Qu'est-ce que le devoir ?
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«
Qu'est-ce que le devoir ?
Analyse :
Dans son origine étymologique, le devoir renvoie au latin « debere » qui signifie « avoir quelque chose en le tenant
de quelqu'un ».
Servons-nous de cette définition, non pour commencer une énumération des différentes significations du devoir que
le développement viendrait agrémenter d'exemples et d'arguments (ce n'est pas l'objet du discours philosophique),
mais pour construire un rapport logique entre notions.
Ce préalable est nécessaire pour « risquer » une problématique sans laquelle vous ne pourrez penser par vousmême.
Si on développe la signification de l'étymologie, on doit associer le devoir à la dette.
« avoir quelque chose en le
tenant de quelqu'un », c'est lui être redevable.
Cela enrichit la notion du devoir par celle d'autorité qui s'impose au
sujet moral.
En synthétisant ces remarques, on peut affirmer que le devoir s'impose à un sujet moral au nom d'une autorité tout
en s'adressant à une personne.
Trois notions sont alors dégagées et doivent être développées en confrontant des distinctions conceptuelles :
• sujet moral : contrainte / obligation
• autorité : légalité / légitimité
• personne : communauté / idée d'humanité
Problématique :
Le devoir qui s'impose au sujet moral n'est-il pas qu'une contrainte s'opposant à la liberté ? Ne permet-il pas plutôt
d'arracher chacun à sa dimension sensible, particulière et repliée sur elle-même ? Enfin, le sens le plus fondamental
du devoir n'est-il pas d'élever l'être humain à l'idée d'humanité ?
Plan :
1-Le devoir s'impose à nous, non comme une contrainte, mais comme une obligation.
• Si une action implique un élément étranger à la volonté, elle ne peut être faite par devoir.
Mais qu'est-ce qui est
étranger à la volonté ?
• Dans sa dimension naturelle, la volonté conclut de sa force à un droit d'appropriation.
Me promenant dans la
campagne, je tombe sur des mûres sauvages.
Puisque j'ai les moyens physiques de m'en saisir, j'en ai le droit.
• Mais cette conclusion de la force au droit trouve ses limites dès que l'homme entre en société.
Si naturellement
l'exercice de ma force fait mon droit, il est inadmissible que socialement la soumission à une force m'impose un
devoir.
Dans le Contrat social, Rousseau illustre les limites du droit du plus fort en
évoquant cette figure du brigand désireux de détrousser un homme.
Qu'il
exerce sa force pour me contraindre à me soumettre ne signifie pas que j'en
ai le devoir.
Le problème à résoudre est le suivant : "le plus fort n'est jamais assez fort
pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et
l'obéissance en devoir".
Existe-t-il réellement un droit du plus fort, et la force
est-elle un principe suffisant pour fonder le droit ? S'il est vrai que dans la
nature règne la force, il n'est pas vrai que le plus fort reste longtemps le
maître : les forces y sont perpétuellement en conflit, et l'issue est incertaine.
De plus, la puissance physique engendre une contrainte physique et non point
morale.
Il n'est jamais interdit de désobéir à la force sitôt qu'on le peut.
Le
droit du plus fort n'engendre pas le devoir d'obéissance.
"Sitôt que c'est la
force qui fait le droit, l'effet change avec la cause; toute force qui surmonte
la première succède à son droit." Il suffit d'échapper à la force pour en avoir
le droit, puisque, selon ce principe, le plus fort a toujours raison.
Un droit qui
disparaît sitôt que s'éclipse la force n'est pas un droit, c'est un fait.
Il s'ensuit
qu'aucune justice, aucune loi, aucune légitimité ne peuvent être fondées sur
la force.
• Si la force physique et le devoir sont dans un rapport d'exclusion, je ne.
»
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