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Qu'est-ce qui différencie la notion de "République" de la notion de "démocratie" ?

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« La République, qui signifie la res publica ou chose publique, désigne l'objet et la fin du politique comme bien commun. De là une incertitude qui l'affecte dans sa définition même : on désigne cet objet comme « bien commun » ou « bien vivre „ (Aristote par exemple).

Mais diverses interprétations du bien vivre sont possibles.

De plus, la République ne dit pas quelle est la forme de souveraineté la meilleure, c'est-à-dire la plus apte à réaliser le bien vivre.

La République désigne plutôt une essence du pouvoir qu'une forme précise de son exercice, puisqu'elle ne dit pas qui doit assurer cet exercice du pouvoir politique.

Une monarchie ou une aristocratie peuvent être républicaines, en ce qu'elles ont pour objet le bien commun, objet de la vie civile, le bien vivre.

En ce sens, la République est l'essence même de tout gouvernement qui vise le bien vivre.

Par opposition, la Démocratie, qui signifie le pouvoir du peuple (en ce sens qu'il lui appartient), désigne le détenteur du pouvoir politique, celui qui l'exerce.

Elle répond ainsi à la question : qui gouverne ? Par conséquent, un gouvernement peut être républicain sans être démocratique.

Se pose alors la question de savoir si la République a nécessairement besoin de la Démocratie pour être réalisée : s'agit-il de la forme de souveraineté qui lui convient le mieux ? Il est nécessaire, pour pouvoir répondre à cette question, de bien considérer la différence de plans sur lesquels se situent les deux concepts.

L'un concerne la puissance publique de l'État, l'autre le rapport de l'individu et du citoyen à l'État.

Dans une Démocratie, en effet, la question des droits du citoyen est centrale, alors que la République est d'abord une manière de penser et de mettre en place l'action de l'État et sa fin présumée. Introduction : Entre la République et la démocratie nous avons actuellement tendance à ne faire aucune différence dans la mesure où nous vivons dans une république démocratique.

En ce sens, nous avons tendance à réduire l'une à l'autre ou à les confondre.

Pourtant la forme même adjectivale nous indique justement qu'il existe justement une distinction.

Mais laquelle ? C'est bien là l'objet de toute l'attention du sujet.

La tâche semble devoir se définir alors comme une approche définitionnelle à travers laquelle il s'agira de spécifier chacune des notions de République et de démocratie avant de saisir la ligne de démarcation entre les deux.

Si la République est la chose publique et que la démocratie est le pouvoir au peuple (demos-cratrein) quel lien entre les deux ? En ce sens s'il y a bien une différence de nature notamment au sujet de la souveraineté (1ère partie), la différence apparaît souvent atténuée voire les termes peuvent être interchangeable (2nd partie), malgré leur irréductibilité (3ème partie). I – Différence de nature a) Le terme de république connaît une émergence notable dans trois textes : la République de Platon, la Politique d'Aristote, et la République de Cicéron.

Nous choisissons volontairement ici Aristote.

En effet, dans la Politique, Aristote définit la république comme la société qui a pour but le bien vivre commum, c'est-à-dire le bien commun, le bien de tous entendu comme l'intérêt général.

La loi est la force d'autorité qui s'exerce sur des individus libres.

Dès lors la République se comprend comme une institution civile à l'opposé de la société despotique.

En effet, cette dernière ne vise que l'intérêt privé et l'autorité n'est autorisée que par la soumission et l'assujettissement des individus : « Tout État est évidemment une association; et toute association ne se forme qu'en vue de quelque bien, puisque les hommes, quels qu'ils soient, ne font jamais rien qu'en vue de ce qui leur paraît être bon. Evidemment toutes les associations visent à un bien d'une certaine espèce, et le plus important de tous les biens doit être l'objet de la plus importante des associations, de celle qui renferme toutes les autres; et celle-là, on la nomme précisément État et association politique » (Politique, I, 1). b) La démocratie quant à elle peut se définir chez Aristote comme la définition de la souveraineté.

En effet, la question de la démocratie est celle du gouvernement.

De ce point de vue, on peut dire alors que l'opposition entre République et démocratie n'a pas lieu puisqu'elle revient à deux moments différents de la définition d'une société : le cadre institutionnel et la forme de l'autorité souveraine.

De ce point de vue, on peut dire que Aristote reste fidèle à Platon.

En effet, on peut distinguer trois types de gouvernements : monarchique si l'on considère que la souveraineté est le fait d'un seul homme, donc porté vers l'intérêt privé ; aristocratique s'il s'agit des meilleurs des citoyens ; enfin le gouvernement représentatif (la démocratie étant alors un déviation de ce dernier comme le montre la Politique).

La démocratie répond donc à la question de l'identité des détenteurs de l'autorité politique : le gouvernement : « Quand on étudie la nature et l'espèce particulière des gouvernements divers, la première des questions, c'est de savoir ce qu'on entend par l'État.

Dans le langage vulgaire, ce mot est fort équivoque; et tel acte pour les uns émane de l'Etat, qui pour les autres n'est que l'acte d'une minorité oligarchique ou d'un tyran. Pourtant l'homme politique et le législateur ont uniquement l'Etat en vue dans tous leurs travaux; et le gouvernement n'est qu'une certaine organisation imposée à tous les membres de l'Etat.

(Politique livre III) […]La constitution est ce qui détermine dans l'Etat l'organisation régulière de toutes les magistratures, mais surtout de la magistrature souveraine; et le souverain de la cité, c'est en tous lieux le gouvernement.

Le gouvernement est la constitution même.

Je m'explique: par exemple, dans les démocraties, c'est le peuple qui est souverain; dans les oligarchies, au contraire, c'est la minorité composée des riches; aussi dit-on que les constitutions de la démocratie et de l'oligarchie sont essentiellement différentes, et nous appliquerons les mêmes distinctions à toutes les autres.

» (Politique, Livre IV, I). c) Cependant, si une difficulté persiste dans la compréhension de la différence entre la République et la démocratie c'est bien que chez les auteurs les eux-mêmes utilisent de manière différentes, l'un pour l'autre.

C'est bien ce que l'on peut voir entre Montesquieu dans De l'esprit des lois et Rousseau dans le Contrat social.

En effet si le premier oppose ou distingue entre le gouvernement républicain, le gouvernement monarchique et le gouvernement. »

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