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Qu'est qui fait la force des préjugés?

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« Vocabulaire: PRÉJUGÉ : Praejudicare =juger avant.

Opinion reçue qui, à notre insu, influence notre jugement.

Opinion favorable ou défavorable formée sans examen préalable; le préjugé se situe avant le jugement; il est donc l'opposé de ce qui fonde la connaissance rationnelle ou expérimentale. POUR DÉMARRER Où s'originent la puissance et le pouvoir des opinions admises sans critique, sans examen rationnel ? Quelle est la base psychique, mais aussi sociologique, etc., de ce qui est jugé d'avance, avant même qu'on se soit instruit ? Quelle est la source de la force du jugement de valeur non fondé objectivement ? Un sujet qui vous interroge sur un phénomène paradoxal pour la raison, phénomène qui très souvent guide l'action de sociétés entières comme celle de l'individu. CONSEILS PRATIQUES Demandez-vous si le préjugé ne s'enracine pas dans l'enfance, dans le milieu social, dans un ensemble culturel rendant compte de sa violence.

Le penchant de l'homme à la passivité, son ignorance de lui-même, autant de facteurs permettant de comprendre la triste puissance de tant de préjugés.

Réfléchissez bien sur la « prévention » dont nous parle Descartes (Discours de la méthode), cette persistance, dans la pensée, de jugements irréfléchis portés durant l'enfance et s'imposant encore à nous.

Utilisez un plan progressif, dans lequel vous explorerez les différentes puissances qui ont sculpté notre moi et qui s'opposent à l'examen méthodique et rationnel des jugements. BIBLIOGRAPHIE ALAIN, Définitions, in Les arts et les dieux, NRF-Gallimard. Le racisme devant la science, Collectif, UNESCO-Gallimard. DESCARTES, Discours de la méthode, Éditions de poche. I N TRO DUCTI O N Définition des termes et problématis ation : L e s ujet pos e l a q u e s tion de l'origine de l'influenc e que peut avoir nos i d é e s préc o n ç u e s s ur nous , notre manière de pens er, d'appréhender les c h o s e s qui nous entourent.

Les préjugés s ont les i d é e s ou les o p i n i o n s reç u e s c o m m e v a l a b l e s par l'individu alors m ê m e q u ' e l l e s ne s ont pas f o n d é e s , jus tifiées .

L ' a b s e n c e de jus tific ation peut provenir du c arac tère s u b j e c tif et donc relatif d'une idée, dans le c a s de la s e n s ation l'individu prend Première partie : La passivité de la raison. 1.1 La force de l'habitude. « Ceux qui s avent s e u l e m e n t s entir, c royant que le Soleil es t plein de lumière ; c e u x q u i s avent s entir et rais onner, ne le c roient pas ; pourvu qu'ils s a c hent aus s i bien rais onner, qu'ils s avent s entir.

On es t très pers u a d é , q u e c eux même qui défèrent le plus au témoignage de leur s e n s , entreraient dans le s entiment on l'on es t, s ' i l s a v a i e n t b i e n m é d i t é l e s c h o s e s que l'on a dites .

M a i sils aiment trop les illusions de leurs sens ; il y a trop longtemps qu'ils obéissent à leurs préjugés 1.2 Le besoin d'autrui. « L e s princ i p a l e s s ourc e de préjugés s ont : l'imitation, l'habitude, et l'inc lination. L'imitation a une influenc e g é n é r a l e s ur nos jugements ; c ar il y a une forte rais on de tenir pour vrai c e que d'autres ont donné pour tel.

D'où le préjugé : c e que tout le monde fait es t bien.

– Quant aux préjugés qui s ont nés de l'habitude, ils ne peuvent être dérac i n é s qu'à la longue, s i l'entendement voit s e s jugements progres s ivement retenus et ajournés par des rais o n s c ontraires et s e trouve de c e fait rec onduit peu à peu à une faç o n d e p e n s er oppos ée.- M a i s s i un préjugé dû à l Transition : La tentation de la pas s i v i t é p o u s s e l'individu à faire de s e s préjugés d e s jugements s ur les q u e l s il peut étayer s on rais onnement.

Nous p o u v o n s alors n ou s pos er la ques tion s uivante : l'influenc e du préjugé s ur nos rais o n n e m e n t s provient-elle du préjugé lui-même ou provient-elle d'une évaluation fautive de notre entendement ? Deuxième partie : L'attribution d'une forc e aux préjugés . 2.1 L'erreur provient du mauvais usage de notre liberté. « Nos s e n s ne s ont donc pas s i c orrompus qu'on s ' i m a g i n e , m a i s c ' e s t le plus intérieur de notre âme, c ' e s t notre liberté qui es t c orrompue.

Ce ne s ont pas nos s e n s qui nous trompent, mais c ' e s t notre volonté qui nous trompe par s e s jugements préc ipités .

Quand on voit, par exemple, de la lumière, il es t très c ertain que l'on voit de la lumière : quand on s ent de la c haleur, on ne s e trompe point de c roire que l'on en s ent, s oit devant s oit après le péc hé.

M a i s on s e trompe, quand on 2.2 La force des préjugés résulte d'une évaluation. « Parfois les préjugés s ont des vrais jugements provis oires ; c ' e s t s eulement le fait qu'ils prennent la valeur de princ i p e s ou de jugements définitifs qui es t illégitime.

La c a u s e de c ette illus i o n e s t à c herc her dans le fait que des rais o n s s u b j e c tives s ont à tort c o n s i d é r é e s c o m m e o b j e c tives ,faute de la réflexion qui doit préc éder tous les jugements .

» KANT, L o g i q u e . Transition : L e s préjugés n'ont pas e n e u x - m ê m e s de forc e, c elle-c i naît de la c o n s idération des i n d i v i d u s , c ' e s t eux-mêmes qui attribuent un pouvoir aux préjugés .

Ce qui s era défendu par une majorité de pers o n n e s m ê m e s i c ' e s t infondé, et non jus tifié par la réflexion, s era un bon c andidat pour être c o n s idéré c o m m e u n j u g e m e n t i n f l u a n t .

L ' h o m m e n ' e s t pas c o n s c ient de c onférer de la valeur à un préjugé, à un jugement infondé et s u b j e c tif, pour lui il s 'agit d'un jugement valable Troisième partie : Les préjugés sont incontournables mais peuvent être dépassés et doivent l'être pour rendre possible la science. 3.1 L'esprit a l'âge de ses préjugés. « L'idée de partir de z éro pour fonder et ac c roître s on bien ne peut venir que dans d e s c ultures de s i m p l e j u x t a p o s ition où un fait c o n n u e s t immédiatement une ric h e s s e.

M a i s d e v a n t l e m y s tère du réel, l'âme ne peut s e faire, par déc ret, ingénue.

Il es t alors i m p o s s ible de faire d'un s eul c oup table ras e d e s c o n n a i s s a n c e s us u e l l e s .

Fac e au réel, c e q u ' o n c roit s avoir c lairement offus q u e c e qu'on devrait s avoir.

Quand il s e prés ente à la c ulture s c ientifique,l'esprit n'est jamais jeune 3.2 La dynamique de la science. « Ains i toute c ulture s c ientifique doit c o m m e n c er, c o m m e n o u s l ' e x p l i q u e r o n s longuement, par une catharsis intellectuelle et affective.

Res te ens uite la tâc h e l a p l u s diffic ile : mettre la c ulture s c ientifique en état de mobilis ation permanente, remplac er le s avoir fermé et s tatique par une c o n n a i s s a n c e ouverte et dynamique, dialec tis er toutes les v a r i a b l e s e x p é r i m e n t a l e s , donner enfin à la rais o n d e s rais o n s d'évaluer.

» Ibid. CO N CLUSI O N L'origine de l'influence des préjugés est multiple, elle réside à la fois dans nos sensations, qui sans prise de distance critique, peuvent être porteuses d'erreurs, et dans notre tentation à la passivité, notre raison s'en remettant aux jugements d'autrui infondés.

L'origine du pouvoir des idées préconçues est donc à la fois interne et externe.

Cependant ce pouvoir ne réside pas dans les préjugés eux-mêmes mais est attribué par l'homme de l'extérieur.

L'homme se trompe en prenant un préjugé pour un jugement objectif.

Cette tendance à l'erreur est inhérente à l'esprit humain celui-ci devant en être conscient pour pouvoir rompre avec ses préjugés et rendre ainsi possible la science. « L'évidence est le caractère (ou signe ou critérium) d'une vérité clairement et distinctement conçue qui s'impose à l'esprit.

» Lagneau, Célèbres Leçons et Fragments, 1950 (posth.) « Toute vérité nouvelle naît malgré l'évidence.

» Bachelard, Le Nouvel Esprit scientifique, 1934. Préjugé : « Ce qui est jugé d'avance, c'est-à-dire avant qu'on se soit instruit.

Le préjugé fait qu'on s'instruit mal.

» Alain, Définitions, 1953 (posth.) « Pour ce que nous avons tous été enfants avant que d'être hommes, et qu'il nous a fallu longtemps être gouvernés par nos appétits et nos précepteurs [...], il est presque impossible que nos jugements soient si purs ni si solides qu'ils auraient été si nous avions eu l'usage entier de notre raison dès le point de notre naissance.

»Descartes, Discours de la méthode, 1637. « Qui a une idée vraie sait en même temps qu'il a une idée vraie, et ne peut douter de la vérité de la chose.

» Spinoza, Éthique, 1677 (posth.) « Nous ne prendrons jamais le faux pour le vrai tant que nous ne jugerons que de ce que nous apercevons clairement et distinctement.

» Descartes, Principes de la philosophie, 1644. « Descartes n'ayant point mis d'enseigne à l'hôtel de l'évidence, chacun se croit en droit d'y loger son opinion.

» Helvétius, De l'Esprit, 1758.. »

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