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Sommes-nous responsables de nos sentiments ?

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- Être responsable d'un acte ou d'un fait signifie en être la cause. Nous sommes responsables de ce dont nous sommes l'auteur, c'est-à-dire de ce qui existe par notre volonté. C'est pourquoi la possibilité de juger moralement quelqu'un dépend de sa responsabilité: nous ne pouvons être jugé pour un acte ou un fait que si nous en sommes responsables. - Un sentiment n'est pas d'abord un de ces actes qui dépend de la volonté d'un sujet. En effet, un sentiment exprime la manière dont un évènement du monde résonne au sein d'une subjectivité. Nous sommes donc absolument passifs face à des sentiments qui s'imposent à nous. - Cependant, un problème se pose lorsque nous constatons également que ces sentiments sont actifs, que ce sont eux qui nous poussent à agir: nous entreprenons telle ou telle action parce que nous éprouvons de la peur, de l'envie, etc. Alors si nous ne sommes pas responsables de nos sentiments et que ce sont eux qui fondent nos actes, il faut admettre que nous ne sommes pas non plus responsables de ces actes. Ce constat entre en contradiction avec l'exigence morale de pouvoir juger, récompenser ou punir quelqu'un pour ses actes.

« Intro: - Être responsable d'un acte ou d'un fait signifie en être la cause.

Nous sommes responsables de ce dont nous sommes l'auteur, c'est-à-dire de ce qui existe par notre volonté.

C'est pourquoi la possibilité de juger moralement quelqu'un dépend de sa responsabilité: nous ne pouvons être jugé pour un acte ou un fait que si nous en sommes responsables. - Un sentiment n'est pas d'abord un de ces actes qui dépend de la volonté d'un sujet.

En effet, un sentiment exprime la manière dont un évènement du monde résonne au sein d'une subjectivité.

Nous sommes donc absolument passifs face à des sentiments qui s'imposent à nous. - Cependant, un problème se pose lorsque nous constatons également que ces sentiments sont actifs, que ce sont eux qui nous poussent à agir: nous entreprenons telle ou telle action parce que nous éprouvons de la peur, de l'envie, etc.

Alors si nous ne sommes pas responsables de nos sentiments et que ce sont eux qui fondent nos actes, il faut admettre que nous ne sommes pas non plus responsables de ces actes.

Ce constat entre en contradiction avec l'exigence morale de pouvoir juger, récompenser ou punir quelqu'un pour ses actes. Problématique: Si nous reconnaissons les sentiments comme un motif d'action, comment concilier notre irresponsabilité apparente quant à ces sentiments avec la responsabilité de nos actes exigée par la morale? Doit-on alors revenir sur ce premier constat et considérer, au contraire, que nous sommes également responsables de nos sentiments? I) Nous sommes responsables de nos sentiments: - Il faut différencier sentiment et sensation.

La sensation est la répercussion immédiate du monde au sein d'une subjectivité (vue, son, odeur,…).

Le sentiment, lui, est déjà second et médié, il s'agit de la manière dont une subjectivité interprète une sensation (peur, désir, colère,…).

C'est donc la sensation qui s'impose à nous et sur laquelle nous n'avons aucune prise: lorsqu'il y a un loup en face de moi, je ne suis pas responsable du fait de voir un loup.

Mais la situation est moins nette en ce qui concerne le sentiment engendré par cette sensation: suis-je responsable du fait d'éprouver de la peur à la vue du loup? Autrement dit, le sentiment de peur est-il une conséquence nécessaire et inéluctable de la vue du loup, ou bien dépend-t-il du sujet de l'éprouver ou non? - Un fait nous incite à opter pour la seconde proposition: nous n'éprouvons pas tous de la peur à la vue du loup (le chasseur, par exemple, éprouvera sûrement de l'excitation et le dompteur peut être de l'affection).

La peur n'est donc pas une conséquence nécessaire et inéluctable, elle dépend en partie de du sujet qui l'éprouve.

Il en est de même pour tous les cas: nous n'éprouvons pas tous le même sentiment dans la même situation, nous y sommes donc pour quelque chose d'une manière ou d'une autre.

De quelle manière, justement? - Qu'est ce qui fait que nous éprouvons tel sentiment face à une situation et non pas tel autre? Cela dépend de notre caractère et des habitudes que nous avons prises.

Or, nous pouvons montrer que ces deux éléments dépendent de nous: le sujet est responsables de son caractère et de ses habitudes.

Il le sera donc également de ses sentiments.

En effet, comme l'explique Descartes dans les Passions de l'âme §50, la manière dont nous sentons et réagissons aux évènement du monde est fonction de l'habitude, et nous avons une prise sur celle-ci.

Nous pouvons la modifier et ainsi « éduquer« nos sentiments.

Descartes prend l'exemple du chien face à une perdrix: naturellement le chien éprouve de l'envie à la vue de la perdrix et court vers elle pour l'attraper.

Cependant, un dressage permet de modifier ce sentiment spontané chez le chien de chasse: lorsque celui-ci voit une perdrix, il s'accroupi et reste silencieux en attendant que les chasseurs l'abattent.

Si une telle modification est possible chez l'animal, elle l'est a fortiori chez l'homme.

Ainsi « il n'y a pas d'âme si faible qu'elle ne puisse, étant bien conduite, acquérir un pouvoir absolu sur ses passions ».

Nous pouvons nous efforcer d'acquérir de nouvelles habitudes qui nous permettent de mieux réagir aux évènements du monde.

Par exemple, nous pouvons nous efforcer, par des exercices de pensée et de conditionnement, à ce que l'échec ne se répercute pas en nous sous la forme d'un sentiment d'abattement mais au contraire d'une combativité renouvelée.

Certaines thérapies psychologiques (les thérapies cognitivo-comportementales), inspirées des travaux de Pavlov, sont d'ailleurs basées sur cette capacité du sujet à modifier ses sentiments spontanés Puisque nous avons la capacité de maîtriser nos sentiments, il ne tient qu'à nous d'exercer ou non cette maîtrise.

En ce sens, nous sommes responsables de nos sentiments. Transition: Nous sommes absolument passifs face à nos sensations mais pas face à nos sentiments.

En tant que ressenti second et médiat des évènement du monde, nous avons une emprise sur eux et une capacité de les modifier.

Ainsi, nous pouvons affirmer que le sujet est l'auteur de ses sentiments et donc qu'il en est responsable.

Il nous est ainsi possible d'affirmer à la fois que nous sentiments déterminent nos actes et que nous sommes responsables de ce que nous faisons.

Cependant, la démonstration que nous avons faite de cette thèse a pour fondement un présupposé peut-être contestable: le sujet dispose d'une volonté parfaitement indépendante de ses sentiments, si bien qu'il peut vouloir les modifier.

Or, cette idée d'une volonté toute-puissante n'est-elle pas une illusion? Notre volonté n'est-elle pas plutôt déterminée par nos sentiments, si bien que la seule chose qui puisse nous faire vouloir combattre un sentiment serait un sentiment plus fort? Dans ce cas, nous ne sommes pas responsables de nos sentiments, ce sont au contraire eux qui sont responsables de nos choix et de nos actes. II) Nous ne sommes pas responsables de nos sentiments: - Nous ne pouvons pas modifier la manière dont nous ressentons les choses.

Au contraire, nos sentiments se produisent et s'enchaînent les uns aux autres de manière nécessaire.

Ainsi, Spinoza dans l'introduction à la troisième. »

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