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Qu'est-ce que vivre ?

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« Introduction La vie caractérise l'ensemble des phénomènes de toute sorte qui, pour les êtres ayant un degré suffisamment élevé d'organisation, s'étendent de la naissance jusqu'à la mort.

Pascal dira que « La vie de l'homme est misérablement courte.

On la compte depuis la première entrée dans le monde ; pour moi je ne voudrais la compter que depuis la naissance de la raison, etc.

» (Discours sur les passions de l'amour).

On comprend ainsi que la vie ne peut être limitée à un processus bio-organique, et qu'en effet vivre suppose aussi une conscience qui pense la vie, une raison, comme le souligne Pascal, permettant de se comprendre comme être faisant face au monde, et n'étant pas simplement dans le monde (comme l'animal).

Vivre désigne ainsi l'individu, son histoire, et son rapport fondamental à la radicalité de sa propre finitude, de sa propre mort.

Mais le sujet pensant, qui ne peut s'en tenir à une conceptualisation de lui-même, peut-il se comprendre (ou se sentir) totalement en tant qu'être vivant ? I.

Du biologique à l'existence a.

La vie, à défaut d'être scientifiquement comprise, s'est vue être enrobée de belles explications ou métaphores poétiques.

Le mystère a beaucoup éclipsé la rigueur scientifique.

Diderot en donnera l'exemple dans un texte où la rêverie sert de guide au récit des transformations successives de l'œuf en être vivant (Entretiens avec d'Alembert et Diderot, 1769, GF, p.

51-53).

L'analyse objective se trouve ainsi vite déblayée.

Foucault estime quant à lui que « jusqu'à la fin du 18 e […] la vie n'existe pas […] mais seulement les êtres vivants », que l'on sait classer, décrire et observer, mais sans comprendre la spécificité interne de ces actes (Les mots et les choses, Gall, p.

173-174).

Tous les êtres vivants ont deux aptitudes essentielles : Relation constante avec un milieu extérieur où ils se nourrissent et se développent, et capacité de se reproduire entre eux.

Ce sont deux conditions nécessaires, non seulement pour l'existence, mais aussi pour la permanence de la vie.

Mais quand l'homme se mêle au milieu, il transforme le naturel en artificiel, d'où l'exemple de Canguilhem, dans La connaissance de la vie, d'un mendiant heurtant un hérisson écrasé sur la route, épisode de l'Electre de Giraudoux.

La route est faite par l'homme, elle traverse le milieu du hérisson.

C'est donc moins l'hérisson qui traverse la route que l'inverse.

La vie aussi est création.

On définit l'organisme comme un système existant par soi, dont tous les éléments ou organes sont interdépendants.

L'être vivant est apte à l'autoconstruction, l'autoconservation, l'autorégulation, et l'autoréparation (voir Comte, Cours de philosophie positive, 40e leçon).

Ces principales fonctions, quand elles sont remplies, font qu'un être est vivant, d'où la célèbre formule de Bichat qui, en 1800, définit la « vie » comme « l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort ». Chirurgien militaire, puis professeur, Bichat fait partie d'un courant de pensée appelé "vitalisme".

Pour aller à l'essentiel, on peut dire que le vitalisme considère que le vivant possède des caractéristiques spécifiques et irréductibles à une approche simplement mécanique ou physico-chimique.

Par ailleurs, il postule que la vie s'inscrit dans une lutte permanente contre les lois physiques qui ne tendent naturellement ni à l'équilibrer, ni à la préserver mais à la détruire.

C'est précisément cette dimension qui est évoquée dans la citation puisque la vie y est définie dans son opposition avec son contraire : la mort.

Derrière une définition apparemment simpliste (la vie c'est tout ce qui résiste à la mort), Bichat nous permet de comprendre que la vie est "un ensemble de fonctions" qui s'opposent à l'inertie du monde de la matière.

La nutrition, la reproduction, la respiration, les échanges entre organes, les défenses immunitaires etc.

constituent autant de "phénomènes de vie", si l'on peut dire, et grâce à eux, la vie perdure dans un environnement matériel hostile et foncièrement étranger.

Bichat distingue deux sources d'agression, renvoyant à des conditions externes et internes au vivant.

Les premières sont liées aux stimuli de tous ordres qui contraignent l'organisme à s'adapter à son milieu, lequel tend à le faire mourir sans cette adaptation (Bichat parle de "principe de réaction").

Les secondes résultent des forces physiques internes à la matière organique et qui convergent vers sa décomposition.

Dans ces conditions, la mort apparaît bien sûr comme l'autre du vivant, mais aussi comme ce contre quoi le vivant se détermine : vie et mort sont deux forces contradictoires, continuellement en tension.

Mais qu'est-ce qui fait la spécificité de la vie à l'égard de la matière inanimée ? b.

Mais seul l'homme, à côté de son inhérence biologique qu'il partage avec tous les êtres vivants, est conscient de sa vie, et par extension de son existence en tant qu'il se dresse devant l'autre : « Excepté l'homme, aucun être ne s'étonne de sa propre existence ; c'est pour tous une chose si naturelle, qu'ils ne la remarquent même pas » (Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, 1818).

L'homme s'éveille à la réflexion, et sa raison « s'étonne de ses propres œuvres et se demande à elle-même ce qu'elle est ».

Ainsi vivre oblige pour un être conscient à se confronter à la mort, à la « misère de la vie » : « Si notre vie était infinie et sans douleur, il n'arriverait à personne de se demander pourquoi le monde existe, et pourquoi il a précisément telle nature particulière ; mais toutes choses se comprendraient d'elles-mêmes » (ibid.).

Dès lors vivre engage chez l'homme une réflexion sur son existence.

Et le rapport fondamental à l'autre reposera la vie dans ses limites, en tant qu'une lutte à mort pour la reconnaissance laisse un vaincu qui tremblera de tout son être devant l'autre, et préférera conserver la vie et servir l'autre, plutôt que d'aller à la mort sans considération de l'unité de soi (cf.

Hegel, Phénoménologie de l'esprit, IV ; ou mieux, A.

Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, « En guise d'introduction). II.

Le fait de vivre est premier a.

L'homme, tel que le conçoit l'existentialiste, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

Il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait.

Ainsi, il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la. »

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