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Qu'est ce qui rend un objet intéressant ?

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« Ce qui peut rendre un objet intéressant peut être de diverses natures : un objet peut être beau, insolite, rare, il peut avoir une valeur historique ou sentimentale.

Il peut être œuvre d'art, chef d'œuvre.

Il peut être au contraire insignifiant et être simplement utilitaire, remplaçable, sans âme, utilisé sans qu'on s'en rende compte.

Les objets intéressants ou qui tente de l'être font en sorte de n'être pas de simples instruments ou outils. Ce qui rend un objet intéressant, c'est quand cet objet est un œuvre d'art. Les objets qui relèvent de l'art sont ceux qu'on peut reconnaître comme tels, et qui méritent à son créateur d'être reconnu comme artiste.

Reconnus, l'un et l'autre, par l'opinion générale, elle-même orientée par le jugement de ceux qu'Aristote appelait les experts, que la sociologie contemporaine désigne, dans le champ culturel, comme instance légitime de légitimation (P.

Bourdieu).

Il faudra du temps pour que ce jugement soit contesté en dehors même du champ culturel, et autrement que dans les disputes académiques auxquelles se complaisent les instances légitimantes.

On se demandera pourquoi une œuvre est reconnue comme œuvre d'art, et parfois même donnée en exemple.

Sans doute parce qu'elle a subi victorieusement l'épreuve de la critique : elle satisfait aux normes qui prévalent, et qui constituent les critères de la beauté, car l'idée de beauté est encore une idée normative.

Ces règles, ce sont les experts académiciens, chefs d'école, princes qui les instaurent du haut de leur fauteuil ou de leur trône.

Mais pas arbitrairement : ces experts qui orientent l'opinion du public sont eux-mêmes orientés par elle ; plus exactement, ils sont sensibles au système des valeurs qui règne dans leur société et qui spécifie sa vision du monde.

Elle offre la possibilité d'un plaisir désintéressé comme le pense Kant.

On comprend comment un simple objet peut devenir œuvre d'art, mais n'est-ce pas là arbitraire ? L'art contemporain et un certain relativisme artistique ne permettent plus de donner des critères stables et satisfaisant pour déterminer ce que pourrait être un objet intéressant. 2) L'arbitraire de l'intérêt que l'on porte aux objets. Jacques Hainard, lorsqu'il succéda en 1980 à Jean Gabus à la tête du musée d'Ethnographie de Neuchâtel.

Et quand, à l'occasion de l'exposition Objets prétextes, objets manipulés, en 1985, il lança la fameuse formule : « L'objet n'est la vérité de rien du tout.

Polyfonctionnel d'abord, polysémique ensuite, il ne prend de sens que mis dans un contexte.

[...] Au début, certes, il faut nommer l'objet pour qu'il existe ; mais l'objet existant, l'expert, le spécialiste, celui “qui sait”, décrète que tel objet est bon ou mauvais, beau ou laid, que tel objet est faux ou vrai, qu'il vaut tant ou ne vaut rien » (1985).

Tout le monde manipule, et tout le monde est à même de produire des détournements de sens ! « Dès lors, renchérit Jacques Hainard, l'objet précieux ou banal peut être soumis à une lecture autre, à un questionnement qui lui redonne du sens en l'inscrivant dans un univers autre que celui qui oppose le beau à la laideur, l'art à ce qui ne l'est pas.

[...] Une muséologie de la rupture offre à tous ceux qui regardent des objets la possibilité d'investir leur savoir et d'être incités par irradiation à la relativisation » (Pour une muséologie de la rupture, 1986). 3) Le regard de l'artiste rend un objet intéressant. Les artistes eux-mêmes ne rendent pas forcément les objets quotidiens en les produisant eux-mêmes par le biais du design, mais en donnant aux objets déjà existants une autre signification, en les sortant de leur contexte, en en révélant la beauté, une beauté trop souvent ignoré.

Notre regard sur les objets quotidiens subit une véritable conversion.

Les premières œuvres de Marcel Duchamp qui ont marqué ont été les ready-Made, véritable objet de la vie quotidienne récupérés, et simplement décontextualisés et élevées au rang d'œuvre d'art.

Un porte-bouteille, une roue de vélo, un bidet.

On peut imaginer que par là s'amorce une rupture avec toute définition traditionnelle de l'art, de l'art conçu comme un objet, un artefact conçu des mains de l'artiste, de l'art comme création.

La récupération amorcée par les Nouveaux Réalistes et dans un forme différente par le pop art laisse imaginer que tout peut rentrer dans le domaine de l'art, qu'il n'y plus de critère discriminant pour rejeter une œuvre hors de l'art.

Des artistes comme Arman, César reprend des éléments de la vie quotidienne dans des compressions, des réarrangements avec notamment des poubelles, des déchets, des voitures.

Le pop art par le biais de Wahrol fait rentrer des boites de conserve, d'emballage dans le domaine de l'art.

Aussi, c'est le regard de l'artiste qui fait d'un objet quelque chose d'artistique, qu'il lui donne une signification.

Ainsi n'importe quel objet vu par un photographe peut devenir artistique, comme chacun selon Wahrol peut avoir son quart d'heure de célébrité.

Tout est nivelé, il n'y a plus de supériorité de objets sur les autres au risque de l'insignifiance.

La distinction entre l'art et les objets quelconque semble bien mince.

Un simple changement de contexte suffit, mais sinon la différence peut être imperceptible.

Ainsi ce qui rend esthétique un objet est sa simple transposition dans l'univers de l'art. Conclusion Ce qui rend un objet intéressant, ce ne sont pas forcément des facteurs intrinsèques à l'œuvre mais surtout le regard que l'homme porte sur cet objet, qui entre guillemet « décrète » qu'un objet est intéressant et le hausse à une autre sphère de signification, en le sortant de la quotidienneté et de l'insignifiant.

Les critères pour repérer une œuvre d'art d'un objet ordinaire n'ont plus cours à l'heure de l'art contemporain.. »

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