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Si la vertu est une habitude, si d'autre part l'habitude est automatique, d'où vient qu'on attache du mérite à la vertu ?

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« Si la vertu est une habitude, si d'autre part l'habitude est automatique, d'où vient qu'on attache du mérite à la vertu? A.

— « Une hirondelle ne fait pas le printemps », dit Aristote.

Un acte de vertu n'est pas non plus la vertu : il lui faut l'habitude, c'est-à-dire la disposition acquise à produire des actes conformes à la loi morale.

Mais une question se pose : l'habitude, en diminuant l'effort, ne diminue-t-elle pas aussi la liberté et par conséquent le mérite ? La vertu est ce qui porte une chose à sa perfection.

Il y a deux sortes de vertus : les vertus morales, perfectionnant le désir (qui se soumet à la raison) en vue de l'action, et les vertus intellectuelles, perfectionnant l'intelligence seule, en vue de la contemplation. Commençons pas la vertu morale.

Grand problème : la vertu s'enseigne-t-elle ? Suffit-il de connaître le bien pour le faire ? La faute n'est-elle qu'une ignorance ? Évidemment non.

Savoir le bien n'est pas encore le faire, car la raison est affrontée au désir, qui se rebelle et résiste.

Ensuite, si le méchant ignore le bien, c'est cette ignorance même qui est coupable.

C'est lui qui, à force d'actes mauvais, s'est dénaturé ; il préfère ses plaisirs à la réalisation difficile de sa nature. Il faut donc former le désir au bien, l'exercer, le façonner.

La vertu n'est donc ni une pure connaissance ni une action isolée, mais une habitude, une disposition stable et durable de la volonté, acquise par l'exercice, à bien agir.

L'homme vraiment vertueux n'éprouve nulle contrainte à l'être, il l'est joyeusement, conscient de réaliser ainsi sa nature.

La vertu consiste en un juste milieu, déterminé par la raison de l'homme prudent. Pourquoi un « juste milieu » ? La vertu est-elle un compromis ? Pas du tout.

Le juste milieu définit au contraire la perfection : ce à quoi l'on ne peut rien ôter ni ajouter.

Le juste milieu n'est pas une moyenne, mais un sommet entre le défaut et l'excès, une ligne de crête. Ainsi le courage est-il le juste milieu entre la témérité et la lâcheté : non pas l'absence de crainte, mais son affrontement. La tempérance est le juste milieu entre l'insensibilité inhumaine et la débauche.

Arrêtons-nous sur la plus noble des vertus, à laquelle toutes sont ordonnées : la justice. C'est la vertu de la relation avec les autres ; elle consiste à attribuer à chacun ce qui lui revient.

Il faut distinguer la justice commutative, qui règle les échanges, et la justice distributive, qui règle les distributions.

La première respecte une égalité stricte, arithmétique : donnant-donnant.

L'autre respecte une égalité proportionnelle : non pas la même chose à tout le monde, mais à chacun selon son mérite.

L'égalité de la justice n'est donc pas forcément une égalisation indifférenciée, mais un traitement impartial, et, par conséquent, respectueux des mérites comparés. Le juste milieu doit être à chaque fois déterminé selon la situation.

Il est la fin que vise la volonté, mais il faut encore réfléchir aux meilleurs moyens de l'atteindre.

Je puis avoir la ferme volonté d'être juste sans savoir quoi faire pour l'être. C'est à l'intelligence pratique, qui regarde les choses particulières et changeantes, que revient cette tâche délicate ; sa vertu, intellectuelle, est la prudence.

« La vertu morale assure la rectitude du but que nous poursuivons, et la prudence celle des moyens pour y parvenir.

» La prudence apparaît ainsi comme la vertu par excellence du juge, qui, à partir d'un précepte général, doit déterminer le juste dans le cas particulier, et faire preuve d'équité – pour éviter que l'application aveugle de la justice n'aboutisse à l'injustice.

Ici, point de démonstration ni d'exactitude ; il s'agit de choses humaines, plusieurs solutions sont défendables. La prudence demande de l'expérience ; c'est pourquoi si l'on peut être mathématicien à douze ans, on ne peut être un « homme sage » avant d'avoir beaucoup vécu. B.

— Opinion de Kant : Rappeler sa conception de la vertu, où il ne voit que tension pénible, effort.

Kant échappe sans doute à la difficulté, mais il dénature la vertu. Montrer l'exagération de cette théorie et dire pourquoi Aristote a vu plus juste que Kant. C.

— Il est d'ailleurs inexact de prétendre que l'habitude, en diminuant l'effort, atténue la liberté et le mérite.

L'habitude de la vertu est essentiellement une habitude active conformément à la loi.

Or, l'habitude développe l'activité, elle est de l'effort accumulé.

Loin d'être contraire à la liberté, elle en est l'auxiliaire.

Avoir une habitude de ce genre, c'est se mouvoir spontanément vers le bien comme vers une fin naturelle, le réaliser sans effort; ce n'est pas de l'automatisme; c'est l'absence de toute contrainte, la pleine liberté.. »

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