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NIETZSCHE: «Les profondes lois de la conservation et de la croissance exigent le contraire: que chacun s'invente sa vertu, son impératif catégorique.»

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« L'idée d'un devoir impersonnel est hostile à la vie. «Les profondes lois de la conservation et de la croissance exigent le contraire: que chacun s'invente sa vertu, son impératif catégorique.» Nietzsche, L'Antéchrist (1888). • Nietzsche critique à la fois le devoir chrétien et le devoir kantien.

Car l'un comme l'autre, dit-il, sont impersonnels: ils demandent à l'individu de se nier lui-même au profit de la communauté humaine.

Ce sont donc des devoirs qui vont contre les forces de vie à l'oeuvre dans l'individu, contre les facultés créatrices. • Nietzsche renverse le sens du devoir.

Le «vrai» devoir est celui qui est dicté par la seule vraie force à l'oeuvre dans l'homme: ni Dieu, ni la raison, mais la «volonté de puissance», ici «les lois de la conservation et de la croissance».

Le vrai devoir, c'est donc de ne pas s'effacer devant les autres au nom d'un ordre supérieur, mais d'affirmer, comme le fait le poète, l'ordre que l'on crée soi-même. • Nietzsche souligne que ceux-là mêmes qui se prétendent moraux et altruistes (les prêtres, les philosophes) ne font en fait qu'imposer leur ordre sous couvert d'un devoir impersonnel fictif. "Sans même vouloir examiner la valeur d'affirmations comme celle-ci :"Il y a en nous un impératif catégorique", on peut se demander ce que signifie pareille affirmation par rapport à celui qui la profère.

Il y a des morales qui sont destinées à justifier leur auteur aux yeux d'autrui; d'autres à l'apaiser et à le réconcilier avec lui-même; d'autres lui servent à se crucifier et à s'humilier, d'autres à exercer sa vengeance, d'autres à se déguiser, d'autres à se transfigurer, à se transposer dans une sphère élevée et lointaine; telle morale permet à son auteur d'oublier ou de se faire oublier, tout ou partie; plus d'un moraliste cherche à exercer aux dépens de l'humanité sa puissance et son imagination créatrice; plus d'un, et Kant peut-être est du nombre, donne à entendre par sa morale: "Ce qui est respectable en moi, c'est que je sais obéir, et il ne doit pas en être autrement chez vous".

Bref, les morales elles aussi sont une séméiologie des passions.

" Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, § 187 NIETZSCHE (Friedrich-Wilhelm).

Né à Rocken en 1844, mort à Weimar en 1900. Il fit ses études à l'école de Pforta, puis, renonçant à la carrière ecclésiastique, il les termina aux Universités de Bonn et de Leipzig.

La lecture de Schopenhauer et la rencontre avec Wagner sont les événements capitaux de cette période.

En 1868, Nietzsche est nommé professeur de philologie grecque à l'Université de Bâle ; il conserva ce poste jusqu'en 1878, date à laquelle il fut mis en congé définitif pour raisons de santé.

Commence alors la série des voyages de Nietzsche en Italie : Gênes, l'Engadine, Rapollo, Nice, la Sicile, Rome, Venise, lisant Empédocle, jouant Chopin et Rossini.

Il découvrit Stendhal et Bizet.

Il passe les mois d'été à Sils-Maria, dans une petite chambre, face à la montagne.

C'est à Turin, en janvier 1889, qu'il fut terrassé dans la rue par une crise de démence, probablement d'origine syphilitique, et qui se termina par la paralysie générale.

Ramené à Bâle, Nietzsche dut être interné quelque temps dans une maison de santé ; puis, sa soeur l'accueillit auprès d'elle, à Weimar, où il mourut le 25 août 1900.

La philosophie de Nietzsche se caractérise par un amour passionné de la vie.

Ses premiers écrits concernent l'Art ; reprenant la terminologie de Schopenhauer, volonté et représentation, 'Nietzsche distingue l'art dionysien (musique) : c'est l'exaltation tragique de la vie, l'état où l'homme a tendance à se confondre dans le monde ; et l'art apollinien (arts plastiques) : le principe apollinien est le principe contemplatif.

Le rêve apollinien s'oppose à l'ivresse dionysiaque.

C'est dans le drame wagnérien que Nietzsche voit la réconciliation de ces deux principes.

Nietzsche fait la critique de la Connaissance et de l'Histoire.

Si la durée du monde n'a pas de terme, la nature cosmique et humaine, cependant, ne varie pas, et les combinaisons qui constituent le monde sont limitées.

La vie que nous vivons, nous devons la revivre plusieurs fois.

La doctrine nietzschéenne de l'éternité est un éternel retour de l'identique, qui surmonte la temporalité du temps.

Midi est l'instant éternel où le temps, arrêté, devient éternité.

Nietzsche a toujours eu la nostalgie du soleil, de la Méditerranée, de la Grèce.

Après sa brouille avec Wagner, c'est Bizet qui lui semble le plus grand musicien.

Les pages cruelles qu'il a écrites contre les Allemands, les pages enthousiastes sur la civilisation juive, peuvent expliquer que Nietzsche n'ait pas exercé une grande influence, ni philosophique, ni littéraire, sur les Anglo-Saxons.

Brandès et d'Annunzio furent les premiers à saisir l'importance de la pensée de Nietzsche.

II faut accepter joyeusement la vie, et la volonté et l'imagination permettent seules d'échapper au pessimisme schopenhauerien, qui a profondément marqué Nietzsche. L'homme doit donner éternité à l'instant, saisir à la fois le passé et le futur, supratemporellement et surhumainement.

La tentative de Nietzsche fut d'enseigner « une nouvelle éternité ».

L'homme doit se transformer en un être supérieur : le Surhomme (Ubermensch).

Les valeurs vitales, force de la volonté et de la pensée, intensité de la vie, sont exaltées aux dépens des valeurs de la connaissance.

La pitié et la résignation chrétiennes deviennent de fausses valeurs ; la volonté de puissance est la base de la nouvelle éthique.

Le nationalsocialisme s'est emparé, en la déformant, de la pensée de Nietzsche.

Le philosophe de Sils-Maria fut surtout moraliste et poète.

Ses livres sont, le plus souvent, une suite d'aphorismes ou de paragraphes ayant chacun un titre.

Le style est fulgurant.

Nietzsche a dit lui-même qu'il brûlait « au feu de sa propre pensée », et qu'il n'écrivait plus avec des mots, « mais avec des éclairs».

L'influence de Nietzsche fut et demeure considérable.

Heidegger voit en sa pensée l'achèvement logique de toute la métaphysique occidentale.. »

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