Qu'est ce que l'argent?
Extrait du document
«
L'argent c'est d'abord et avant tout cet élément métallique de numéro atomique (Z=47) et de masse atomique (107, 87) et de
symbole dans la table de Mendeleïev Ag.
: Métal blanc et brillant, inoxydable, mais dont les sels noircissent à la lumière.
Bref, un métal
précieux avec lequel on faisait des pièces de monnaie, des médailles…etc.
Reste que le sens le plus couramment utiliser est celui
associée à la monnaie : « donne moi de l'argent… » ou « Rend moi la monnaie… ».
Mais qu'est-ce que l'argent ? Par cette question, nous cherchons à définir l'essence même de ce qu'est l'argent : l'argent n'est-il
seulement que quelques pièces de monnaie dans un porte-monnaie ou une certaine somme sur un compte bancaire ? Ou est-il bien
plus que cela : un moyen comme un autre d'échanger, et donc de s'enrichir, un moyen comme un autre de se libérer et de devenir
indépendant ? Un moyen ou une fin ? Ou les deux.
I.
C'est la monnaie : un moyen d'échange.
L'argent c'est de la monnaie : c'est une valeur d'échange, une valeur particulière qui me permet si j'en possède suffisamment de
posséder, par exemple, cette paire de chaussure qui coûte 40 euros.
L'argent dépasse le mode archaïque d'échange qu'était le troc : l'échange supposait que l'on s'échange un objet contre un autre objet
qui soit différent du premier (un chou contre une botte de poireaux par exemple).
A quoi bon s'échanger deux objets identiques ?
Aucun intérêt.
L'échange ou le troc suppose, malgré l'échange de deux objets différents, que ces deux objets soient de valeur
équivalente : suppose l'échange réciproque de deux objets ayant la même valeur.
Ce qui différencie le troc de ce que l'on pourrait nommer l'achat : c'est que l'argent fixe le prix, la valeur de l'objet que je veux
posséder (soit 40 euros pour cette paire de chaussure ou 3 euros le chou, par exemple).
Même si le prix de certains biens de
consommation peut paraître aberrant.
Nous n'échangeons donc plus un objet contre un autre (qui lui soit différent mais de valeur
identique) mais nous échangeons un certain objet contre une certaine somme d'argent (vente) ou alors inversement (achat).
L'argent c'est un moyen de s'octroyer des biens de consommation courante : de subvenir à ses besoins naturels et nécessaires (tout le
monde ne fait pas de jardin, ni n'élève de poules alors il faut bien aller au supermarché, à l'épicerie…pour acheter de quoi se nourrir,
se vêtir).
Et toutes sortes d'autres besoins que l'on pourrait qualifier, à l'instar de la classification d'Épicure : après les besoins
nécessaires et naturels, les besoins naturels et non nécessaires (achat de produits dans des épiceries fines et de vins hors de prix…) et
les besoins qui ne sont ni naturels ni nécessaires (les produits de grand luxe…).
II.
C'est l'instrument de ma liberté : un moyen de m'affranchir des autres.
« L'argent qu'on possède est l'instrument de la liberté ; celui qu'on pourchasse est celui de la servitude.
» Rousseau distingue donc
l'argent possédé et l'argent pourchassé : l'un est facteur de liberté, le second est facteur de servitude (Voir 3éme partie pour ce
second point).
L'argent que je possède me permet de m'affranchir de certaines contraintes : comme le travail, le temps, les
nécessités de la vie.
Avoir du bien, pouvoir s'offrir des esclaves qui travaillent à notre place, c'est-à-dire qui assument à notre place cette part animale
en l'homme qui fait que nous sommes rivés à des besoins vitaux, c'est donc la condition de l'homme libre : l'argent m'est précieux
que dans la mesure où il permet de disposer librement de son temps, bien le plus précieux de la vie humaine (Sénèque).
L'oisif est
celui qui peut se permettre, par les biens possédés ou hérités de ses aïeux, de contempler, de participer pleinement à la vie
politique de la Cité.
(Cf.
: Condition de l'homme moderne d'Hannah Arendt)
C'est aussi l'instrument de ma liberté, ou plutôt de mon indépendance que de gagner de l'argent, certes en travaillant (sorte de
servitude face au temps) : travailler pour gagner de l'argent, pour « en avoir pour son argent », c'est-à-dire être bien récompensé
pour notre peine.
« Toute peine mérite salaire.
» Recevoir une certaine somme d'argent pour un service rendu, pour un travail…etc.
C'est le revers de la médaille et c'est paradoxal aussi : l'argent permet à la fois de se libérer de certaines contraintes (avoir des
esclaves, ou des personnes sous nos ordres pour accomplir certains actes : ménage…etc.) tout en étant attaché à la valeur du
travail.
le travail permet l'obtention d'un certain revenu qui permet la possession d'un certain nombre de biens (quels qu'ils soient).
III.
Les effets pervers de l'argent : privilégier l'acquisition de capital au détriment du facteur humain.
Mais comme toute possession, car l'argent est une possession : elle a ses perversion.
Par exemple : l'avare qui se garde bien de
distribuer une partie de son capitale à autrui, et ce même à certains membres de sa famille, préférant le garder pour lui-même.
Ou
le dépensier qui a tendance à tout redistribuer, à tout donner, à tout acheter, et ce au détriment du capital de départ.
Entre l'avare
qui garde tout son argent pour lui de peur, peut-être d'en manquer, et le dépensier qui a tendance à tout disperser.
L'argent permet l'acquisition de biens de production : la tendance du moment est, pour les propriétaires des entreprises et leurs
actionnaires, d'amasser le plus d'argent possible.
Comment le faire ? Réduire les coûts de production, et donc la main d'œuvre.
Acquérir, pourchasser de l'argent…est de l'ordre de la servitude : toujours à la recherche d'argent, l'acquisition de plus en plus
d'argent au détriment de l'individu, de celui qui travaille pour le propriétaire des biens de production.
L'argent devient un facteur
économique qui dépasse de loin le facteur humain : le privilège est accordé au pouvoir de l'argent.
Conclusion : Nous avons tenté dans ce développement de déterminer, de définir ce qu'est l'argent : son essence, sa nature.
Et ce,
sous trois aspects : l'aspect consumériste de l'argent (échange d'argent contre bien de consommation) ; l'aspect libérateur
(indépendance, travail, même si celui-ci a une valeur négative, puisque l'on perd son temps à travailler tout en gagnant les moyens
de se libérer) ; et enfin, sous l'aspect pervers de l'argent (les dérives dues à la possession de l'argent).
L'argent c'est donc un moyen en vue d'une autre fin que sa simple possession : c'est un tremplin pour consommer et subvenir à nos
besoins en nourriture…etc.
mais aussi un tremplin pour acquérir une certaine indépendance, même si l'argent dépend dans une
certaine mesure du travail accompli.
C'est aussi une fin : et là intervient justement ses effets pervers.
L'avare et le dépensier ont des rapports pervertis par l'argent :
l'un le garde pour lui et l'autre le disperse à tout va.
La poursuite de l'argent se fait au détriment du facteur humain : la production
nécessite une certaine main d'œuvre et la hausse du capital dépend de la hausse de la production mais aussi de la demande.
Comment réduire les coûts de productions ? Si ce n'est en « éliminant » le facteur humain.
Ambivalence de l'argent qui est à la fois un libérateur mais aussi un facteur de servitude : l'un ne va pas sans l'autre..
»
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