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Renoncer à sa liberté est-ce renoncer à sa qualité d'homme ?

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« Introduction : Bien définir les termes du sujet : - " Renoncer" : C'est se désister du droit que l'on a sur quelque chose, abandonner la possession de cette chose, ici la liberté. - " Liberté " : le plus généralement, elle consiste dans le fait de pouvoir se mouvoir sans contraintes, de juger et agir en pleine conscience.

C'est le pouvoir de se déterminer rationnellement sans y être contraint par une force extérieure. - " Qualité d'homme" : Ici, il ne s'agit pas de comprendre le terme homme comme une simple dénomination biologique, comme désignant une espèce animal.

Parler de qualité d'homme, c'est faire référence à ses spécificités, à son humanité, c'est reconnaître qu'il n'existe pas uniquement comme corps, mais aussi comme conscience et raison. Construction de la problématique : Le sujet demande une réponse qui soit affirmative ou négative, et paraît partir du présupposé que l'essence de l'homme est sa liberté.

Il établit ainsi une identité entre le fait d'être un homme, et celui d'être libre. En admettant que la liberté soit réellement l'essence de l'homme, se pose la question de savoir s'il lui est de ce fait possible d'y renoncer, dans quelles circonstances, et quelles en seraient les conséquences. NB : Le sujet fait référence à une citation du Contrat social de Rousseau, I, 4 "renoncer à sa liberté est renoncer à sa qualité d'homme" I, 4.

à Examen de cette idée, et éventuelle remise en cause. Plan : I/ La liberté pour essence : Les théoriciens du droit moderne définissent l'homme comme un être autonome, indépendant, égal aux autres, et donc libre, c'està-dire dont la liberté est une détermination constitutive, qui n'a pour limite que la puissance de l'individu.

Si ces déterminations fondamentales ne sont pas mises en danger à l'état de nature, ce n'est pas le cas en société. ∙ C'est ce qu'explique Rousseau dans Le contrat social : "l'homme est né libre, et il est partout dans les fers" CS, I, 1.

Il souligne la contradiction qui existe entre ce qu'il observe et l'essence de l'homme.

La vie en société est un état de nature perverti où l'homme ne correspond plus à sa véritable nature, et où il est de ce fait, menacé de perdre sa qualité d'homme.

Le but de Rousseau est trouver une nouvelle forme de liberté, qui soit en accord avec la nouvelle manière de vivre.

Ainsi, l'homme en société ne mettrait pas en danger sa qualité d'homme, et resterait toujours fidèle à son essence. ∙ A l'état de nature, la liberté se caractérisait par l'égalité et l'autonomie, si l'homme continue à vivre selon ces valeurs, alors il restera libre et ne perdra pas son essence et sa qualité d'homme.

Le contrat social permet de parvenir à ce résultat, il fait en sorte qu'aucun homme ne soit soumis à l'arbitraire d'une volonté particulière –les hommes sont donc égaux- et il permet aux hommes de n'obéir qu'à eux-mêmes –ils font la loi et y obéissent. Si l'on considère avec Rousseau que l'état de nature révèle l'essence de l'homme, alors il semble évident que la vie en commun doit garder ces caractéristiques pour ne pas dénaturer l'homme.

Ce dernier étant avant tout un être libre, il faut que la vie en commun lui permette de garder cette liberté, sans quoi, il perdrait par là même sa qualité d'homme. II/ La raison, instrument de la liberté : Mais si la liberté semble être caractéristique de l'homme, ce n'est pas tant en tant que telle, que parce qu'elle dévoile la capacité de choix, et de détermination rationnelle de l'homme.

En effet, la liberté implique non seulement la conscience, mais aussi la raison, qui nous hausse à notre dignité d'homme ; c'est pouvoir agir rationnellement. ∙ C'est ce qu'explique Kant dans La métaphysique des mœurs.

Nous sommes selon lui, à la fois des êtres sensibles – ayant des passions… - et des êtres intelligibles - doué de raison qui nous permet de nous extraire de l'expérience pour nous situer au niveau de l'universel.

Notre volonté peut donc être déterminée de 2 façons : soit par une détermination extérieure (agir selon ses penchants et désirs, et suit ainsi les lois de la nature) soit par un principe interne (agir selon sa raison) à la volonté n'étant pas en soi pleinement conforme à la raison, elle peut être déterminée par des penchants, (=hétéronomie de la volonté), et dans ce cas, je peux décider de ne pas agir selon ma raison et mon coté intelligible, mais selon mes penchants et ma nature sensible. ∙ Cependant, Kant considère que la raison est ce qui nous distingue des animaux, ce qui fait de nous hommes à proprement parler.

En effet, tous les vivants sont des êtres sensibles, et l'homme est le seul vivant qui en plus d'être sensible possède une part d'intelligible en lui.

Cette dernière, qui se caractérise par la raison, nous permet de nous élever à l'universel, et de considérer les choses en tout objectivité en nous libérant de notre sensibilité.

De ce fait, décider d'agir selon ses passions et donc selon son coté sensible plutôt qu'intelligible, c'est décider d'obéir à la part animale en nous. Renoncer à la raison pour suivre son coté sensible, c'est donc renoncer à la liberté, et de ce fait renoncer en sa qualité d'homme. III/ Nous n'avons pas choisi d'être libre : Mais depuis le début, nous parlons de la liberté comme étant un choix.

Autrement dit, nous pouvons choisir d'être ou de ne pas être libre, nous pouvons nous défaire de notre liberté en choisissant telle voie plutôt que telle autre.

Cependant, si nous considérons que la liberté est notre essence, il semble contradictoire que l'on puisse s'en défaire. ∙ C'est ce qu'explique Sartre dans L'Etre et le néant : "nous sommes condamnés à être libre".

Ainsi, nous ne pouvons pas renoncer à notre liberté, et nous ne pouvons pas renoncer à notre qualité d'homme.

La liberté étant une dimension constitutive de notre être nous ne pouvons pas nous en débarrasser, c'est la raison pour laquelle nous sommes "condamnés" à être libre.

Terme qui souligne non pas la vision romantique de la liberté, mais bien l'angoisse qui l'accompagne. ∙ Par contre, nous pouvons décider d'assumer plus ou moins cette liberté : voir le comportement de mauvaise foi, qui consiste à se défaire de la responsabilité de nos actes en invoquant une puissance supérieure comme la fatalité, l'hérédité… Ce ne sont que des excuses, alors que nous nous savons libres.

Dans chacun de nos actes, nous engageons notre liberté : nous décidons soit de l'éviter, soit de l'affirmer, et nous engageons par là même notre humanité.

L'homme accompli, étant celui qui n'a pas peur d'être libre. Nous ne pouvons donc pas renoncer à la liberté et à notre qualité d'homme, par contre, nous pouvons agir plus ou moins librement, et donc assumer plus ou moins notre humanité.. »

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