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Peut-on lutter contre les préjugés ?

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Les  Sceptiques pensent pour leur part qu'il est impossible d'accéder à une connaissance certaine, car  ils font remarquer que sur toute chose on peut soutenir une thèse et son contraire. On est alors dans une situation d'isosthénie, ce qui veut dire littéralement de force égale (des deux thèses antinomiques en présence). Le plus sage, pensent les Sceptiques, est alors pour se garder de l'erreur de suspendre son jugement, la suspension du jugement s'appelant épochè. Dans cette perspective, pour se garder du préjugé, il faut donc remettre en questions la croyance dans la possibilité même pour l'esprit d'atteindre la vérité, ce qui revient à penser de toute croyance qu'elle n'est ni vraie ni fausse, mais indécidable quant à sa vérité.   II. La raison doit mettre fins aux préjugés par un examen méthodique   Le problème de la thèse sceptique est qui si elle nous permet bien de nous délivrer du préjugé, elle nous interdit du même coup d'arriver à une véritable connaissance. On perd donc d'un côté ce que l'on gagne de l'autre. Comment nous délivrer du préjugé sans renoncer à atteindre la vérité ? Au début du Discours de la méthode, Descartes définit la raison comme faculté de bien juger, c'est-à-dire de distinguer le vrai du faux. Or cette faculté est selon Descartes  « la chose du monde la mieux partagée », ce qui signifie que tous les hommes en sont pourvus.

« Le terme « préjugé » vient du latin praejudicare qui signifie juger préalablement.

Le préjugé renvoie donc à une opinion admise avant tout jugement ou raisonnement, et qui est donc dépourvue de sens critique.

L'absence d'examen rationnel qui caractérise le préjugé peut donc conduire à une idée fausse dont on n'a pas pris la peine de contrôler le bien fondé.

C'est le cas par exemple d'une opinion raciste où l'on condamne un individu sur la seule base de son appartenance ethnique.

Dès lors, pour se garder de l'erreur et de l'injustice, il paraît souhaitable de se délivrer des préjugés, mais c'est difficile à faire car le propre du préjugé est qu'il n'est jamais perçu comme tel.

En effet lorsque l'on s'abandonne à un préjugé, on croit simplement que l'idée que l'on soutient est vraie, tellement vraie que l'on n'a aucune raison d'en douter.

Il semble donc que plus un préjugé est fort, plus il est difficile de s'en délivrer.

Le problème devient dès lors de savoir comment l'on peut s'arracher à l'illusion de vérité du préjugé, à la force de conviction qu'il exerce sur l'esprit de la personne qui y adhère. I.

Pour lutter contre les préjugés il faut douter de tout Le préjugé est une croyance qui se donne pour vraie, alors que l'on n'a pas examiné les fondements de sa prétendue vérité. En ce sens le préjugé est une opinion, et s'oppose à ce titre à la connaissance véritable.

En effet il y n'y a de connaissances certaines, que dans le cas où l'on peut dire pourquoi l'on sait ce que l'on sait, c'est-à-dire lorsqu'un examen attentif nous a fourni les raisons qui expliquent l'existence des choses que l'on connaît.

Mais à l'inverse les croyances ne sont en réalité que de fausses connaissances, car elles sont dépourvues de fondement.

Le problème est que dans le cas du préjugé, une simple croyance se fait passer pour une véritable connaissance, sans que l'on ait un moyen de distinguer l'une de l'autre.

Mais cette confusion repose peut-être elle-même sur un préjugé fondamental, qui consiste justement à croire que l'on peut accéder à des connaissances certaines.

Les Sceptiques pensent pour leur part qu'il est impossible d'accéder à une connaissance certaine, car ils font remarquer que sur toute chose on peut soutenir une thèse et son contraire.

On est alors dans une situation d'isosthénie, ce qui veut dire littéralement de force égale (des deux thèses antinomiques en présence).

Le plus sage, pensent les Sceptiques, est alors pour se garder de l'erreur de suspendre son jugement, la suspension du jugement s'appelant épochè.

Dans cette perspective, pour se garder du préjugé, il faut donc remettre en questions la croyance dans la possibilité même pour l'esprit d'atteindre la vérité, ce qui revient à penser de toute croyance qu'elle n'est ni vraie ni fausse, mais indécidable quant à sa vérité. II.

La raison doit mettre fins aux préjugés par un examen méthodique Le problème de la thèse sceptique est qui si elle nous permet bien de nous délivrer du préjugé, elle nous interdit du même coup d'arriver à une véritable connaissance.

On perd donc d'un côté ce que l'on gagne de l'autre.

Comment nous délivrer du préjugé sans renoncer à atteindre la vérité ? Au début du Discours de la méthode, Descartes définit la raison comme faculté de bien juger, c'est-à-dire de distinguer le vrai du faux.

Or cette faculté est selon Descartes « la chose du monde la mieux partagée », ce qui signifie que tous les hommes en sont pourvus.

Mais alors comment expliquer que les hommes puissent se tromper ? Parce que cette raison que tous nous possédons, n'a pas été suffisamment éduquée, si bien qu'elle juge de la vérité des choses de manière désordonnée, et en croyant parfois aveuglément ce que professent des personnes jouissant d'un autorité sociale.

Le propre de l'usage non méthodique de la raison est donc de suivre les préjugées.

Donc pour éviter se délivrer des préjugés, il faut raisonner avec méthode.

Descartes donne les 4 principes qu'il faut employer pour y arriver : 1) ne croire que ce qui est évident 2) décomposer les choses complexes en éléments simples 3) partir toujours des choses les plus simples pour comprendre les plus complexes 4) dénombrer (c'est-à-dire compter) tous les éléments en jeu pour être sûr de ne pas en oublier.

En procédant de la sorte, la raison peut éliminer non seulement les fausses croyances, mais encore tous les préjugés, puisque aucune chose ne sera tenue pour vraie à moins que l'en on n'ait examiné méthodiquement les raisons que l'on a de la tenir pour vraie. III.

Pour se délivrer du préjugé, il faut interroger les préjugés de la raison elle-même L'usage de la méthode telle que le met en place Descartes pour conduire la raison dans la recherche de la vérité, ne va pas jusqu'à remettre en cause la possibilité même pour la raison d'atteindre la vérité, quels que soient les objets qu'elle considère.

Or il peut s'agir là encore d'un préjugé fondamental, qu'il conviendrait de liquider à la racine, si l'on veut lutter contre les préjugés.

Mais il n'est pas nécessaire pour ce faire de procéder à la manière des Sceptiques, qui prônent une suspension du jugement.

Pour liquider ce préjugé, la raison peut elle-même examiner son propre pouvoir de connaître pour déterminer les objets qu'elle peut espérer connaître ou pas.

Dans la Critique de la raison pure, Kant explique que des objets métaphysiques comme Dieu ne sont pas accessibles à la raison, car cette dernière ne peut accéder à une véritable connaissance que dans le domaine de l'expérience.

En effet, selon Kant, toute connaissance véritable repose nécessairement sur deux facultés que sont l'entendement et la sensibilité.

L'entendement donne les concepts sous lesquels on peut unifier les intuitions fournies par la sensibilité.

Or les sujets métaphysiques comme Dieu se situent au-delà du domaine de l'expérience (parce que l'on ne peut pas avoir une intuition sensible de Dieu).

Dès lors on peut penser Dieu (réfléchir sur ce qui le caractérise), mais jamais le connaître (savoir avec certitude s'il existe ou pas).

La philosophie critique de Kant, consiste donc en un examen des pouvoirs de la raison par la raison elle-même.

Elle nous apprend que pour lutter contre les préjugés, la raison doit examiner son propre pouvoir de connaître, et se limiter elle-même (c'est-à-dire ne pas chercher à connaître ce qui dépasse le domaine des objets connaissables). Conclusion Lutter contre les préjugés est difficile parce que le propre du préjugé est de ne jamais se montrer pour ce qu'il est.

Pour y parvenir, on peut à la manière des sceptiques, déclarer qu'il est impossible d'accéder à une connaissance certaine (en effet si plus rien n'est tenu pour vrai, le préjugé devient impossible, puisqu'il consiste à tenir pour vrai sans examen préalable).

Mais cette thèse ne représente pas un gain véritable, puisque plus rien n'est alors véritablement connaissable avec certitude.

Il faut donc lui préférer la conduite méthodique de la raison, qui nous permet à la fois de nous délivrer du préjugé et d'atteindre une connaissance certaine.

Mais pour être véritablement efficace, cette méthode doit aller jusqu'à un examen critique par la raison de son propre pouvoir de connaître. Donc pour se délivrer du préjugé, la raison doit connaître sur quel domaine elle peut exercer son pouvoir sans risquer de se tromper, et ne pas s'aventurer au-delà.. »

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