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Religion et raison ?

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« Religion et raison peuvent s'opposer de deux manières : dans leurs attentes respectives et dans les attitudes qu'elles engendrent.

La religion (du latin religare, lier, rattacher) nous demande de croire à l'existence d'un dieu ou du divin, ce qui conduit à une attitude spécifique : celle de la foi.

La raison nous invite à toujours douter et à n'admettre comme vrai que ce que nous pouvons démontrer et prouver L'homme raisonnable est ainsi invité par sa raison même à la prudence, tant sur le plan pratique que théorique. Si la religion est le signe, pour la raison, d'une irrationalité, cela signifie-t-il qu'elle n'est qu'une forme de l'ignorance, ? Ne faut-il pas envisager la possibilité que la religion puisse dépasser la raison ? Dans les deux cas, la raison se trouve devant la même difficulté a-t-elle le pouvoir de comprendre et d'expliquer la religion ? COMPRENDRE Compréhension d'un ordre supérieur, la foi est cette saisie surnaturelle du divin qui se distingue de la raison, forme naturelle de la connaissance.

Sur un plan théorique, le conflit semble insoluble.

Religion et raison se présentent comme des modes spécifiques du savoir et revendiquent le monopole de la vérité.

Mais la raison cherche les normes de la connaissance vraie en son propre pouvoir, en procédant par des principes logiques démontrables et une méthode rationnelle.

La religion, elle, semble demander à l'homme l'obéissance à une vérité qu'il ne produit pas mais qu'il reçoit, par le biais d'une parole prophétique par exemple. L'autorité est donc extérieure au croyant, qui se plie à des règles issues d'une vérité révélée.

C'est Dieu qui communique à l'homme cette vérité dont il n'est que le dépositaire.

Le « secours » que le fidèle attend dépend de la « grâce » de Dieu, autrement dit d'un dieu à qui il appartient seul de communiquer, ou pas, avec l'homme. Le croyant reconnaît donc une forme de connaissance particulière : il fait l'expérience d'une communication dont il n'a pas l'initiative.

Là où la raison pose un objet qui lui est extérieur, la foi pose comme possible une union (unio mystica) avec le divin. Pascal distingue trois ordres de l'être: l'ordre du corps, l'ordre de l'intelligence et l'ordre de la charité.

La raison est supérieure aux instincts corporels, mais la foi est infiniment supérieure à la raison.

Pour le chrétien Pascal, la foi est le domaine du mystère inexplicable, du cœur, devant lequel la raison impuissante doit se plier. «Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point [...] C'est le coeur qui sent Dieu et non la raison.

Voilà ce que c'est que la foi.» Pascal, Pensées (1670). • Pascal distingue deux modes de connaissance.

La raison «connaît» sur le mode conceptuel et argumentatif, comme dans les mathématiques.

Mais Dieu échappe à ce mode de connaissance.

Il serait vain, pour Pascal, de prétendre en démontrer l'existence.

C'est le coeur qui «sent» Dieu.

La foi est donc une connaissance immédiate et trop subtile pour pouvoir être argumentée. • La raison peut néanmoins être mise au service de la foi, de façon indirecte: c'est la célèbre théorie du «pari» pascalien, visant à convertir les incroyants.

II montre que l'homme a beaucoup à gagner en croyant, et, réciproquement qu'il n'a rien à gagner en en croyant pas.

Il est donc, en pratique, raisonnable de croire en Dieu, même si ce n'est pas rationnel, et n'a pas besoin de l'être. Salut religieux et devoir moral Sur le plan pratique, le conflit n'est pas moins vif.

La morale met en jeu l'homme dans ses rapports avec ses semblables et repose toute entière sur l'idée d'une volonté dirigée par la raison.

La religion, si elle peut lier les hommes, n'en est pas moins d'abord un rapport de l'homme à son dieu.

Ce dieu, pour être moral parfois, est avant tout divin, c'est-à-dire d'une essence surnaturelle.

Ce n'est pas le respect de la loi morale ou de la personne, ni le bonheur qui constituent la fin de la relation du croyant à son dieu, mais le salut, visée d'une vie éternelle.

Une attitude morale peut être, au mieux, un moyen de parvenir au salut, mais elle ne peut constituer à elle seule la fin véritable d'une pratique religieuse. Le dieu de la religion chrétienne est un dieu que le fidèle prie, qu'il aime et qui seul peut le sauver.

Prier un dieu, quelle que soit la religion, est un acte spirituel inscrit dans la pratique de rites : c'est s'adresser à son dieu ou intercéder auprès de lui (sur la signification technique de la prière comme « acte traditionnel efficace » (Mauss).

Cela suppose qu'il nous écoute et puisse nous répondre.

La religion n'est donc pas seulement un moyen de penser le réel ou de garantir l'ordre du monde, mais ce qui permet à l'homme de supporter sa condition et de préparer sa vie éternelle (qui échappe au temporel). Si la morale est une discipline terrestre, la religion est la discipline du ciel.

Faut-il en conclure à leur nécessaire et définitive opposition ? raison religion profane sacré l'ordre temporel l'ordre spirituel sensible supra-sensible domaine du savoir domaine de l'inconnaissable fondation de la science fondation religieuse de la morale ordre du concept ordre des pures Idées autorité de l'intelligence autorité de la foi. »

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