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Sagesse du monde - « Le monde est-il sage ? »

Publié le 19/02/2023

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« Dissertation : Sujet : « Le monde est-il sage ? » ► Vous répondrez à cette question en vous référant à votre étude du thème du « Monde »? Dans l’Épître aux Corinthiens, Paul déclare « Car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu.

» Devant cette formulation oxymorique opposant le monde, avec sa violence et son désordre, à l’idée de la sagesse présupposant la prudence et la tempérance, la modération des passions et le refus des affects les plus violents, on peut poser la question suivante : « Le monde est-il sage ? » Cette interrogation porte sur la possible existence d’une « sagesse », d’un ordre latent régissant le fonctionnement du monde.

Il semble à première vue que rien n’associe l’idée du monde à celle de « sagesse ».

Le « monde », au moins dans le sens politique et éthique, est instable, ambigu et soumis aux désastres et aux crises les plus profondes.

Mais le « monde » dans le sens cosmologique suit un ordre et une régularité prouvant l’existence d’une instance surplombante qui se charge de le contrôler.

De même, si nous pouvons estimer que le monde ne produit pas de sagesse, cela n’interdit pas à l’être humain de projeter sur le monde ses propres aspirations à la prudence, au discernement, à la tempérance, à une vie de sagesse.

C’est ainsi que sont produites des représentations de mondes naturels, politiques sans défauts, ordonnés, intelligents, soit parce que l’on imagine une providence divine qui gouvernerait avec sagesse le monde, soit parce que l’homme serait l’artisan du meilleur des mondes politiques pour imposer à l’humanité une vie mesurée et contrôlée.

Or en projetant ainsi un idéal de sagesse sur le monde, ne risque-t-on pas de concevoir un monde irréel, invivable pour les êtres humains, hostile à la moindre imperfection ? Par conséquent, n’y a-t-il pas quelques folies à rechercher la sagesse du monde ? Pour répondre à ces questions, on verra que certes le monde est hostile à toute idée de sagesse, mais l’idée de désordre et de violence reste une représentation subjective.

D’où la nécessité d’une idée régulatrice espérant le progrès moral et politique de l’humanité. Plan détaillé : I- Le monde et la sagesse : une relation antinomique 1) Un monde de mouvements et d’instabilité : ► Dans le cosmos de Newton au XVIIIe siècle, les corps exercent des pouvoirs d’attraction les uns sur les autres en un combat universel. ► Fontenelle rend compte de ces luttes incessantes dans les Entretiens sur la pluralité des mondes : « Chaque monde, à ce qu’on dit, est comme un ballon qui s’étendrait, si on le laissait faire, mais il est aussitôt repoussé par les mondes voisins, et il rentre en lui-même, après quoi il recommence à s’enfler et ainsi de suite ».

Les mondes 1 sont donc comme des ballons qui se combattent sans fin.

Et cette image de luttes constantes ne se présente pas comme un modèle de sagesse. 2) Un monde de rivalités et de contradictions : ► La pratique de la sagesse morale suppose de l’entraide entre les êtres, pour renforcer en chacun l’aspiration à une vie vertueuse.

Les mondes (naturel, politique, social) pleins de rivalités et de contradictions, offrent un spectacle contraire à la sagesse ; cela produit des dissonances entre les aspirations humaines à la paix et au repos, et l’indifférence des mondes qui semblent garder le silence face à ses aspirations.

« Car insensible / Est la nature : / Le soleil luit / Sur les méchants et sur les bons » écrit Goethe dans le poème « Le Divin ». ► Le monde se moque bien de la sagesse ; il est sous l’emprise de tourbillons, de révolutions, de révoltes ; il demeure sourd à toute quête d’équilibre et d’harmonie.

C’est ce que Camus appelle l’absurde dans Le Mythe de Sisyphe : « L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde ». II- Mais le monde possède un ordre et une sagesse latents : 1) Le monde est sage, puisqu’il est ordre et discipline : ► La pensée grecque (celle de l’Antiquité) offre une autre image du monde : aussi le terme grec « κόσμος » qui désigne le monde signifie ordre ; le cosmos grec est ainsi discipline, convenance, bienséance ; il exprime la prudence et la sagesse.

Par essence, le monde est sage, puisqu’il est ordre et discipline.

Dans sa constitution physique, le monde peut se présenter comme un ensemble harmonieux où toutes les parties s’accordent les unes aux autres.

Il est possible ainsi d’imaginer une esthétique du monde – comme si le monde était cosmétique.

C’est que le « κόσμος » grec désigne également la parure, l’ornement ; le monde est remarquable dans sa composition physique. ►Le monde est d’autant plus beau qu’il est animé par une âme, suivant Timée dans le dialogue de Platon.

Cette âme du monde est un principe d’intelligence et de discernement – le mot sagesse vient du latin « sapientia » qui signifie : l’intelligence, le bon sens.

Le monde dès lors est un modèle.... »

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