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Sommes nous responsables de ce que nous sommes ?

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« Nous pouvons comprendre cette question de deux manières : pouvons-nous être chargés de nous-mêmes au sens où un père à la charge de ses enfants ou ce que nous sommes (devenus), ce que nous nous sommes faits, dépendil absolument de nous ? Doit-on trouver un lien de corrélation entre les deux ? Quelles seraient les conséquences du fait que je sois responsable de ce que je suis ? I) Responsable de moi en tant qu'être libre. A) Le terme « responsable » peut avoir plusieurs sens.

Il peut vouloir dire « avoir la charge de ».

En général, nous parlons d'avoir la charge de quelqu'un d'autre ; or nous pouvons aussi dire que nous nous prenons en charge, que nous sommes responsables de nous.

Etre responsable de soi équivaut à se maîtriser soi-même, à se donner à soi ce qui est le mieux etc., c'est-à-dire prendre soin de nous. B) De manière générale, sont responsables ceux qui possèdent la raison de ceux pour qui elle n'est pas tout à fait développée (les enfants, par exemple).

Doit-on alors en déduire qu'être responsable de soi, c'est faire passer la raison maître des passions ? Chez Platon, un homme juste est un homme dont la raison gouverne les passions.

Celui-ci, en tant qu'il se maîtrise pourra alors être responsable d'autrui.

[Platon, La République.] II) Qui ou quoi d'autre pourrait être responsable de ce que je suis ? A) Dieu ou La Fortune me donne un rôle que je dois suivre.

C'est ce que dit Epictète dans son Manuel.

« C'est à toi de bien jouer le personnage qui t'a été donné, mais c'est à un autre de te le choisir.

» [Epictète, Manuel] B) Nous ne pouvons nier que les enfants ne naissent pas tous avec les mêmes critères physiques ou mentaux. Certains sont, comme le dit Rawls plus favorisés naturellement que d'autres.

A la société alors de faire en sorte que ces inégalités naturelles soient bénéfiques pour tous, en partant du point de vue des plus défavorisés.

Dans ce cas, donc, je ne suis pas responsable de ce que je suis et c'est par conséquent à la société qui est à la base de la hiérarchisation des inégalités de faire en sorte qu'elles ne soient pas trop handicapantes.

[Rawls, Théorie de la justice] Une solution originale a été apportée à cette question par J.

Rawls.

Son livre Théorie de la justice (paru aux États-unis en 1971) fait date dans l'histoire de la philosophie politique du XX siècle.

Plus personne n'écrit aujourd'hui en ces matières, sans se référer d'une façon ou d'une autre à Rawls.

La justice s'organise, selon lui, autour des trois principes suivants: 1 / Chaque personne a un droit égal à un système pleinement adéquat de libertés et de droits de base égaux pour tous, compatible avec un même système pour tous. 2 / Les inégalités sociales et économiques doivent remplir deux conditions : a) Elles doivent être attachées à des fonctions et à des positions ouvertes à tous dans des conditions de juste égalité des chances. b) Elles doivent être au plus grand avantage des membres les plus défavorisés de la société. Le premier principe (1) définit le champ des libertés, le second (2 a) pose la règle de l'égalité des chances, le troisième (2 b) régit la justice économique.

Ces principes sont liés selon un ordre lexical, ce qui signifie que (1) prime sur (2), et que (2 a) prime sur (2 b).

Il faut toujours faire respecter ces principes en suivant cet ordre de priorité.

Le rapport de (1) à (2) implique que l'on ne peut sacrifier des libertés pour augmenter le bien-être des gens.

On ne peut restreindre la liberté qu'au bénéfice de la liberté.

De même (2 a) domine (2 b), ce qui veut dire que la sauvegarde de l'égalité des chances est prioritaire par rapport au bien-être. Intéressons-nous maintenant au principe qui concerne directement notre question, le principe (2 b), appelé principe de différence.

C'est lui qui organise les inégalités économiques de la façon la plus juste.

Autrement dit, l'État tente d'agir sur les inégalités économiques, autant que cela ne remet pas en cause la liberté et l'égalité des chances.

Rawls en vient à dire qu'il y aura des inégalités justes et des inégalités injustes.

Les inégalités justes sont celles qui bénéficient aux plus mal lotis.

Par là, Rawls interdit que l'on puisse sacrifier le bien-être de certains pour le bien commun.

On ne tolérera d'augmenter le bien-être des plus riches que si celui des plus défavorisés s'accroît également. Ainsi la justice ne produit pas à proprement parler des inégalités, elle en autorise certaines, qui de ce fait doivent être reconnues justes. Du même coup, Rawls résout le problème du mérite.

Le mérite a une signification morale, aussi il n'y a aucun sens à dire que l'on mérite la position sociale que l'on occupe.

En revanche, il est juste que les talents soient récompensés, qu'ils viennent de la nature et/ou de la société.

Le salaire, de ce point de vue-là, ne sanctionne pas.

un quelconque mérite, mais des compétences.

Enfin, les plus talentueux peuvent tirer avantage de leur situation, mais à condition que ce soit au bénéfice des plus mal lotis.

Par leur capacité, ils sont susceptibles de produire des richesses qui pourront profiter aux plus démunis.

Voilà résumé le modèle d'une justice solidaire. Pour finir, il apparaît que la justice peut être inégalitaire, mais encore qu'elle doit l'être jusqu'à un certain point.

Une société juste se doit de tenir compte de l'avis de ses membres.

On ne conçoit plus aujourd'hui, dans nos démocraties modernes, l'existence d'une justice idéale et parfaite, coupée de la volonté du peuple. L'égalitarisme systématique a été le discours de quelques grandes utopies qui ont raisonné sur une idée a priori de la justice.. »

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