesque. BIBLIOGRAPHIE J.-P.

SARTRE, L'Être et le Néant, Chapitre sur la mauvaise foi, Tel-Gallimard. Analyse du sujet : La bonne conscience pourrait se définir comme le sentiment de n'avoir rien à se reprocher et même, d'avoir bien fait. Si l'on a le sentiment que l'on a bien fait, au plus profond de soi, il paraît logique de penser qu'effectivement on est innocent.

Cependant, la bonne conscience ne peut pas servir de garantie à l'innocence.

D'une part, tout criminel peut mentir et prétendre avoir bonne conscience, elle est invérifiable, contrairement aux actes, qui sont jugés lors de procès.

D'autre part, on peut avoir volontairement fait du mal tout en ayant bonne conscience, car la nature humaine est obscure.

Ainsi, la bonne conscience ne peut pas être une assurance de l'innocence de quelqu'un, au vu de la société qui le juge.

Néanmoins, pour celui qui la ressent, c'est un gage moral de son innocence. Proposition de plan : I ] La bonne conscience est la garantie de bonnes intentions : La bonne conscience a rapport au bien et à la morale : Déterminez le sens de "bonne" = qui se sent conforme au Bien: il s'agit donc de la conscience morale (par rapport à autrui) "la voix de l'âme" dit Rousseau (Emile IV).

La bonne conscience c'est la conscience qui se juge bonne, qui "éprouve le sentiment de n'avoir rien à se reprocher (Lalande). Lorsque j'ai bonne conscience, je me juge moi-même.

Ma conscience est son propre juge, elle prend du recul par rapport à elle-même et se juge selon des lois morales qui la dépassent.

Si j'applique vraiment la loi morale (cf Kant, et l'impératif catégorique : une loi morale est la maxime d'une action telle qu'elle puisse être universellement appliquée), je ne peux alors rien me reprocher, je peux avoir bonne conscience puisque j'agis moralement. Néanmoins, un tel homme, selon Kant, est un saint, or nous ne sommes pas des saints. D'autre part, ma conscience m'est opaque à moi-même.

La subconscient que je ne maîtrise pas joue un rôle important dans mes décisions et dans le ressenti que j'ai.

La bonne conscience ne peut donc finalement pas me garantir mon innocence. D'autre part, l'innocence doit-elle m'être donnée à moi-même ou prouvée aux autres ?. »

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