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Qu'est ce que penser librement ?

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« Il semble, lorsque nous pensons, que nos pensées ne soient qu'à nous.

Personne n'y a accès, personne ne peut vérifier que je dis bien ce que je pense.

C'est d'ailleurs cela qui permet le mensonge.

Les pensées nous sont purement intrinsèques.

Nous en sommes seuls maîtres, personne ne peut les contrôler, ni me dire quoi penser.

L'acte de penser semble donc être absolument libre, car ne dépendant que de moi.

Mais qu'est-ce que la liberté ? Est-ce ce qui est tout à fait indépendant, ou bien ce qui est autonome, ou enfin ce qui, simplement, ne rencontre pas d'obstacle ? La question se pose en effet, car lors de la propagande nazie, les Allemands avaient sans doute l'impression de penser par eux-même et que leurs pensées étaient tout à fait indépendantes d'autrui, mais pourtant, ils subissaient un matraquage intellectuel.

Leurs pensées ne provenaient pas d'eux, mais étaient sous l'influence du régime.

Mais alors, qu'est-ce que penser librement ? A quel moment ma pensée est-elle libre ? Et qu'est-ce qui me permet d'affirmer sa liberté ou de m'en rendre compte ? I. Penser librement, c'est penser ce que l'on veut, quand on le veut. L'on pourrait concevoir la liberté, comme les surréalistes le faisaient dans leurs cadavres exquis, c'est-à-dire comme l'absence d'obstacle.

Ainsi je pense librement, parce que rien ne m'empêche de penser ce que je veux quand je le veux.

Il n'y a donc aucune logique, ni aucune norme, ni enfin aucune directive si ce n'est intrinsèque.

Freud utilisa la même méthode lors du travail psychanalytique : l'association libre d'idée.

Le patient faisant son analyse devait parler, et laisser libre cours à ses idées.

L'analyste ne disait rien, mais réfléchissait sur cette pensée libre du patient. Penser librement serait donc laisser vagabonder son esprit.

Dans le cas de l'analyse psychanalytique, non seulement nous avons le témoignage d'une pensée libre, mais en plus, nous assistons à une libération de la pensée enfermée dans l'inconscient.

Toutefois cette pensée libre pose problème.

Tout d'abord parce que ce type de fonctionnement de la pensée n'est effectif que dans un cadre individuel, mais ne s'adapte pas du tout à la vie en société.

En effet un excès de liberté devient une agression pour autrui.

Penser ce que l'on veut quand on veut ou faire ce que l'on veut quand on veut, n'est possible que dans l'état de nature dans lequel a cours un système individuel.

Il est donc nécessaire pour que la liberté soit telle, qu'elle soit bornée.

Comment savoir, puisqu'il y a des bornes régulatrices, quand je pense librement ? Qu'est-ce qui rend, au sein de ses bornes, la pensée libre ? II. Pour savoir si une pensée est libre, il faut observer sur quelle action elle débouche. Kant explique que penser librement conduit au devoir moral.

La pensée est libre et autonome lorsqu'elle débouche sur ce qui doit être voulu.

C'est donc en tant qu'elle correspond au devoir moral, que la pensée est libre.

Ce qui doit être voulu correspond à l'impératif catégorique de Kant : universalise la maxime de ton action.

Ainsi, si je me demande si je dois mentir ; j'universalise la maxime de mon action : que se passerait-il si tout le monde mentait ? Alors il n'y aurait plus ni vérité, ni mensonge, mais un doute perpétuel et la société humaine se désagrègerait, car il n'y aurait plus de confiance possible.

Je ne dois donc pas mentir, puisque cela débouche sur la fin de l'humanité. Voilà une pensée libre, car autonome : elle se donne à elle-même sa propre loi.

Mais même cette conception de la pensée libre pose problème, car elle suppose que tous les hommes qui voudraient penser librement aient la même pensée.

Mais comment peut-on être sûr de penser librement si l'on pense comme tout le monde ? III. Penser librement est-ce penser comme autrui ou différemment de lui ? Alain, dans Propos sur l'éducation explique que la pensée libre est celle qui résiste à l'opinion dominante de manière justifiée.

La pensée libre, n'est pas la pensée complètement coupée d'autrui qui évolue comme si elle était seule, ni celle qui, pour être libre, devrait répondre à des critères moraux, mais c'est la pensée réfléchie qui se justifie.

Elle peut donc correspondre aux idées d'autrui, comme aller à contre-courant.

Il faut, pour penser librement faire l'effort d'une pensée individuelle qui prenne en compte autrui.

L'on pense librement lorsque l'on pense par soi-même.

Ainsi, c'est parce que lors de la seconde guerre mondiale, certains ont pensé par eux-même, c'est-à-dire ne se sont pas laissés influencer par la propagande, mais ont réfléchis à l'idéologie nazie et ont jugés que c'était inadmissible, qu'il y a eu des rébellions et que des hommes ont été sauvés.

Ils sont alors devenus des résistants et des représentants de la pensée libre. Conclusion : - La pensée libre n'est pas une pensée dépendante exclusivement de notre bon vouloir, et qui ne prendrait en compte que notre intérêt personnel et individuel. Penser librement, n'est pas non plus uniquement faire correspondre par la réflexion ses actions à la morale. Penser librement, c'est penser par soi-même : faire l'effort d'une réflexion individuelle capable de s'extraire de la masse d'individus que représente Autrui, sans forcément lui nuire.. »

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