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Rêver est-ce s'abstenir de penser ?

Extrait du document

« Au sens strict, penser, c'est réfléchir, conduire une analyse avec rigueur et méthode dans le souci de la vérité et de l'exactitude, mais c'est aussi être conscient de sa conscience, ce qui s'appelle la réflexivité.

La pensée devient à elle-même son propre objet et s'isole totalement de tout ce que le corps peut détecter et sentir, de tout ce que l'imagination peut former, ce qui exclut le rêve.

Car rêver cela peut-être imaginer une situation qui n'est pas encore réelle (rêver d'être pilote de ligne), mais c'est aussi se représenter des images en dormant (faire un bon ou un mauvais rêve).

S'agissant du premier sens, vous devez montrer en quoi à la fois cela libère notre imaginaire, mais au risque de nous détourner du réel et nous éloigner de l'action.

S'agissant du second sens, il faut montrer en quoi c'est une nécessité psychologique (exprimer ce qui était refoulé dans la journée) mais qui met en évidence une fuite et des désirs inconscients.

Au fond, rêver est un besoin, mais ce besoin n'est pas un besoin naturel, il est plutôt le signe que nous sommes des êtres de conscience et donc que nous pensons en tant que nous sommes placés entre le réel et le possible.

De même, le rêve peut conduire l'homme à agir pour réaliser ses rêves et cela fait intervenir sa réflexion.

Par conséquent, rêver n'est pas une diminution de notre pensée mais son élargissement, à des fins qui ne sont pas seulement la vérité ou la science mais aussi le désir. "Une étude philosophique de la rêverie nous sollicite par son caractère à la fois simple et bien défini.

La rêverie est une activité psychique manifeste.

Elle apporte des documents sur des différences dans la tonalité de l'être.

Au niveau de la tonalité de l'être peut donc être proposée une ontologie différentielle.

Le cogito du rêveur est moins vif que le cogito du penseur.

Le cogito du rêveur est moins sûr que le cogito du philosophe.

L'être du rêveur est un être diffus.

Mais, en revanche, cet être diffus est l'être d'une diffusion.

Il échappe à la ponctualisation du hic et du nunc. L'être du rêveur envahit ce qui le touche, diffuse dans le monde.

Grâce aux ombres, la région intermédiaire qui sépare l'homme et le monde est une région pleine, et d'une plénitude à la densité légère.

Cette région intermédiaire amortit la dialectique de l'être et du non-être.

L'imagination ne connaît pas le non-être.

Tout son être peut bien passer pour un non-être aux yeux de l'homme de raison, aux yeux de l'homme au travail, sous la plume du métaphysicien de l'ontologie forte.

Mais, en contrepartie, le philosophe qui se donne assez de solitude pour entrer dans la région des ombres baigne dans un milieu sans obstacles où aucun être ne dit non.

Il vit par sa rêverie dans un monde homogène à son être, à son demi-être.

L'homme de la rêverie est toujours dans l'espace d'un volume. Habitant vraiment tout le volume de son espace, l'homme de la rêverie est de toute part dans son monde, dans un dedans qui n'a pas de dehors.

Ce n'est pas pour rien qu'on dit communément que le rêveur est plongé dans sa rêverie.

Le monde ne lui fait plus vis-à-vis.

Le moi ne s'oppose plus au monde.

Dans la rêverie, il n'y a plus de nonmoi.

Dans la rêverie, le non n'a plus de fonction : tout est accueil.

[...] Le rêve nocturne, à l'inverse de la rêverie, ne connaît guère cette plasticité douce.

Son espace est encombré de solides - et les solides gardent toujours en réserve une sûre hostilité.

Ils tiennent leurs formes - et quand une forme apparaît, il faut penser, il faut nommer. Dans le rêve nocturne, le rêveur souffre d'une géométrie dure.

C'est dans le rêve nocturne qu'un objet pointu nous blesse dès que nous le voyons.

Dans les cauchemars de la nuit, les objets sont méchants." BACHELARD La rêverie illustre l'existence de différents niveaux de conscience qu'il n'est pas facile de décrire autrement que par des métaphores qui appellent une compréhension intuitive. Problématique. La rêverie est un état de conscience, une manière d'être spécifique qui se manifeste par une certaine tonalité ou qualité de l'être du rêveur.

La rêverie est un mode d'être diffus car le rêveur plongé dans son monde imaginaire est dans un état de conscience plus vague que celui du penseur.

Ce monde de la rêverie est moins dense que le monde réel.

Le monde de la rêverie loue un rôle de tampon entre le monde réel et le monde imaginaire ; les transformations qu'il fait subir tant à la représentation du monde qu'à la sienne en sont la marque spécifique. Enjeux. La rêverie s'oppose au rêve nocturne.

Ce dernier est essentiellement privé de la douceur du rêve diurne.

Il est rempli d'objets durs qui ne se laissent pas modeler par les désirs du rêveur et peuvent même, comme dans les cauchemars, lui paraître menaçants.

De cette opposition entre le monde de la rêverie et le monde du rêve nocturne, entre l'image pour elle-même et le phantasme, entre la tranquillité intérieure et le sommeil agité, se dégage une conception de l'homme qui vit en harmonie avec la terre.

La rêverie a une fonction hominisante alors que le rêve exprime les limites de notre être.. »

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