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Respecte-t-on la loi par intérêt ?

Extrait du document

« Les hommes ont crée des lois afin de pacifier leurs relations.

Le respect des lois permet donc de réaliser l'intérêt de tous et de chacun.

C'est la thèse que défendent Glaucon dans la "République" de Platon et Hobbes. Dans ce passage de La République, Glaucon, ami de Socrate prend la parole pour tenter de définir la justice. Contre Thrasymaque qui vient de soutenir que la justice est naturelle et se confond avec la loi du plus fort, Glaucon pense, au contraire, que la justice résulte d'une convention et d'un intérêt bien compris. « Glaucon : - Ecoute ce que je me suis chargé d'exposer d'abord, c'est-à-dire quelle est la nature et l'origine de la justice. On dit que, suivant la nature, commettre l'injustice est un bien, la subir un mal, mais qu'il y a plus de mal à la subir que de bien à la commettre.

Aussi quand les hommes se font et subissent mutuellement des injustices et qu'ils en ressentent le plaisir ou le dommage, ceux qui ne peuvent éviter l'un et obtenir l'autre, jugent qu'il est utile de s'entendre les uns les autres pour ne plus commettre ni subir l'injustice.

De là prirent naissance les lois et les conventions des hommes entre eux, et les prescriptions de la loi furent appelées légalité et justice.

Telle est l'origine et l'essence de la justice.

Elle tient le milieu entre le plus grand bien, c'est-à-dire l'impunité dans l'injustice, et le plus grand mal, c'est-à-dire l'impuissance à se venger de l'injustice.

Placée entre ces deux extrêmes, la justice n'est pas aimée comme un bien, mais honorée à cause de l'impuissance où l'on est de commettre l'injustice.

Car celui qui peut la commettre et qui est véritablement homme se garderait bien de faire une convention aux fins de supprimer l'injustice ou commise ou subie : ce serait folie de sa part.

Voilà donc, Socrate, quelle est la nature de la justice, et l'origine qu'on lui donne.

» Platon, La République, livre 2, 358d/359b.

Traduction Chambry. Vaut-il mieux subir l'injustice que la commettre ? Pour Socrate, la justice est une valeur absolue.

Elle est pour lui le bien et la vertu par excellence.

Glaucon propose ici de définir la justice non comme une fin, mais comme un moyen. Elle n'a donc qu'une valeur relative.

Il oppose la nature et la loi.

Par nature, l'injustice est préférable.

Par la loi, la justice est préférable.

Ce changement s'explique par le fait que les hommes ont fait un calcul.

Avant l'établissement de toute loi, le risque de subir l'injustice étant supérieur à l'occasion de pouvoir la commettre dans la majorité des cas, les hommes s'entendent entre eux et établissent une convention par laquelle ils se protègent de l'injustice subie et renoncent à l'injustice commise. La justice n'est donc pas naturelle.

Elle résulte d'une institution, d'un contrat.

C'est sur la loi qu'il faut s'appuyer pour la faire exister, et non sur la nature. Hobbes, dans le Léviathan, montre la nécessité de l'artifice politique en vue de la paix et de la sécurité. En d'autres termes, ce sont exclusivement des rapports de forces qui, dans la condition naturelle des hommes, s'établiraient entre eux.

Cela, selon Hobbes, s'explique aisément.

En effet, tous les hommes ayant le même désir naturel de se conserver, ont le même «droit» (power) de satisfaire ce désir.

Le résultat est clair parce qu'il est mécanique : les hommes s'entre-déchirent en une « guerre de tous contre tous », universelle et sans merci. Si les hommes ne vivaient jamais qu'en l'état de nature, leur horizon ne pourrait être par conséquent que la destruction du genre humain.

Mais, en vertu d'une «règle générale de la raison», que Hobbes considère comme «la loi de nature fondamentale» (Lév.

XIV), selon laquelle il est impératif «de rechercher et de poursuivre la paix», les hommes refusent l'horizon de mort auquel, sous l'empire de la peur, ils seraient conduits s'ils cédaient à leurs tendances et à leurs passions.

Donc, parce que l'homme est un « homo rationalis » à qui l'irrationnel est insupportable, il lui appartient de quitter l'état de nature et, par le truchement de son «art» (c'est-à-dire grâce à un artefact), de construire un état civil en quoi un corps politique sera substitué à la multitude des individus naturels. L'artifice que produit la raison pour faire naître la République est le contrat.

Celui-ci apparaît comme la procédure intellectuelle grâce à laquelle l'individualisme qui régnerait en l'hypothétique état de nature en y installant la guerre de tous contre tous peut être surmonté.

En termes plus simples, disons que le contrat qui, en idée et non pas à titre de fait historique, est nécessaire pour instituer la société politique arrache les individus à leur condition naturelle; il fait que, l'homme n‘étant plus dorénavant «un loup pour l'homme», l'horrible « timor mortis »qui tenaille chaque individu en l'état de nature peut cesser tandis que se dessine un horizon de paix civile.

Hobbes trouve ainsi dans «le pas de la raison» la cause nécessaire et déterminante de la condition civile ou politique.

L'axiome sur lequel repose la génération de la « Res publica » répond à une logique contractualiste qui s'exprime en ces termes : il faut que, par un calcul téléologique d'intérêts, chacun «consente, quand les autres y consentent aussi, à se dessaisir, dans toute la mesure où l'on pensera que cela est nécessaire à la paix et à sa propre défense, du droit qu'on a sur toute chose » (Lév.

XIV).. »

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