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Reconnaître qu'il y a de l'intolérable, est-ce cesser d'être tolérant?

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« Analyse du sujet : - - Par définition, l'intolérable étant ce qui ne peut être toléré, il est difficile de considérer qu'on puisse concilier le fait d'être tolérant avec celui d'admettre qu'il y a de l'intolérable. Pourtant, il semble que l'on doive justement réussir à concilier ces deux traits, car autant l'intolérance est un défaut, autant on ne peut laisser quelqu'un commettre un crime au nom de la tolérance. Il faut donc que par tolérance on entende autre chose que le simple fait de tout laisser faire. Il se peut ainsi que la tolérance soit plutôt à mettre en rapport avec les idées de liberté et de respect qu'avec celle d'indifférence.

En effet, il est conséquent d'affirmer que la tolérance est autant l'alliée de la liberté et du respect qu'elle est l'ennemie de l'égoïsme. L'égoïsme s'oppose ainsi à la tolérance parce que cette dernière a été mise en place par altruisme alors que l'intolérance peut faire très bon ménage avec l'égoïsme. Dès lors, ne semble-t-il pas concevable d'affirmer que l'on puisse refuser de tolérer certaines choses tout en restant tolérant ? Problématisation : Si l'on répond par l'affirmative à la question posée par le sujet, il devient difficile de prétendre que la tolérance soit une qualité en soi, une qualité à laquelle on pourrait toujours prétendre.

Par ailleurs, répondre par la négative exigerait de redéfinir ce que veut dire « être tolérant », car on comprend mal comment cela serait possible.

En réalité, on peut considérer que le problème réside dans la confusion souvent faite entre la tolérance et le laisserfaire, ce qui nous amène à poser ce problème : être tolérant, est-ce tout accepter ? Proposition de plan : 1.

La tolérance consiste à respecter les idées et les actions d'autrui. - - - - - - - - « La tolérance comporte une souffrance à supporter l'expression d'idées, selon nous, néfastes, et une volonté d'assumer cette souffrance.

» (Edgar Morin, Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur) Il semble donc que le principe premier de la tolérance, ce soit justement de supporter ce qui nous paraît intolérable. En effet, il ne serait pas difficile de tolérer ce qui ne nous choque pas.

Il n'y a du coup pas lieu de parler alors de tolérance.

Pour qu'il y ait tolérance, il faut qu'il soit nécessaire de faire un effort, il faut que cette tolérance aille à l'encontre de notre inclination naturelle. « La règle d'or de la conduite est la tolérance mutuelle, car nous ne penserons jamais tous de la même façon, nous ne verrons qu'une partie de la vérité et sous des angles différents.

» (Gandhi, Tous les hommes sont frères) Il semble donc qu'il faille tout tolérer, car ce qui peut nous paraître intolérable peut n'être que l'effet de notre incompréhension.

Nul ne peut savoir si l'autre est réellement dans l'erreur. D'autre part, quand bien même l'autre serait dans l'erreur, il serait peut-être plus préjudiciable de le lui faire remarquer et de chercher à le remettre dans le droit chemin que de le laisser se tromper. « Qu'est-ce que la tolérance ? C'est l'apanage de l'humanité.

Nous sommes tous pétris de faiblesses et d'erreurs ; pardonnons-nous réciproquement nos sottises, c'est la première loi de la nature.

» (Voltaire, Dictionnaire philosophique) Il est ainsi plus important de laisser exister l'erreur d'autrui que de la réprouver.

La vraie sagesse consisterait en fait à savoir pardonner à autrui pour qu'il puisse également nous pardonner. C'est ainsi qu'on éviterait de la meilleure façon bien des querelles dont les effets peuvent parfois s'avérer terribles.

En effet, « la discorde est le grand mal du genre humain, et la tolérance en est le seul remède.

» (Voltaire, Dictionnaire philosophique) De ce point de vue, il apparaît donc qu'être tolérant semble exiger de nous que cette tolérance soit absolue. 2.

Mais la tolérance, ce n'est pas le laisser faire. - - Cependant, n'est-il pas inconséquent de défendre la tolérance à tout prix ? N y a-t-il pas des cas où la raison ordonne de refuser certaines choses ? « Il n'y a pas de mal plus grand, et des suites plus funestes, que la tolérance d'une tyrannie qui la perpétue dans l'avenir » écrit Montesquieu dans ses Pensées Montesquieu entend signaler par là que certaines tyrannies ne subsistent qu'en raison du fait qu'on les tolère.

Ainsi, si on les considérait comme étant intolérables, il serait permis d'espérer qu'elles disparaissent.

Faute de cela, elles subsistent. Par conséquent, peut-être est-il souhaitable d'admettre parfois qu'il existe de l'intolérable. Car certains maux sont absolus et ne peuvent être passés sous silence. En effet, lorsqu'on tolère tout et n'importe quoi, la tolérance devient un vice et se transforme. »

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