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Suffit-il d'avoir bonne conscience pour être innocent ?

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« POUR DÉMARRER L'état de celui qui estime n'avoir rien à se reprocher implique-t-il l'absence de culpabilité et de faute ? En d'autres termes, quelle est la véritable norme qui permet de mesurer la faute ? CONSEILS PRATIQUES De même que la mauvaise conscience douloureuse, le sentiment pénible d'avoir mal agi ne signifient pas nécessairement culpabilité, de même le sentiment de n'avoir rien à se reprocher ne signifie pas innocence.

Pourquoi ? Parce que la mauvaise foi et l'inconscience, mais aussi l'ignorance, existent.

Nous savons aujourd'hui que les criminels de guerre sont souvent de petits bourgeois à l'allure inoffensive sans le moindre remords et la moindre culpabilité (cf. H.

Arendt, Eichmann à Jérusalem). BIBLIOGRAPHIE J.-P.

SARTRE, L'Être et le Néant, Chapitre sur la mauvaise foi, Tel-Gallimard. Analyse du sujet : La bonne conscience pourrait se définir comme le sentiment de n'avoir rien à se reprocher et même, d'avoir bien fait.

Si l'on a le sentiment que l'on a bien fait, au plus profond de soi, il paraît logique de penser qu'effectivement on est innocent.

C ependant, la bonne conscience ne peut pas servir de garantie à l'innocence.

D'une part, tout criminel peut mentir et prétendre avoir bonne conscience, elle est invérifiable, contrairement aux actes, qui sont jugés lors de procès.

D'autre part, on peut avoir volontairement fait du mal tout en ayant bonne conscience, car la nature humaine est obscure.

Ainsi, la bonne conscience ne peut pas être une assurance de l'innocence de quelqu'un, au vu de la société qui le juge.

Néanmoins, pour celui qui la ressent, c'est un gage moral de son innocence. Proposition de plan : I ] La bonne conscience est la garantie de bonnes intentions : La bonne conscience a rapport au bien et à la morale : Déterminez le sens de "bonne" = qui se sent conforme au Bien: il s'agit donc de la conscience morale (par rapport à autrui) "la voix de l'âme" dit Rousseau (Emile IV).

La bonne conscience c'est la conscience qui se juge bonne, qui "éprouve le sentiment de n'avoir rien à se reprocher (Lalande). Lorsque j'ai bonne conscience, je me juge moi-même.

Ma conscience est son propre juge, elle prend du recul par rapport à elle-même et se juge selon des lois morales qui la dépassent.

Si j'applique vraiment la loi morale (cf Kant, et l'impératif catégorique : une loi morale est la maxime d'une action telle qu'elle puisse être universellement appliquée), je ne peux alors rien me reprocher, je peux avoir bonne conscience puisque j'agis moralement.

Néanmoins, un tel homme, selon Kant, est un saint, or nous ne sommes pas des saints. D'autre part, ma conscience m'est opaque à moi-même.

La subconscient que je ne maîtrise pas joue un rôle important dans mes décisions et dans le ressenti que j'ai.

La bonne conscience ne peut donc finalement pas me garantir mon innocence. D'autre part, l'innocence doit-elle m'être donnée à moi-même ou prouvée aux autres ? II ] La bonne conscience est-elle un juge pour celui qui la ressent ? que reprocher à quelqu'un qui ne se reproche rien? Que peut-on reprocher? Notre responsabilité est-elle totale? Devant qui suis-je responsable en dernier recours? Devant moi ou devant autrui qui pourrait alors me faire des reproches ? En effet, la bonne conscience m'innocente moi-même de mes actes.

Mais même cela, est-ce bien vrai ? Une bonne conscience qui s'ajoute à une mauvaise foi ne vaut plus comme garantie morale.

Autrement dit, celui qui ne se reproche rien, qui a bonne conscience: est-ce parce qu'il n'a effectivement rien à se reprocher (rien commis) ou parce qu'il a une conscience peu délicate? Enfin, celui qui ne se reproche rien n'est-il pas resté au stade de l'opinion qui transforme ses désirs en connaissance parce qu'elle ne distingue pas l'opinion de la science? Peut-on le lui reprocher? Ne peut-on reprocher à celui qui ne se reproche rien de confondre un idéal et la réalisation de cet idéal? Il croirait alors naïvement qu'avoir un idéal suffit pour n'avoir rien à se reprocher ? En fait, la bonne conscience ne juge que l'intention, or l'intention ne suffit pas. III ] on ne peut juger que les actes : Cf.

Kant, critique de la raison pure.

On doit présumer que tout homme est responsable de ses actes à partir du moment où l'on exige pour tous une liberté de la raison.

Ainsi, même si un mensonge grave est explicable par une enfance malheureuse, des circonstances atténuantes, etc, on doit toujours juger le coupable comme s'il avait eu le choix, car, selon Kant, il l'a effectivement eu. Lors d'un jugement pénal, la préméditation est une circonstance aggravante, donc on peut dire que la justice tient compte des intentions des gens pour les juger.

Cependant, elle est toujours soumise à la décision d'un jury qui décide ou non de croire l'accusé.

La conscience n'est pas une donnée certaine étant donné que l'on peut mentir, on ne peut donc concrètement juger que les actes, les faits. Un exemple problématique : si je fais une partie d'escrime avec un ami et que je le tue par accident car la lame n'était pas mouchetée et que je pensais qu'elle l'était, suis-je coupable ? Je ne peux rien me reprocher, je n'ai nullement eu l'intention de tuer mon ami.

Cependant, dans les faits, un homme est mort, et quelqu'un l'a tué.

Il faut donc un jugement.

On pourra me reprocher de n'avoir pas vérifié avec soin que la lame était bien mouchetée avant d'entamer le combat. Conclusion : La bonne conscience, on pourrait le croire, est la garantie pour moi-même que j'ai bien agit, conformément à la morale.

Cependant, d'une part, la conscience m'est opaque, et d'autre part, qui peut prétendre agir en vertu d'une loi morale universelle tout le temps ? A joutons à cela que l'innocence doit être prouvée aux hommes, pas seulement à soi-même.

Or, on ne peut pas juger une bonne conscience puisqu'il est évidemment impossible de fouiller l'esprit de quelqu'un et de déterminer avec certitude s'il avait ou non l'intention de commettre un délit.

De plus, on peut aussi avoir bonne conscience et être néanmoins coupable, si par exemple on a peu de morale, ou si on est un être de mauvaise foi.

Ainsi, nous ne pouvons que juger des actes.

Cela pose néanmoins le problème de l'accident : comment rendre quelqu'un coupable d'un accident ? C'est pour cela qu'il existe des circonstances atténuantes ou aggravantes en justice.

Mais ces circonstances ne sont jamais certaines, c'est pourquoi la justice ne peut avoir, dans les faits, de rigueur scientifique.. »

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