Sommes-nous condamnés à être libres ?
Extrait du document
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INTRODUCTION
§ La liberté semble se définir de prime abord comme le fait de ne recevoir d'ordre de personne, donc plus
largement comme le fait d'être indépendant.
Cette première définition, qui est une définition négative,
semble en outre mettre en opposition les notions de liberté et de contrainte.
Or, la notion de
condamnation semble consister justement en une certaine forme de d'ordre, de contrainte, qui vient
donc s'opposer à cette définition première de la liberté comme indépendance.
§ La liberté semble alors précisément se définir comme absence de contrainte, là où la formulation du
sujet semble nous inviter à prendre la direction inverse, qui consisterait donc à dire que toute liberté
se manifeste au travers de la figure de la condamnation.
L'expression « être condamné à être libre »
est alors un oxymore en ce sens où la liberté est avant tout semble –t-il un don originaire de l'homme
qui atteste un pouvoir d'agir et de penser chez lui.
§ Cependant, cette liberté originaire qui se définit de prime abord comme pouvoir illimité n'est-elle pas
une forme d'illusion de liberté ? Nous ne la choisissons pas et devons vivre avec mais mal maîtrisée et
mal comprise ne peut elle pas se transformer en une servitude de l'homme à lui-même de sorte que
nous serions condamnés à être libre sans comprendre les véritables ressorts de cette liberté.
§ Se pose alors également en creux la question de l'innéité de la liberté.
En effet, si la liberté est bien
innée, c'est-à-dire si nous naissons bien libres, comment expliquer que la liberté doive se conquérir
par un effort, une discipline.
La liberté serait alors innée mais se conserverait au prix d'un effort
toujours renouvelé.
La liberté serait à la fois ce qu'on possède et ce qu'il nous faut acquérir ou
reconquérir sans cesse, dans la mesure où elle menace de nous quitter.
§ La liberté est-elle ce qui nous est donné originairement sans que nous sachions comment la maîtriser,
de sorte qu'elle tend à se manifester en son contraire ou est-elle ce qui doit être limité et maitrisé
afin d'être une véritable liberté ?
PROPOSITION DE PLAN.
I)
La liberté comme absence de contrainte et comme marque originaire de l'homme :
liberté et illimitation.
§ La liberté semble être de prime abord l'envers, l'opposé-même de la condamnation, et ce en tant
que la condamnation semble être la marque d'une contrainte, d'abord extérieure, venant mettre
des bornes à nos actions, voire nos pensées, venant soumettre notre volonté.
La contrainte
semble supposer de prime abord une forme d'assujettissement, et en atteste le problème de
l'esclavage qui se définit comme la contrainte exercée par un homme sur un autre, le premier
donnant des ordres, imposant une discipline au second, qui n'a comme seule possibilité que celle
de se soumettre à ces ordres.
Le maître est alors bien celui qui impose la discipline, qui fait régner
une loi, sans que l'esclave puisse faire autrement que de se soumettre.
La discipline, tyrannique,
imposée par le maître est alors un facteur de soumission, d'assujettissement, un abus de pouvoir
qui place l'esclave dans une position de soumission totale.
Le propre de l'esclave est donc d'être
privé de toute liberté.
La discipline semble bien être alors une forme d'aliénation, niant toute
liberté de l'esclave au sens d'indépendance, celui-ci dépendant, pour tout ce qu'il fait, des ordres
de son maître, et au sens de liberté innée, chacun étant né libre dans un sens fondamental.
La
discipline apparaît donc comme une contrainte extérieure, imposée et non choisie, subie, source
d'aliénation.
§ La liberté n'est-elle pas fondamentalement une absence de toute contrainte, de toute loi, d'ordre ?
C'est cette image que nous renvoie l'homme sauvage du Discours sur l'origine et les fondements
de l'inégalité parmi les hommes de Rousseau.
En effet, La peinture que Rousseau fait de l'homme
sauvage est celle d'un homme seul, soumis à aucune contrainte, ne cherchant qu'à se conserver
lui-même et vivant dans un environnement paisible et sans limites.
La liberté naturelle, qui semble
être la liberté fondamentale est une absence totale de contrainte, et ce notamment dans la
mesure où toute forme de contrainte serait superflue, puisqu'il ne semble pas y avoir d'obstacle
dans la nature.
La discipline, en mettant de l'ordre dans les choses, c'est-à-dire en bornant les
choses vient mettre des limites donc abolir la liberté qui semble bien être cette absence de toute
limite, cette ouverture à tout possible.
La condamnation serait donc l'envers de la liberté, ce qui
s'y oppose, et bien plus ce qui la rend impossible.
C'est pourquoi l'état de liberté naturelle est
avant tout un état de solitude pour Rousseau, dans la mesure où la communauté, même si elle se
constitue de deux personnes seulement, semble favoriser la domination de l'une sur l'autre, l'un
voulant soumettre l'autre par un certain ordre.
La liberté est l'absence de maître pour nous donner
des ordres, elle est cette indépendance absolue qui me permet d'agir au gré de ma volonté.
La
liberté serait donc une absence totale de limite, me permettant de faire ce que bon me semble..
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